L’Afrique s’apprête à écrire une page historique. Pour la première fois, une conférence internationale entièrement consacrée aux crimes du colonialisme, à l’esclavage, à l’apartheid et à la ségrégation raciale se tiendra à Alger les 30 novembre et 1ᵉʳ décembre 2025. Ce rendez-vous inédit, décidé par l’Union africaine à l’initiative du président Abdelmadjid Tebboune, se veut un acte fondateur : celui d’un continent qui parle d’une seule voix pour réclamer justice, reconnaissance et réparation. Pendant des siècles, l’Afrique a subi l’extermination, la déportation, la spoliation, les massacres, la destruction culturelle et l’asservissement de ses peuples. Les tentatives isolées de poursuites contre les puissances coloniales n’ont jamais abouti.
Aujourd’hui, les nations africaines veulent transformer le silence en action, la mémoire en revendication et les blessures en force collective. Ministres, historiens, juristes, universitaires et experts venus d’Afrique, des Caraïbes et d’autres régions seront réunis au Centre international des conférences (CIC) pour lancer un débat global sur les crimes coloniaux commis par la France, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne et d’autres puissances. L’objectif est clair : adopter une position panafricaine unifiée sur les réparations, la restitution du patrimoine et la préservation de la mémoire. L’Algérie, qui a payé un tribut inégalé « plus de cinq millions de victimes depuis 1830 et un million et demi de martyrs durant la guerre de Libération » accueillera cette rencontre avec un sens particulier de la responsabilité. Le pays, fidèle à son engagement historique en faveur de la dignité des peuples et des luttes anticoloniales, entend renforcer les efforts visant à criminaliser l’esclavage, le colonialisme et l’apartheid comme crimes contre l’humanité.
La conférence abordera les dimensions humaines, culturelles, économiques, juridiques et environnementales du colonialisme : traumatismes intergénérationnels, spoliation culturelle, exploitation des ressources, destruction d’écosystèmes, impacts des essais nucléaires et héritage des modèles économiques inéquitables. Les experts évoqueront également la création d’un mécanisme africain permanent chargé des réparations et de la restitution. Au terme des travaux, une « Déclaration d’Alger » sera proposée, document politique majeur qui sera soumis au Sommet de l’Union africaine de 2026. Pour le continent, c’est une étape décisive vers la reconnaissance internationale des crimes coloniaux et la consolidation d’une justice historique trop longtemps différée.
R.N
