ALGER : Le « Processus d’Oran » réaffirme l’ambition africaine d’une paix durable et d’une voix unie sur la scène internationale

dknews
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L’Algérie a accueilli, lundi, au Centre international des conférences « Abdelatif Rahal », l’ouverture de la 12ᵉ session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, une rencontre désormais emblématique connue sous le nom de « Processus d’Oran ».
L’événement, qui s’inscrit dans une conjoncture internationale particulièrement sensible, a rassemblé un large parterre de ministres africains, de responsables de l’Union africaine (UA), de diplomates et de représentants de l’ONU, illustrant une nouvelle fois la centralité de ce forum dans la réflexion stratégique du continent.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, porteur d’un message fort du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Le chef de l’État a tenu à réaffirmer son soutien total à ce processus auquel il accorde, selon les termes rapportés par M. Attaf, « une grande attention », veillant à sa continuité, à sa consolidation et à son élargissement.
Ce soutien politique constant traduit la place centrale qu’occupe l’Afrique dans la diplomatie algérienne contemporaine.
Cette 12ᵉ édition se distingue également par une configuration inédite : l’Algérie y participe doublement, en tant que membre africain du Conseil de sécurité des Nations unies (A3) « un rôle qu’elle assume avec une implication accrue » mais aussi comme membre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS).
À cela s’ajoute, bien entendu, son statut de pays hôte et de fondateur du Séminaire d’Oran, lancé en 2013 et devenu au fil des années un rendez-vous majeur du calendrier diplomatique africain.

L’importance de ce forum tient à sa mission : renforcer la coordination entre les membres africains du Conseil de sécurité (A3), les membres du CPS et les institutions africaines, afin de faire prévaloir des positions communes et de porter la voix de l’Afrique au cœur des décisions internationales.
Le Séminaire examine chaque année les acquis de ce mécanisme, identifie les défis les plus urgents et propose des mesures concrètes pour rendre l’action africaine plus cohérente et plus efficace.
L’édition 2025 n’échappe pas à cette tradition, avec un accent particulier mis sur la nécessité de consolider les synergies entre l’A3+ et le CPS dans l’exécution de leurs mandats respectifs. Au-delà de son rôle technique, le « Processus d’Oran » est devenu un espace politique de premier plan.
Depuis sa création, il représente une plateforme continentale essentielle pour repenser la gouvernance sécuritaire africaine et promouvoir des solutions endogènes, adaptées à la complexité des crises que traverse l’Afrique.
L’adoption, en 2021, de la décision officialisant l’institutionnalisation du Séminaire en tant que « Processus d’Oran », avec Oran comme lieu permanent, fut une marque de reconnaissance internationale de l’efficacité de cette initiative algérienne.

L’édition actuelle se tient exceptionnellement à Alger, au lendemain de la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme en Afrique, un contexte symbolique qui rappelle le poids de la mémoire historique dans la construction d’une paix durable.
Dans son allocution, le ministre Ahmed Attaf a insisté sur la portée stratégique de cette rencontre.
« Faire du Processus d’Oran une occasion pour renouveler l’engagement à formuler des solutions africaines pour guérir les maux africains » a-t-il déclaré, en appelant à une mobilisation collective renforcée.
Cette vision, ancrée dans la doctrine algérienne du règlement pacifique des conflits, traduit une conviction profonde : l’Afrique doit davantage compter sur elle-même, sur ses institutions et sur ses dynamiques internes pour répondre aux défis sécuritaires, politiques et humanitaires.
M. Attaf a également insisté sur l’importance du plaidoyer africain au sein des instances multilatérales. Il a exhorté les participants à défendre d’une « seule et même voix » les priorités du continent au Conseil de sécurité et dans tous les espaces décisionnels où se façonnent les équilibres mondiaux.
L’objectif est clair : mettre fin à la marginalisation de l’Afrique dans les structures internationales, où le continent, bien qu’au cœur des enjeux sécuritaires mondiaux, demeure insuffisamment représenté.
Ce message rejoint les aspirations partagées par de nombreux dirigeants africains présents au Séminaire : renforcer la place de l’Afrique dans le système international et consolider son rôle dans l’anticipation et la gestion des crises.

Alors que le continent fait face à une montée préoccupante des conflits armés, à la résurgence de coups d’État, aux conséquences déstabilisantes du terrorisme et à l’impact croissant des changements climatiques, l’exigence de solutions africaines devient plus urgente que jamais.
Le Séminaire de haut niveau apparaît ainsi comme l’une des rares arènes où se construit, pas à pas, une stratégie africaine intégrée de paix et de sécurité.
Il sert également de passerelle entre l’UA, les Nations unies et les partenaires du continent, dans une logique de dialogue, de coopération et de codécision.
Les recommandations attendues à l’issue de cette 12ᵉ session devraient contribuer à renforcer cette dynamique, en proposant de nouveaux mécanismes, plus pragmatiques et plus adaptés aux réalités africaines.

En accueillant ce rendez-vous, l’Algérie confirme une nouvelle fois son rôle de pays pivot dans la sécurité régionale et continentale.
Active sur les plans politique, diplomatique et institutionnel, elle poursuit son engagement historique pour la stabilité de l’Afrique, dans le respect des principes de non-ingérence, de solidarité et de règlement pacifique des différends.
Le « Processus d’Oran » porte l’empreinte de cette vision et continue d’incarner, année après année, l’ambition d’un continent qui affirme sa voix, construit ses propres outils de gouvernance et s’attache à faire de la paix une œuvre collective et durable.
R. I.

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