L’Algérie vit une transformation profonde de son paysage entrepreneurial, portée par une volonté politique clairement assumée et par l’émergence d’une génération de jeunes talents qui redessinent les contours de l’économie nationale. Ces dernières années, l’écosystème des startups algériennes s’est hissé au rang des expériences les plus dynamiques du continent, accumulant distinctions et reconnaissances internationales. Ce mouvement ascendant, soutenu au plus haut niveau de l’État, s’est illustré une nouvelle fois à Alger lors de la 4ᵉ édition de la Conférence africaine des startups, un événement qui consacre le rôle central de l’Algérie dans la construction du numérique africain. Dans son message adressé aux participants et lu par le Premier ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réaffirmé l’engagement de l’Algérie à faire de l’innovation un moteur de croissance national et continental. Il a rappelé l’ambition stratégique d’atteindre 20.000 startups d’ici 2029, contre environ 13.000 actuellement, un chiffre inimaginable il y a cinq ans, lorsque le pays ne comptait que 200 jeunes pousses. Pour le chef de l’État, l’essor spectaculaire de cet écosystème n’est pas un hasard mais le résultat d’une stratégie globale fondée sur l’accompagnement, la formation, la création de valeurs et la souveraineté technologique. Cet engagement politique a porté ses fruits sur la scène internationale.
En juin dernier, l’Algérie a décroché le prestigieux prix « Champion des politiques entrepreneuriales » au Forum mondial de l’entrepreneuriat (GEC) à Indiana, aux États-Unis. Cette distinction, disputée par plus de cinquante pays, honore les États ayant instauré les politiques publiques les plus efficaces pour stimuler la création et la croissance des startups. Les promoteurs de ce prix ont salué les réformes algériennes, notamment la mise en place d’un cadre juridique simplifié, d’un système fiscal incitatif, de programmes d’accompagnement performants et d’instruments financiers spécialisés – dont les fonds d’investissement dédiés aux startups –, autant de leviers qui placent aujourd’hui l’Algérie à l’avant-garde de l’innovation en Afrique. Ce dynamisme national s’est également reflété dans les parcours individuels de plusieurs startups algériennes qui se sont illustrées lors de grands événements internationaux. La startup FARM AI a décroché la deuxième place du concours mondial Tech4Good du groupe Huawei grâce à une solution d’intelligence artificielle capable de détecter précocement la rouille du blé à l’aide de drones, un projet salué pour son impact direct sur la sécurité alimentaire.
Deux étudiants de l’École nationale polytechnique d’Alger ont, de leur côté, brillé au Moscow Startup Summit, tandis que la startup Gardens of Babylon – GB Vertical s’est distinguée en remportant le prix ARLEM 2025 de l’entrepreneuriat local dans la région euro-méditerranéenne. La jeune pousse Nrecycli, engagée dans l’économie circulaire, a quant à elle décroché le prix des jeunes entrepreneurs sociaux à Doha, confirmant la diversité et la maturité croissante des projets algériens. Ces réussites individuelles témoignent d’un mouvement de fond. En quelques années seulement, l’Algérie a su créer un environnement fertile reliant les startups aux universités, aux centres de recherche, aux entreprises publiques et privées et aux institutions financières. L’accent mis sur l’innovation, la numérisation et la valorisation des compétences nationales constitue désormais l’un des piliers d’une nouvelle économie en pleine structuration. C’est dans cette dynamique que s’inscrit la 4ᵉ Conférence africaine des startups, organisée à Alger du 6 au 8 décembre, et placée sous le haut patronage du président Tebboune. Cette édition, décrite comme l’une des plus ambitieuses depuis la création du rendez-vous, a rassemblé plus de 40 délégations ministérielles, 200 exposants, 150 investisseurs, ainsi qu’un large panel d’experts technologiques et économiques venus de tout le continent. Dès son ouverture au Centre international de conférences Abdelatif-Rahal, l’événement s’est distingué par une forte mobilisation et un programme dense, marqué par des panels thématiques, des ateliers spécialisés, des présentations de solutions innovantes et des rencontres de haut niveau destinées à accélérer la coopération africaine en matière de numérique.
Les débats ont porté sur les questions majeures qui façonnent l’avenir du continent : intelligence artificielle, transformation numérique, technologies financières, commerce électronique, exploitation de la data, cybersécurité, capital-risque, souveraineté technologique et accélération des innovations africaines. Pour les jeunes porteurs de projets, les ateliers de formation et les sessions de mise en réseau ont offert une plateforme unique pour comprendre les mécanismes de financement, pénétrer les marchés africains, rencontrer des investisseurs internationaux et découvrir les outils permettant de transformer une idée en startup viable. En marge de cet événement continental, Alger a également accueilli le Sommet algérien de la Fintech et de l’e-commerce, une initiative qui confirme l’ambition du pays de devenir un hub numérique majeur en Afrique. Le Salon des startups, organisé simultanément, a offert une vitrine exceptionnelle pour une nouvelle génération d’entrepreneurs algériens et africains désireux de présenter leurs solutions, de convaincre des partenaires stratégiques et de tisser des alliances durables. Mais l’événement le plus marquant de cette édition demeure sans doute l’adoption par les ministres africains des TIC et de l’économie numérique de la Déclaration d’Alger sur les plateformes numériques équitables, sûres et responsables en Afrique.
Ce texte fondateur, inspiré par des cadres internationaux tels que le Digital Services Act européen, place l’Afrique comme acteur majeur de la gouvernance numérique mondiale. Il introduit une série d’engagements structurants : négociations unifiées avec les grandes plateformes OTT opérant sur le continent, obligations de contribution locale, renforcement de la souveraineté des données, protection des cultures et langues africaines, mise en place de mécanismes de modération adaptés au contexte sociétal africain, et adoption de normes strictes pour une intelligence artificielle responsable et transparente. La Déclaration insiste également sur la nécessité de renforcer la protection des utilisateurs, notamment les femmes, les enfants et les groupes vulnérables, face aux risques numériques émergents. Elle affirme le principe fondamental selon lequel les données africaines doivent rester en Afrique, grâce à des infrastructures cloud souveraines et des solutions technologiques locales.
L’adoption de ce texte représente un tournant stratégique pour l’Afrique : pour la première fois, les pays du continent s’expriment d’une seule voix afin d’encadrer les pratiques des géants du numérique et de défendre leurs intérêts communs sur la scène mondiale. Que la Déclaration porte le nom d’« Alger » n’est pas anodine : cela témoigne de la place grandissante de l’Algérie dans la définition des politiques numériques africaines et de sa volonté de promouvoir une gouvernance technologique solidaire, durable et souveraine. À travers cette conférence et les récentes distinctions internationales, l’Algérie se positionne désormais comme l’un des pôles les plus dynamiques du continent en matière d’innovation. La vision impulsée par le président Tebboune, fondée sur la valorisation des compétences, le soutien aux jeunes, l’investissement dans les technologies émergentes et la construction d’un cadre réglementaire moderne, porte ses fruits et ouvre de nouvelles perspectives pour l’économie nationale.
En définitive, l’essor spectaculaire des startups algériennes, la reconnaissance internationale des politiques publiques nationales et l’adoption de la Déclaration d’Alger confirment le rôle moteur du pays dans la construction d’un avenir numérique africain ambitieux, inclusif et souverain. L’Algérie, plus que jamais, s’impose comme un acteur incontournable de l’innovation sur le continent, prête à transformer ses idées, ses talents et ses visions en projets capables d’impacter durablement l’économie africaine et mondiale.
ABED MEGHIT
