Le dossier des ralentisseurs anarchiques, des projets routiers en souffrance et des axes stratégiques saturés a occupé une large part de la séance plénière de l’Assemblée populaire nationale, où le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, Abdelkader Djellaoui, a présenté un état des lieux précis, mais surtout une volonté affirmée d’accélérer la cadence. Face à des interrogations nombreuses et parfois pressantes des députés, le ministre a déroulé une série d’annonces, de décisions concrètes et de mises au point techniques reflétant une mobilisation multisectorielle, en coordination avec le ministère de l’Intérieur, les collectivités locales et les Walis, pour remettre de l’ordre et répondre aux besoins pressants du réseau routier national.
Au cœur du débat parlementaire : le phénomène des ralentisseurs installés sans aucun respect des normes. Un problème devenu « réel et préoccupant », selon le ministre, et dont les impacts sur la sécurité routière, la fluidité du trafic et l’intégrité des véhicules ne sont plus à démontrer. Djellaoui a révélé qu’une instruction conjointe entre son département et celui de l’Intérieur a été adressée aux Walis afin de procéder à un audit général, d’éliminer les ralentisseurs posés de manière anarchique et de mettre en conformité ceux réalisés sans étude préalable. L’objectif est clair : réduire les accidents, harmoniser les infrastructures et rétablir partout un cadre réglementaire unifié, que ce soit sur les routes nationales, départementales ou en milieu urbain. Le ministre a également été interpellé sur l’un des projets les plus symboliques des blocages administratifs de ces dernières années : le tunnel d’Oued El Oukrif dans la wilaya de Saïda. Présenté comme un ouvrage structurant pour la ville et ses zones de mobilité, le projet souffre depuis son lancement, en 2014, d’une série d’entraves. Djellaoui a reconnu que des études initiales « immatures et techniquement insuffisantes » ont provoqué retards et arrêts successifs.
Pour relancer le chantier sur des bases solides, la Direction des Travaux publics de Saïda a élaboré un nouveau cahier des charges structuré en quatre quotas, afin de mieux organiser le suivi, la réalisation et la prise en charge des aspects techniques les plus délicats. Cette réorganisation marque, selon le ministre, un nouveau départ et un engagement ferme à lever tous les obstacles. La pression sur les axes stratégiques est également revenue à plusieurs reprises dans les questions des députés, notamment concernant la RN17 reliant Mostaganem aux limites de Mascara. Cet axe, fortement sollicité par un trafic dense lié aux zones industrielles et aux agglomérations de Mazagran, Hassi Mameche et Ain Nouissy, nécessite un dédoublement urgent pour accompagner la croissance régionale. Djellaoui a confirmé que l’étude du projet est déjà finalisée et prévoit, en plus du dédoublement, la création de rocades pour fluidifier la circulation. Cependant, sa concrétisation se fera progressivement, par tronçons, en fonction des priorités de la wilaya et des disponibilités financières, dans le cadre des prochaines Lois de finances. La séance a également permis au ministre d’annoncer une nouvelle attendue dans la wilaya de Boumerdes : la Loi de finances 2026 prend officiellement en charge deux projets de ponts structurants, celui reliant Sidi Daoud à Ben Choud, ainsi que celui destiné à connecter Legata aux Issers. Deux infrastructures essentielles pour désengorger le trafic, renforcer la continuité territoriale et améliorer l’accès aux zones enclavées.
Dans la même dynamique, le ministre a évoqué l’amélioration du réseau entre Djelfa et Ouled Djellal, à travers l’inscription de deux opérations pour la réalisation du pont de l’Oued Djedi, un ouvrage qui facilitera les déplacements entre la commune d’Amoura et celle de Ras El Miaad. Cet investissement contribuera à réduire l’isolement de certaines localités et à fluidifier la mobilité dans un espace géographique où les distances restent longues et les infrastructures souvent limitées. Une autre partie des échanges a porté sur la wilaya de Mila, où deux projets majeurs étaient en attente : le dédoublement de la RN79 entre Mila et Ferdjioua, et l’amélioration de la liaison routière entre Mila et Jijel. Djellaoui a précisé que l’étude du dédoublement du tronçon reliant les limites de Constantine à celles de Jijel, sur près de 31,7 km, a été finalisée. Un premier segment de 8,3 km a déjà été inscrit dans la Loi de finances 2026 et sera réalisé en priorité. Le reste suivra dans les prochaines Lois de finances, selon un plan de prise en charge progressive. S’agissant de l’axe Mila–Ferdjioua, le ministre a assuré qu’il sera lui aussi traité par étapes, conformément aux capacités budgétaires et à l’importance croissante de cet itinéraire pour la mobilité régionale.
De la lutte contre les ralentisseurs anarchiques à la modernisation des grands axes structurants, en passant par la relance de projets en difficulté, Abdelkader Djellaoui a livré une feuille de route précise et volontariste. Ses réponses traduisent une volonté de rationaliser, planifier et accélérer le développement des infrastructures routières, en s’appuyant sur une coordination étroite entre les institutions et un suivi plus rigoureux des études techniques. Au-delà des annonces, ce sont surtout des engagements concrets que les usagers de la route, les collectivités et les acteurs économiques attendent. Avec les décisions inscrites dans la Loi de finances 2026 et les projets restructurés, le ministère promet une nouvelle dynamique « celle d’un réseau routier modernisé, mieux sécurisé et enfin capable d’accompagner la mobilité d’une Algérie en pleine transformation ».
R.N
