Les monuments commémoratifs de la wilaya de Blida, érigés en hommage aux chouhada de la Révolution, ne sont pas de simples pierres silencieuses, mais de véritables pages vivantes de l’histoire, sur lesquelles sont gravés les noms d’hommes et de femmes qui ont écrit, de leur sang, les chapitres de la liberté.
Témoins du passé, ces monuments perpétuent la mémoire et transmettent l’héritage aux générations futures. Présents dans chaque commune de la wilaya, ces édifices, anciens ou récents, se dressent comme des gardiens de la Mémoire nationale.
Certains datent des premières années de l’indépendance, d’autres ont été réalisés conformément aux directives du ministère des Moudjahidine et des Ayants droit qui avait encouragé la construction de tels monuments dans les 25 communes de la wilaya afin de préserver l’histoire et de célébrer les dates historiques nationales et locales.
Blida compte en effet 74 monuments, stèles, fresques portant les noms de chouhada, sculptures commémoratives ou sites rappelant des batailles et des événements marquants. Certains sont bien conservés, d’autres sont en cours de restauration, tandis que de nouveaux monuments continuent d’être érigés, a indiqué à l’APS Naïma Belaarni, cadre au service du patrimoine historique et culturel de la direction des Moudjahidine.
Durant les cinq dernières années, une vingtaine de nouveaux monuments ont vu le jour, dont celui du centre-ville de Blida dédié au héros Djilali Bounaâma, chef de la wilaya historique IV, deux stèles commémoratives à Ouled Aïch et un nouveau monument commémorant les massacres de Khezrouna (1956) à Beni Merad, portant les noms de 13 chouhada. Plusieurs communes abritent également des « Places de Chouhada ».
D’autres localités, comme Hammam Melouane (bataille de Sebaghna), Guerrouaou (Chahid Mokhtar Kritli), ou encore Soumaâ, Mouzaïa, El-Affroun et Chiffa, abritent des fresques et monuments similaires qui sont de véritables livres ouverts rappelant les sacrifices des familles de la région pour la patrie.
Un habitant de Chiffa, où se dresse le monument de la bataille de « Ahl El Oued » (15 avril 1957), a confié qu’à chaque fois qu’il passe devant cette stèle, il ressent la présence des chouhada « qui nous rappellent que l’indépendance est une responsabilité à préserver. »
Selon Mme Belaarni, ces monuments historiques sont devenus, ces dernières années, des lieux de visite et de recueillement pour les citoyens, ainsi que des espaces d’éducation des jeunes aux valeurs de patriotisme et de sacrifice, dans le cadre de la préservation de la Mémoire nationale.
A chaque célébration nationale, ils accueillent des cérémonies de lever des couleurs et de dépôt de gerbes de fleurs, mêlant symboliquement la mémoire du passé à la détermination du présent.
Elle a souligné que ces monuments, désormais réalisés avec des techniques modernes, allient esthétique et symbolique. Ils ne se limitent pas à une oeuvre architecturale, mais véhiculent un message vivant rappelant aux jeunes leurs racines et leur histoire.
A son tour, l’enseignant en histoire à l’université Ali-Lounici de Blida, Mohamed Cherif Sidi Moussa, estime que ces monuments contribuent à renforcer l’identité nationale et la conscience historique des jeunes générations. Il les a qualifiés de « témoins éloquents » perpétuant la mémoire des hommes et des femmes qui ont sacrifié leur vie pour la patrie.
Il a également affirmé que ces monuments jouent un rôle essentiel dans la préservation de l’Algérie et de son patrimoine culturel, afin que les jeunes générations puissent en bénéficier et maintenir le lien avec leur passé commun. Il a cité, en exemple, le monument dédié à l’Emir Abdelkader et la place portant son nom dans la capitale russe, Moscou, inauguré par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, lors de sa visite en Russie.
De leur côté, des enseignants du CEM Chahid Boualem-Ouedfel à Larbaâ et de l’école Chahid Moussa-Kellouaz à Chréa ont indiqué qu’ils avaient, chaque année, pris l’habitude d’organiser avec leurs élèves des moments de recueillement devant les monuments dédiés à ces deux héros.
Ces initiatives visent à inculquer aux jeunes les valeurs de fierté identitaire et d’appartenance à la patrie, tout en maintenant vivante la mémoire révolutionnaire face aux défis contemporains, ont-ils souligné.
