L’éclairage solaire de l’autoroute Est-Ouest (longue d’environ 1200 km) est un projet ambitieux, mais parfaitement envisageable sur le plan technologique a indiqué Pr. Azzedine SOUDANI Directeur du Laboratoire de Physique Énergétique Appliquée (LPEA) Département de physique, Faculté des sciences de la Matière, Université de Batna 1
Le chercheur a expliqué que « pour fournir un éclairage public autonome et durable le long des 1200 km de l’autoroute Est-Ouest en utilisant l’énergie solaire photovoltaïque on aura besoin de quelque 40.000 lampadaires soit un lampadaire tous les 30 mètres (norme typique pour autoroute) , où chaque lampadaire doit assurer un niveau d’éclairement conforme aux normes (entre 20 à 50 lux sur chaussée)
Cet ambitieux projet est estimé entre 20 et 40 millions d’euros composé de panneaux solaire photovoltaïque (100 à 200 Wc selon la technologie et l’ensoleillement) y compris dune batterie lithium ou gel pour le stockage d’énergie pour suffire 2 à 3 nuits .Selon Pr. Soudani , en Algérie, l’irradiation moyenne est très favorable (5.5 à 6.5 kWh/m²/jour) soit un panneau de 150 Wc peut produire 600 Wh/jour, ce qui est suffisant pour alimenter un éclairage LED basse consommation pendant 10 à 12 heures.
Cependant fera t-il observer et comme chaque lampadaire est indépendant, le projet n’a nullemement besoin de câblage long ni de réseau électrique. Il suffit a-t-il estimé juste les fixations antivol et anti-vandalisme nécessaires rappelant que le prix moyen par lampadaire solaire autonome varie entre 500 et 1200 € selon la qualité.
L’impact et l’avantage de ce projet une fois concrétisé selon Pr Soudani visent la réduction des émissions de CO₂ , la réduction des coûts d’exploitation (pas de facture d’électricité) , la sécurité et la visibilité pour les usagers de cette autoroute ainsi que la réduction des accidents.
S’agissant de l’éclairage solaire notre interlocuteur a souligné que ce volet demeure un levier d’économie durable et l’un des attraits majeurs de l’éclairage public solaire réside dans sa capacité à réduire considérablement les coûts énergétiques sur le long terme. « Une fois installé, ce système fonctionne de manière autonome, avec peu de maintenance et zéro coût de consommation énergétique. Pour un pays comme l’Algérie, qui bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel (plus de 3000 heures/an), le déploiement massif de l’éclairage solaire représente une opportunité stratégique » a-t-il soulevé
Le but a-t-il enchaîné, vise d’alléger la pression sur le réseau électrique national, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration et la sécurité routière et urbaine, notamment dans les zones rurales et isolées ….
« La production d’énergie est l’un des grands défis du XXIe siècle, tant pour les pays industrialisés que pour les pays émergents. Ces derniers, dont fait partie l’Algérie, devront répondre à une demande énergétique croissante, tout en respectant les engagements environnementaux et en préservant leurs ressources naturelles. » Notera Pr Soudani , ajoutant que « les enjeux principaux pour l’Algérie est de diversifier son mix énergétique dominé par le gaz naturel , de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, tout en sécurisant l’approvisionnement , de créer une industrie nationale des renouvelables (emplois, innovation, souveraineté énergétique) ainsi que de lutter contre le gaspillage énergétique (secteur résidentiel et administratif) et surtout renforcer l’efficacité énergétique dans les transports, le bâtiment et l’industrie…
Evoquant la politique énergétique pour l’Algérie Pr Soudani a rappeler que pour réussir sa transition, l’Algérie devrait adopter une politique énergétique intégrée et proactive, articulée autour d’un cadre réglementaire clair et incitatif ,un encouragement à l’investissement privé , une réglementation du raccordement des installations solaires au réseau ainsi que la mise en œuvre effective du programme de 15 GW de solaire d’ici 2035 et l’intégration du solaire dans les bâtiments publics, les écoles, les hôpitaux …
S’ajoutent la création de zones industrielles solaires (Sud algérien) , la mise en place d’une stratégie de formation avec un réel développement des filières universitaires liées aux énergies renouvelables et un soutien à la recherche appliquée, laboratoires d’innovation …
Pour l’avenir des énergies renouvelables en Algérie , Pr Souadani a souligné que « L’Algérie possède des atouts uniques et un des potentiels solaires les plus élevés au monde avec des territoires immenses et peu densément peuplés propices aux centrales solaires
Elle dispose également de compétences techniques en développement et d’une situation géographique stratégique pour l’export d’énergie verte vers l’Europe. Parmi les intérêts majeurs figure l’économie de gaz naturel à destination de l’export, le développement économique local, notamment dans les Hauts Plateaux et le Sud
L’Algérie est au cœur de la transition énergétique mondiale a t-il rassuré poursuivant que le pays a un rôle stratégique à jouer dans la transition énergétique mondiale à condition de concrétiser son potentiel. « Elle pourrait devenir un leader régional en production solaire, et un hub d’exportation d’hydrogène vert vers l’Europe. Comme elle peut devenir un acteur clé dans la coopération Sud-Sud autour des technologies propres. Il suffit juste a t-i estimé de passer de la stratégie à l’action, avec une vraie volonté politique, une coordination intersectorielle, et un soutien à l’innovation et à la jeunesse algérienne.
