Le président colombien Gustavo Petro a déclaré lundi l’état d’urgence en réponse aux affrontements entre guérillas en différents points du pays qui ont fait plus de 100 morts et 20.000 déplacés en moins d’une semaine.
« L’état d’urgence interne et l’état d’urgence économique ont été déclarés », a-t-il indiqué sur les réseaux sociaux, donnant ainsi le feu vert au gouvernement pour prendre des mesures extraordinaires, débloquer des ressources financières ou restreindre la mobilité.
La frontière avec le Venezuela, le sud amazonien et une zone du nord de la Colombie subissent l’offensive d’organisations qui se disputent le contrôle du territoire et les routes du narcotrafic dans le pays.
Depuis jeudi, une attaque sanglante de la guérilla de l’ELN contre des dissidents rivaux de la défunte guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et la population civile dans la région du Catatumbo (nord-est), à la frontière avec le Venezuela, a fait au moins 80 morts et quelque 20.000 déplacés, selon l’armée.
Avec plus de 50.000 hectares de cultures de coca, le Catatumbo, dans le département de Norte de Santander, est un symbole de la guerre interne qui a fait plus de 9,5 millions de victimes en six décennies.
Dans le sud du pays, ce sont des affrontements entre des factions opposées des dissidents des FARC – qui ont refusé l’accord de paix de 2016 et repris les armes – qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le département amazonien de Guaviare.
« Il y a 20 morts et les corps ont été emmenés à la morgue de Villavicencio », une ville proche, a déclaré un responsable du ministère de la Défense.
Pour l’heure aucun combat n’a opposé l’armée colombienne aux différents groupes rebelles.
Quelque 5.000 soldats ont été déployés dans le Catatumbo mais les autorités disent se concentrer sur l’aide aux populations menacées et plus de 230 personnes ont été évacuées par hélicoptères, y compris des enfants.
Mais une « deuxième phase » a été annoncée, devant engager des soldats dans les zones critiques pour repousser les insurgés.
Depuis jeudi dans le Catatumbo des centaines de personnes ont fui vers le Venezuela et Caracas a activé une « opération spéciale » pour s’occuper des déplacés dans deux municipalités limitrophes.
Du côté colombien de la frontière, plusieurs villes et villages comme Tibu accueillent des milliers de personnes dans des abris improvisés, gardés par des militaires.
« Nous avons aidé à la sécurité et la logistique et plus de 19.800 personnes ont été accueillies dans des refuges », a déclaré à la presse le général Erik Rodriguez.
Selon un responsable colombien, les morgues du département du Norte de Santander sont saturées à « 250% ».
L’état d’urgence intérieur, autorisé par la Constitution, peut être autorisé pour une « période maximale de 90 jours, et prorogé jusqu’à deux périodes égales, dont la seconde requiert un avis préalable et favorable » du Parlement, selon la Constitution.
Violences des guérillas en Colombie : Le président Petro déclare l’état d’urgence

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