L’Algérie franchit un cap stratégique avec 10 millions de dollars de contrats d’exportation pharmaceutique

dknews
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L’Algérie confirme son ambition de devenir un acteur incontournable de la production pharmaceutique en Afrique. À l’issue du troisième et dernier jour de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments, le pays a officialisé la signature de cinq contrats d’exportation d’une valeur totale de 10 millions de dollars. Ces accords, portant sur la fourniture de produits pharmaceutiques aux marchés mauritanien, malien et sénégalais, viennent consacrer l’essor continu du secteur algérien ainsi que sa volonté d’élargir son empreinte continentale. La cérémonie de signature s’est déroulée au Palais des expositions d’Alger, en marge du Salon algérien des soins de santé « CLINVEST EXPO », un espace devenu l’un des symboles de la montée en puissance de l’industrie nationale.

Trois entreprises algériennes « Top Gloves », « Eurl Génise » et « Pharma Invest » ont conclu ces contrats d’exportation avec la société mauritanienne « King Pharma » et ses filiales implantées au Mali et au Sénégal. La présence de responsables de haut niveau, tels que le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Aït Messaoudène, ainsi que le représentant du Bureau de l’OMS en Algérie, Phanuel Habimana, a donné à cette cérémonie un relief particulier. Le geste a été perçu non seulement comme un succès commercial, mais également comme la concrétisation d’une vision collective : faire de l’Afrique un continent capable de produire, distribuer et innover dans le domaine pharmaceutique. Abdelouahed Kerrar, vice-président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), a salué l’organisation « rigoureuse » de la Conférence et souligné que cet événement constitue une « fierté pour l’Algérie ». Il a rappelé que la « Déclaration d’Alger », adoptée à l’unanimité à la fin des travaux, constitue désormais une feuille de route stratégique pour l’Afrique.

Cette déclaration prévoit un plan d’action ambitieux visant à bâtir une industrie pharmaceutique intégrée à l’échelle continentale, capable d’assurer la sécurité sanitaire et de renforcer l’autonomie des États africains. Pour Kerrar, il s’agit d’un tournant majeur : l’Algérie n’agit pas seule, elle agit pour l’Afrique, en partageant son expérience, ses méthodes et son savoir-faire. Pour le directeur général de « King Pharma », Teyib Akhyarhoum, cette coopération s’inscrit dans la continuité historique du rôle de l’Algérie sur la scène africaine. Il a souligné que le pays, après avoir œuvré pour la libération de nombreux peuples africains, contribue aujourd’hui à « l’émancipation économique » du continent. Il a également exprimé sa gratitude envers le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour son engagement et son haut patronage de cette conférence, qualifiée par plusieurs observateurs comme l’une des plus structurantes de ces dernières années. Dans la foulée de ces accords, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouassim Kouidri, a annoncé un objectif d’envergure : produire localement pas moins de 50 % des dispositifs médicaux utilisés en Algérie dans les prochaines années.

Ce cap stratégique vient s’ajouter à une performance déjà remarquable : le pays couvre aujourd’hui plus de 80 % de ses besoins en médicaments, un taux rare sur le continent africain. Le ministre affirme que l’Algérie est désormais « une locomotive » capable de tirer vers l’avant toute la région. Kouidri a également expliqué que l’obtention du niveau de Maturité 3 (ML3) de l’OMS, prévue pour le premier trimestre 2026, permettra de renforcer davantage les capacités d’exportation. Les rencontres bilatérales organisées en marge de la Conférence ont permis d’étudier en détail les besoins des pays africains en médicaments et dispositifs médicaux. Le ministre a rappelé que les orientations du président Tebboune insistent précisément sur ce point : aider les pays africains à atteindre un niveau d’autonomie pharmaceutique d’ici 2035. Le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Aït Messaoudène, a pour sa part insisté sur la portée opérationnelle de la feuille de route issue de la Conférence. Pour lui, atteindre l’autonomie continentale en matière de médicaments est un enjeu vital. Il a souligné que la détermination des pays participants ouvre une nouvelle ère où la coopération régionale devient un levier concret pour réduire la dépendance extérieure. Le ministre a toutefois mis en avant un défi majeur : l’urgence de supprimer les obstacles bureaucratiques qui freinent le développement de l’industrie pharmaceutique en Afrique. Cette mesure devient, selon lui, une condition essentielle pour accélérer les projets et harmoniser les cadres réglementaires entre États voisins.

En parallèle de ces annonces stratégiques, le ministre de la Santé a donné le coup d’envoi de la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite à Kouba, dans la wilaya d’Alger. Cette opération sanitaire, d’une ampleur exceptionnelle, vise à immuniser 4 425 502 enfants âgés de 2 à 59 mois. Les autorités rappellent que cette tranche d’âge est la plus vulnérable face à la poliomyélite, d’où l’importance de mener une campagne en plusieurs phases : première du 30 novembre au 6 décembre 2025, deuxième du 21 au 27 décembre 2025, et troisième du 25 au 31 janvier 2026, comprenant l’administration du vaccin injectable VPI. Le ministère précise par ailleurs que tous les enfants concernés doivent participer à l’ensemble des cycles, même s’ils ont déjà bénéficié de leurs vaccinations de routine.

Ainsi, entre dynamisme industriel, ambition régionale et renforcement de la prévention sanitaire, l’Algérie démontre qu’elle est désormais engagée sur plusieurs fronts complémentaires. D’un côté, elle confirme son rôle de pôle pharmaceutique émergent en Afrique ; de l’autre, elle poursuit une politique active de protection de la santé publique. La signature des contrats d’exportation, la feuille de route continentale adoptée à Alger et les campagnes nationales de vaccination dessinent ensemble une vision claire : faire de la santé un pilier stratégique du développement national et africain.

R.E

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