Les glaciers sont plus vulnérables au changement climatique qu’on ne le pensait, rapporte jeudi une étude qui prévient que les trois-quarts de leur masse pourraient disparaître dans les siècles à venir si rien ne change, une fonte qui aurait des conséquences dramatiques.
Ces géants de glace constituent d’importants régulateurs climatiques et jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement en eau douce de milliards de personnes. Alimentée par la hausse des températures mondiales causée par les activités humaines, leur fonte met en péril ces ressources et aggrave la montée du niveau des mers, menaçant de nombreuses populations.
L’étude, réalisée par une vingtaine de scientifiques internationaux et publiée dans la revue Sciences, offre la vision la plus détaillée à ce jour des risques encourus. Selon cette analyse effectuée grâce à huit modèles climatiques, la fonte des glaciers mondiaux serait sur le long terme bien plus importante qu’escompté, notamment dans le cas où le monde maintiendrait sa trajectoire actuelle de réchauffement climatique, avec une perte estimée de 76% des glaces actuelles. Selon la communauté scientifique, le monde s’est déjà réchauffé d’au moins 1,2 C et pourrait atteindre les +2,7 C d’ici 2100 sous les politiques climatiques existantes.
Cette hausse des températures se reflète de manière disproportionnée en altitude, l’augmentation de la température moyenne de l’air au-dessus des glaciers étant 80% plus importante que l’augmentation globale, selon l’étude. Ses effets délétères se feront ressentir sur le très long terme, prévient l’étude. Ainsi, même si le monde cessait immédiatement ses émissions polluantes, les glaciers continueraient de fondre de façon conséquente, l’étude évaluant à 39% la perte globale de leurs glaces dans un tel scénario. Répartis à travers le globe, les glaciers ont déjà perdu environ 5% de leur volume depuis le début du siècle, avec des grandes disparités régionales: de -2% en Antarctique à -40% dans les Alpes.
Dans ce massif montagneux européen comme dans les Rocheuses américaines et canadiennes, les glaciers sont davantage vulnérables en raison notamment de leur localisation, leur taille et leur altitude. Mercredi en Suisse, un glacier s’est effondré à la suite d’éboulements de roches ayant partiellement détruit un village, un événement spectaculaire dont les causes – qui pourraient être géologiques comme climatiques – restent à déterminer. Selon l’étude, les glaciers pourraient perdre la majorité de leurs glaces, avec une perte de volume de 85% à 90% estimée dans le cas où la hausse des températures serait contenue sous les +2 C.
Ceux situés dans les pays scandinaves devraient quant à eux totalement disparaître. D’autant plus que les effets de ces fontes, très larges, se font déjà sentir, sous forme de bouleversement des écosystèmes, de menace à la sécurité alimentaire et à la production hydroélectrique de régions entières et de contribution à l’élévation du niveau des mers.