L’Université « Mohamed-Chérif Messaâdia » de Souk Ahras a accueilli, jeudi, une conférence historique de grande portée consacrée à « Dechrat El Moudjahid », un site emblématique situé à proximité de la frontière Est du pays. Cet événement, marqué par la présence des autorités locales, de nombreux moudjahidine issus de diverses wilayas et de la famille révolutionnaire, a mis en lumière une page méconnue mais décisive de la lutte de libération nationale. Dès l’ouverture de la rencontre, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Hamza Aoufi, a souligné l’importance de revenir sur ces épisodes historiques pour mieux dévoiler les pratiques répressives du colonialisme français. Il a rappelé que l’occupant avait instauré des camps de concentration aux frontières orientales dans le but d’asphyxier la mobilisation populaire autour de l’Armée de libération nationale, coupant les réseaux d’approvisionnement en vivres et en armes et tentant d’isoler les populations des combattants de la liberté.
Le moudjahid Djebar Djebar, président de l’association « La bataille de Souk Ahras », a pour sa part mis en relief le rôle central joué par le centre de “Dechrat El Moudjahid”, créé le 2 avril 1960 par les chefs de la révolution. Bien plus qu’un simple point de ralliement, ce centre fut durant la guerre un véritable refuge pour plus de 2 000 familles ayant fui les camps coloniaux de la région. Ces exodes massifs ont suivi une offensive majeure de l’ALN contre plusieurs de ces camps, notamment ceux de Gouared, Bourenane et El Hamri, implantés tout au long de la frontière orientale. Dans une intervention particulièrement dense, le Dr Mohamed Lahcene Zeghidi, président de la Commission algérienne pour l’histoire et la mémoire, a expliqué que le centre de Dechrat El Moudjahid est rapidement devenu une structure d’organisation et d’administration essentielle pour les populations déplacées.
Selon lui, les moudjahidine y assumaient non seulement des responsabilités militaires mais aussi des missions sociales, veillant à la gestion du quotidien, à la solidarité collective et à la préservation du moral des habitants frappés par des années d’oppression. Ce centre reste ainsi un témoin majeur de l’unité indéfectible entre le peuple et son armée durant les moments les plus sombres de la révolution. Organisée à l’initiative de l’ONM, la conférence a permis de rappeler combien ces épisodes constituent des repères historiques fondamentaux. Elle vise à consolider la mémoire nationale, à préserver les récits héroïques et à transmettre aux jeunes générations les valeurs d’unité, de résilience et de détermination qui ont façonné la lutte pour l’indépendance. À Souk Ahras, l’héritage de Dechrat El Moudjahid résonne encore comme l’un des symboles les plus authentiques de la résistance populaire et de la dignité retrouvée.
R.R
