Dans un contexte énergétique mondial marqué par l’instabilité des prix, les tensions géopolitiques et un ralentissement notable de la demande, Sonatrach, la première entreprise africaine des hydrocarbures, a démontré en 2024 une résilience exceptionnelle, confirmant son rôle central dans la sécurité énergétique de l’Algérie et sa capacité à s’imposer comme un acteur incontournable sur la scène internationale. Face à un environnement économique complexe, l’entreprise nationale des hydrocarbures a su maintenir ses équilibres financiers, renforcer ses capacités industrielles et étendre son influence sur le marché mondial, consolidant ainsi sa position stratégique tant sur le plan national qu’international.
Une production robuste et une industrie en pleine croissance
Malgré les pressions du marché mondial, Sonatrach a réussi à stabiliser sa production primaire à 193,7 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), un niveau similaire à celui de l’année précédente, illustrant la solidité opérationnelle du groupe. La production de gaz naturel a atteint 127,9 milliards de m³, tandis que le pétrole brut a totalisé 46,9 millions de TEP. Les condensats et les GPL ont quant à eux respectivement représenté 9,1 et 9,7 millions de TEP, consolidant ainsi le profil diversifié des activités de l’entreprise. L’année 2024 a été marquée par un dynamisme particulier dans l’amont pétrolier et gazier, avec 18 nouvelles découvertes réalisées en effort propre, représentant un potentiel prouvé et probable de 57,68 millions de TEP. Ces résultats illustrent non seulement l’efficacité des programmes d’exploration de Sonatrach, mais aussi sa stratégie proactive de renouvellement des réserves et d’optimisation de sa production. Le secteur du raffinage a également connu une année notable. Le traitement de 26,5 millions de tonnes de pétrole brut, en hausse de 2 %, et une production globale des raffineries atteignant 30,4 millions de tonnes (+4 %) traduisent la montée en puissance du parc industriel national. Les volumes record de carburants terrestres, avec 10,8 millions de tonnes de gasoil et 3,7 millions de tonnes d’essence, ont contribué à l’objectif stratégique de souveraineté énergétique et à la réduction des importations. Sur le plan de la pétrochimie, Sonatrach a enregistré des performances impressionnantes. Le complexe CP2K de Skikda a vu sa production de polyéthylène haute densité (PEHD) bondir de 101 %, atteignant 34 198 tonnes. Le CP1Z d’Arzew, pour sa part, a produit 114 702 tonnes, soutenant la montée en puissance du segment chimique dans la valorisation des hydrocarbures. La logistique et le transport par canalisation n’ont pas été en reste, avec 157,8 millions de TEP évacués dans la partie nord du pays et 85,7 millions de TEP dans le sud, confirmant le rôle central de Sonatrach dans l’approvisionnement énergétique national et international.
Des investissements ambitieux malgré un contexte incertain
Face aux défis mondiaux, Sonatrach n’a pas réduit la voilure. Au contraire, elle a poursuivi un programme d’investissement ambitieux en 2024, mobilisant 835 milliards de dinars (environ 6,23 milliards USD), soit une augmentation de 11 % par rapport à 2023. L’essentiel de cet effort, 79 %, a été consacré à l’amont, soit 662 milliards de dinars (4,94 milliards USD), pour le forage, le développement des gisements et les projets de maintien de la production, notamment les phases de boosting des champs stratégiques de Hassi R’mel et d’Alrar. L’année a vu le forage de 59 nouveaux puits, dont 39 déjà livrés, et l’achèvement de 171 puits de développement, illustrant la volonté du groupe de sécuriser et de renouveler ses réserves. Dans le secteur de la liquéfaction, la production de gaz naturel liquéfié (GNL) a atteint 25,1 millions m³, tandis que les complexes de séparation GP1Z et GP2Z ont généré 8,1 millions de tonnes de propane et butane, renforçant la valeur ajoutée des hydrocarbures algériens. Les performances commerciales ont également été remarquables. Sonatrach a exporté 91,4 millions de TEP en 2024, dont 34,3 milliards de m³ de gaz naturel, 6,1 millions de tonnes de GPL, 14,3 millions de tonnes de produits raffinés et 25 millions de m³ de GNL. Ces exportations ont permis de générer un chiffre d’affaires global de 6 523 milliards de dinars, tandis que la fiscalité pétrolière versée à l’État a atteint 3 872 milliards de dinars (28,9 milliards USD). Le résultat net s’est élevé à 812 milliards de dinars (6,05 milliards USD), démontrant la solidité financière de l’entreprise et sa capacité à résister aux fluctuations du marché.
