En République tchèque, la scène politique connaît un tournant majeur avec le retour au poste de Premier ministre d’Andrej Babis, nommé officiellement mardi par le président Petr Pavel.
Ce come-back intervient deux mois après la victoire de son parti ANO aux élections législatives et quatre ans après son départ du pouvoir en 2021.
À 71 ans, le milliardaire et homme d’affaires le plus influent du pays reprend les rênes du gouvernement avec l’ambition affichée de défendre les intérêts des citoyens « au niveau national comme international ».
Malgré sa victoire, Babis ne détient pas la majorité absolue à la Chambre des députés, avec seulement 80 sièges sur 200.
Pour former un gouvernement, il a donc conclu une alliance avec deux formations eurosceptiques : le parti d’extrême droite SPD et La Voix des automobilistes, un mouvement de droite récemment monté en puissance.
Cette coalition, inhabituelle et controversée, suscite déjà des interrogations quant à ses orientations futures, notamment sur les plans sociaux, migratoire et européen.
Né à Bratislava en 1954, Andrej Babis a choisi la nationalité tchèque lors de la dissolution de la Tchécoslovaquie en 1993.
Entré tardivement en politique, il fonde en 2011 le mouvement ANO, qui se présente comme un parti antisystème porté par un discours pragmatique centré sur l’efficacité économique et la lutte contre la corruption.
Son premier mandat de Premier ministre, entre 2017 et 2021, avait été marqué par une forte polarisation de la société ainsi que par des accusations de conflits d’intérêts en lien avec son vaste conglomérat industriel.
Justement, pour satisfaire les exigences du président Pavel et faciliter sa nomination, Babis a annoncé récemment le transfert de la gestion de ses affaires dans une structure indépendante, en attendant qu’elles reviennent ultérieurement à ses enfants.
Une décision saluée par le chef de l’État, qui y voit une étape indispensable pour garantir la transparence et prévenir toute interférence entre responsabilités politiques et intérêts privés.
Le retour d’Andrej Babis au pouvoir ouvre ainsi une nouvelle page de la politique tchèque, dans un climat mêlant attentes fortes, espoirs de stabilité et vigilance quant à la direction que prendra cette nouvelle coalition.
R.I
