Le phénomène des vols de câbles et équipements en cuivre connaît, à Annaba comme dans d’autres régions du pays, une recrudescence alarmante.
Après avoir ciblé les infrastructures d’Algérie Télécom et de Sonelgaz, des bandes organisées s’attaquent désormais aux installations de l’Algérienne des eaux (ADE) et de l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI).
Ce fléau, d’une ampleur croissante, met en péril la continuité des services essentiels et plonge de nombreux quartiers dans l’incompréhension et l’exaspération.
Dans la commune d’Aïn El Berda, plusieurs cités, dont celles des 80 Logements et du centre-ville, ont été victimes de vols répétés visant portails en fer, câbles et conduites d’eau.
Les habitants dénoncent des actes criminels qui, en plus de les pénaliser quotidiennement, infligent des pertes financières considérables aux opérateurs publics.
Toutefois, malgré les dégâts subis, nombre de victimes hésitent à porter plainte, souvent par crainte de représailles ou en raison de liens de parenté entre habitants et auteurs présumés.
Cette complaisance forcée contribue à alimenter un climat d’impunité.
Les opérateurs concernés dénoncent une situation intenable.
Les coupures d’électricité, d’eau ou d’Internet, les détériorations des réseaux et les retards de réparation deviennent monnaie courante.
Selon les données communiquées, Sonelgaz a enregistré en 2024 pas moins de 83 agressions contre son réseau dans la wilaya, impactant plus de 92 000 abonnés et générant des coûts de réparation dépassant 34 millions de dinars.
À Algérie Télécom, plusieurs lignes ont été vandalisées, comme à la cité des 120 Logements où un câble optique sectionné a privé les habitants de connexion pendant plus de deux mois.
Face à cette spirale inquiétante, les services de sécurité redoublent d’efforts.
La police et la Gendarmerie nationale ont déjà procédé à l’arrestation de plusieurs groupes spécialisés, notamment lors d’opérations nocturnes réalisées grâce à la vidéosurveillance.
À Constantine, 84 personnes impliquées dans 69 affaires similaires ont été interpellées depuis le début de l’année.
Malgré ces avancées, les autorités estiment que la coopération citoyenne demeure indispensable pour affaiblir ces réseaux.
Le Code pénal prévoit des sanctions lourdes, pouvant atteindre la réclusion à perpétuité dans certaines conditions aggravantes, notamment lorsque les vols compromettent la sécurité publique.
Les peines, renforcées par les articles 350 et 353, s’étendent également à toute personne impliquée dans l’achat, le transport ou la revente des matériaux volés.
Au-delà du préjudice matériel, le phénomène soulève une inquiétude profonde quant à la protection des infrastructures vitales du pays.
Les autorités appellent à une vigilance accrue et à un engagement collectif pour mettre fin à cette menace persistante qui fragilise les services publics, perturbe le quotidien des citoyens et alourdit les charges financières des opérateurs déjà éprouvés.
R.L
