Berlin fait face à un constat d’une sévérité rare : l’économie allemande traverse, selon la principale fédération industrielle du pays, « la crise la plus profonde » de l’après-guerre. Le diagnostic, publié mardi par la Fédération des industries allemandes (BDI), sonne comme un véritable avertissement au gouvernement du chancelier Friedrich Merz, accusé d’immobilisme dans un contexte de déclin industriel persistant. Pour la quatrième année consécutive, la production industrielle enregistre un recul, tandis que le produit intérieur brut devrait difficilement éviter une nouvelle stagnation en 2025 après deux années de récession. Le gouvernement de coalition menée par Merz « conservateurs et sociaux-démocrates » peine à instaurer la confiance nécessaire pour relancer l’investissement et enrayer la chute de compétitivité de la première économie européenne. Peter Leibinger, président du BDI, n’a pas mâché ses mots. Il dénonce une économie « en chute libre » et un gouvernement qui « ne réagit pas avec la détermination nécessaire ».
Le communiqué de la fédération prend même un ton exceptionnellement alarmiste : la production industrielle devrait reculer de 2 % cette année, confirmant un « décrochage structurel » plutôt qu’un simple ralentissement conjoncturel. À cela s’ajoute le contexte politique fragile, marqué par une montée de l’extrême droite lors des dernières élections législatives et une coalition jugée impopulaire par une partie du patronat. Face à ces difficultés, la BDI appelle à un profond « tournant dans la politique économique », avec des mesures claires en faveur de la croissance, de la compétitivité et de la capacité d’innovation. L’Allemagne, longtemps moteur industriel de l’Europe, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. La pression du monde économique sur le gouvernement Merz s’intensifie, alors que les entreprises réclament des réformes de fond pour éviter une dégradation durable de leur appareil productif.
R.E