Une diplomatie énergétique offensive et stratégique
L’expansion internationale de Sonatrach en 2024 traduit une stratégie clairement affirmée de sécurisation des marchés et de renforcement des partenariats. L’entreprise a signé plusieurs contrats techniques majeurs, notamment avec le consortium Baker Hughes / Nuovo Pignone International Srl & Tecnimont S.p.A pour la Phase III – Étape 2 du boosting du champ de Hassi R’mel, l’un des plus grands gisements gaziers au monde. Un accord similaire a été conclu avec la compagnie chinoise CPECC pour le développement du projet Boosting Alrar Phase III, visant à stabiliser la production de ce champ saharien stratégique. La coopération internationale ne s’est pas limitée à l’aspect technique. Sonatrach a multiplié les protocoles d’accord dans l’amont, avec SINOPEC pour le périmètre de Hassi Berkane Nord, avec Eni et Equinor pour les régions d’In Salah et In Amenas, et avec TotalEnergies pour le potentiel du Nord-Est de Timimoun. Les majors américains, dont ExxonMobil et Chevron, ont également renoué avec l’Algérie à travers de nouveaux protocoles couvrant les bassins de l’Ahnet, du Gourara et de Berkine, confirmant l’attractivité renouvelée du pays pour l’investissement onshore. Sur le plan commercial, Sonatrach a consolidé sa présence sur le marché européen. Elle a signé un contrat de dix ans avec Grain LNG (Royaume-Uni) pour une capacité de regazéification de 3 millions de tonnes/an à partir de 2029, un accord de deux ans avec VNG (Allemagne), et a expédié sa première cargaison de GNL vers la Croatie depuis le complexe GL3Z. Un accord-cadre a été conclu avec GEOPLIN (Slovénie) pour accroître les volumes transitant par le gazoduc Transmed, tandis qu’un contrat annuel a été signé avec CEZ (République tchèque), ouvrant un nouveau marché en Europe centrale. Plusieurs ventes spot ont également été réalisées avec le trader Gunvor pour alimenter le marché italien. Ces démarches confirment le rôle stratégique de Sonatrach comme fournisseur fiable d’énergie pour l’Europe et acteur régional incontournable dans le commerce du gaz. La diversification des débouchés et la sécurisation des contrats à long terme traduisent une vision proactive face aux incertitudes du marché mondial.
Une stratégie globale axée sur la résilience et la durabilité
L’année 2024 a mis en évidence la capacité de Sonatrach à conjuguer performance industrielle, rigueur financière et diplomatie énergétique. Le groupe a non seulement su préserver sa production et ses exportations malgré un contexte mondial défavorable, mais il a également renforcé ses infrastructures, optimisé ses complexes de raffinage et de pétrochimie, et consolidé ses partenariats internationaux. Cette approche intégrée, combinant développement interne et ouverture stratégique à l’international, illustre la vision à long terme de Sonatrach : assurer la sécurité énergétique de l’Algérie, soutenir l’économie nationale par des revenus substantiels, et s’imposer comme un acteur régional et mondial incontournable dans le secteur des hydrocarbures. En dépit des défis géopolitiques et des fluctuations du marché mondial, Sonatrach a ainsi démontré que résilience, innovation et diplomatie énergétique peuvent se conjuguer pour maintenir la compétitivité et la stabilité d’une entreprise stratégique. L’année 2024 restera comme un jalon majeur dans l’histoire de la société, marquée par la consolidation de ses acquis et l’ouverture de nouvelles perspectives pour l’avenir énergétique du pays.
R.E
