Algérie : un leadership continental pour la souveraineté sanitaire africaine à travers la production locale de médicaments

dknews
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Alger s’est imposée, vendredi dernier, comme un centre stratégique de la coopération africaine dans le domaine de la santé, à l’occasion de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et les technologies de santé. Organisée au Centre international des conférences Abdelatif Rahal, cette rencontre d’envergure a réuni des ministres, responsables et experts africains, aux côtés de représentants internationaux tels que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF. Placée sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la conférence s’inscrit dans une dynamique continentale visant à renforcer l’industrie pharmaceutique locale et à réduire la dépendance de l’Afrique aux importations.

Dans son allocution d’ouverture, le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Ait Messaoudene, a réaffirmé la volonté de l’Algérie de partager son expertise industrielle avec l’ensemble des pays africains. « L’Afrique fait face à une responsabilité historique en matière de sécurité sanitaire », a-t-il souligné, appelant à transformer les engagements politiques en actions concrètes et perceptibles pour chaque citoyen du continent. « L’Algérie met avec fierté son expérience en matière de production pharmaceutique au service de ses frères africains, afin de bâtir une coopération continentale, renforcer la sécurité sanitaire et soutenir le développement durable », a-t-il ajouté. La Conférence a été marquée par l’adoption de la « Déclaration d’Alger », un document stratégique signé par 29 pays participants. Ce texte établit 13 engagements collectifs visant à lever les barrières réglementaires, harmoniser les échanges commerciaux, garantir la qualité et la sécurité des médicaments, et structurer davantage le commerce pharmaceutique africain.

La déclaration prévoit également la révision des procédures entravant la circulation des matières premières et des produits pharmaceutiques et l’unification des cadres législatifs afin de réduire la fragmentation juridique qui freine la souveraineté sanitaire. Le ministre a mis l’accent sur la nécessité de créer une plateforme continentale pour coordonner les commandes de matières premières et renforcer la coopération industrielle entre États africains. Selon lui, cette approche permettra d’adapter les capacités technologiques et humaines de chaque pays aux besoins collectifs et d’optimiser l’efficacité des chaînes de production locales. « Une coordination intelligente et solidaire peut transformer l’industrie pharmaceutique africaine en un moteur de développement durable et d’autonomie sanitaire », a insisté Ait Messaoudene. Katarina Johansson, représentante de l’UNICEF en Algérie, a salué l’esprit de leadership de l’Algérie et confirmé que l’organisation s’engage à assurer 20 % de ses achats mondiaux de vaccins auprès d’industriels africains d’ici 2035. « La production locale devient ainsi un levier concret de sécurité sanitaire », a-t-elle précisé, ajoutant que l’UNICEF organisera des rencontres avec le secteur privé africain pour convertir les engagements politiques en commandes effectives et renforcer la production locale.

Les travaux de la conférence se sont poursuivis samedi avec des rencontres bilatérales entre ministres africains, visant à explorer les voies de coopération dans des domaines d’intérêt commun. Les délégations ont également visité plusieurs unités de production pharmaceutique de la capitale, témoignant de l’expertise et de la capacité industrielle de l’Algérie, qui couvre aujourd’hui plus de 82 % des besoins pharmaceutiques nationaux par la production locale. Le Salon algérien des soins de santé, organisé en parallèle, a été l’occasion de finaliser plusieurs contrats entre opérateurs algériens et partenaires africains, traduisant les engagements politiques en partenariats concrets. Le rôle pionnier de l’Algérie dans la promotion de la souveraineté sanitaire africaine a été salué par de nombreux participants. Mohamed Chimi, ministre du secteur public des affaires en Égypte, a mis en avant le potentiel de l’Algérie en matière de production de médicaments et de consommables médicaux. « L’Afrique a besoin du soutien et de l’accompagnement de l’Algérie aux côtés d’autres pays pionniers comme l’Égypte et l’Afrique du Sud pour réaliser la sécurité sanitaire », a-t-il affirmé. Il a proposé la création d’une haute commission africaine pour l’industrie du médicament, destinée à se réunir annuellement pour suivre les progrès réalisés et mettre en place un plan durable de coopération et d’échange d’expertises selon les besoins spécifiques de chaque pays. Mbaidedji Dekandji Francine, secrétaire d’État à la Santé publique et à la Prévention du Tchad, a exprimé son admiration pour l’expérience algérienne.

 Elle a rappelé que l’Algérie dispose aujourd’hui de plus de 230 unités de production pharmaceutique et que ce développement constitue « un pas important vers la sécurité sanitaire du continent, à travers des produits 100 % africains ». Le ministre mozambicain de la Santé, Ussene Isse, a quant à lui insisté sur l’importance d’adopter « une voie africaine unifiée », estimant que le continent possède les moyens de réaliser des avancées significatives si les efforts de ses États sont coordonnés. Le directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Mohamed Yakub Janabi, a rappelé que le continent importait entre 60 et 90 % de ses besoins en médicaments et vaccins, soulignant que l’exemple algérien constitue « un acquis majeur pour l’Afrique ». Il a ajouté que l’OMS appuiera l’Algérie à travers la délivrance de certificats et le renforcement de ses capacités concurrentielles à l’exportation, tout en servant de modèle à d’autres pays africains. Les débats ont également insisté sur la nécessité de créer une synergie entre les États africains, tant sur le plan industriel que réglementaire, afin de réduire la dépendance aux importations et d’assurer un accès équitable aux médicaments. La conférence a ainsi confirmé le rôle central de l’Algérie en tant que hub continental, capable de transformer les ambitions politiques en initiatives concrètes pour la souveraineté sanitaire.

 La Conférence ministérielle africaine a illustré comment l’Algérie, en partageant son expérience industrielle et en promouvant la coopération continentale, contribue à bâtir une Afrique plus autonome et résiliente sur le plan sanitaire. L’événement a montré que la production locale de médicaments n’est pas seulement une question industrielle mais un levier stratégique pour la sécurité sanitaire, le développement durable et l’intégration africaine. Par la combinaison d’une expertise nationale, d’un engagement politique et d’une coopération africaine renforcée, l’Algérie s’affirme aujourd’hui comme un acteur incontournable pour l’avenir de la santé sur le continent, capable de fédérer les efforts et de transformer la souveraineté sanitaire en réalité tangible pour tous les Africains.

R.I

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