La justice argentine a frappé un nouveau coup dans la lutte contre la corruption en ordonnant la saisie de biens immobiliers et d’actifs d’une valeur totale de 480 millions de dollars appartenant à l’ex-présidente Cristina Kirchner, à sa famille et à plusieurs co-condamnés.
Cette décision fait suite à la condamnation de la dirigeante péroniste dans l’affaire dite « Vialidad », liée à des irrégularités dans l’attribution de marchés publics durant les mandats de Néstor Kirchner et de sa veuve Cristina, entre 2003 et 2015.
Le tribunal fédéral de Buenos Aires a confirmé mardi soir la saisie de plus d’une centaine de biens, pour un montant global de 685 milliards de pesos, dans le cadre d’une procédure de réparation visant à restituer à l’État les ressources détournées et à compenser les dommages subis par la société.
Les propriétés visées incluent vingt biens appartenant à la famille Kirchner, dont un au nom de Cristina elle-même et dix-neuf cédés à ses enfants, Máximo et Florencia.
À cela s’ajoutent des actifs détenus par d’autres co-condamnés, parmi lesquels l’entrepreneur Lazaro Báez, dont plus de 80 biens sont concernés par cette mesure judiciaire.
Au total, neuf personnes avaient été reconnues coupables dans ce dossier, comprenant d’anciens ministres, des fonctionnaires et des entrepreneurs impliqués dans des détournements de fonds liés à des chantiers publics dans la province de Santa Cruz, fief politique historique du couple Kirchner.
L’ex-présidente a été condamnée fin 2022 à six ans de prison et à l’inéligibilité à vie, verdict confirmé par la Cour suprême en juin dernier.
En raison de son âge, 72 ans, elle purgera sa peine à domicile, sous surveillance électronique, dans son appartement de Buenos Aires.
Le tribunal a justifié ces saisies en soulignant que les biens visés constituaient le produit des délits commis, et que leur confiscation visait à restituer à l’État ce qui lui revenait de droit, tout en réparant les préjudices matériels et symboliques infligés à la société.
Cette décision fait suite à une première injonction judiciaire, prononcée en juillet dernier, qui imposait aux accusés de verser solidairement des dommages et intérêts à l’État.
Celle-ci n’ayant pas été exécutée, la justice a décidé de passer à l’étape suivante en procédant à la saisie effective des biens.
Cristina Kirchner, vice-présidente de l’Argentine jusqu’en 2023, reste au cœur de plusieurs enquêtes et procès pour corruption.
Depuis début novembre, elle est également l’accusée principale dans un gigantesque procès portant sur de présumés pots-de-vin entre entreprises et politiciens, couvrant la période 2003–2015.
Ce méga-procès implique 87 prévenus et plusieurs centaines de témoins et devrait s’étendre au-delà de 2026.
Les experts et observateurs argentins soulignent que cette mesure judiciaire illustre la détermination de la justice à appliquer la loi, quels que soient les statuts ou les fonctions politiques des personnes impliquées.
La saisie des biens représente également un signal fort adressé à l’ensemble des acteurs économiques et politiques, rappelant que la lutte contre la corruption est une priorité nationale, essentielle pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
Au-delà de son impact immédiat sur la famille Kirchner et ses co-condamnés, cette décision aura des répercussions sur le système économique et politique argentin.
Elle illustre la complexité des affaires de corruption à grande échelle, où l’articulation entre la justice, l’État et les mécanismes financiers est essentielle pour garantir la transparence et l’équité.
Alors que le pays continue de se remettre des conséquences économiques et sociales de décennies de malversations politiques, la saisie de biens et d’actifs constitue un acte symbolique et concret, destiné à rétablir l’intégrité de l’administration publique et à envoyer un message clair sur la responsabilité des dirigeants devant la loi.
La justice argentine, en frappant aussi haut dans la hiérarchie politique, montre sa capacité à poursuivre des dossiers sensibles et à prendre des décisions lourdes de conséquences, tout en respectant les procédures légales et les droits des parties impliquées.
Cette affaire restera un jalon dans l’histoire judiciaire de l’Argentine, à la fois pour sa dimension politique et pour son rôle dans le renforcement de la lutte contre la corruption à grande échelle.
R.I
