JUSTICE :  Vers un système national intégré de prévention contre la drogue et les substances psychotropes

dknews
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Face à l’ampleur croissante du fléau des drogues et des substances psychotropes, qui menace la sécurité nationale et la santé des citoyens, l’Algérie franchit un nouveau pas dans sa lutte contre ce phénomène destructeur. Ce jeudi dernier, une journée d’étude d’envergure a été organisée au centre culturel de la Grande Mosquée d’Alger, placée sous le thème : « Création d’un système national intégré de prévention contre les drogues et les substances affectant les facultés mentales : Prévention – Prise en charge – Protection ». Cet événement a rassemblé magistrats, responsables du secteur de la justice, chercheurs, représentants des services de lutte contre la drogue, universitaires, psychologues, sociologues et membres de la société civile, illustrant la dimension multidisciplinaire indispensable à la lutte contre ce fléau. Présidant cette rencontre, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, M. Lotfi Boudjemaa, a réaffirmé la détermination de l’État à sanctionner toute personne impliquée dans le trafic de stupéfiants, soulignant que « la réponse sera ferme et proportionnée à la gravité des actes ». Il a rappelé l’importance de la stratégie nationale de prévention contre les drogues et substances psychotropes pour la période 2025-2029, conçue pour transformer l’approche fragmentée actuelle en un système global et intégré. Selon lui, cette stratégie repose sur une vision claire visant à renforcer la coordination entre les différents secteurs et à placer la prévention au premier rang des priorités, notamment par le développement de la conscience sociétale et l’intégration de l’éducation préventive dans le parcours scolaire et universitaire.

Le ministre a insisté sur le fait que la stratégie adopte une approche humaine envers les personnes souffrant de toxicomanie, les considérant comme des victimes nécessitant soins et réinsertion. « Il est impératif de protéger nos jeunes et de renforcer les mécanismes de vigilance et de diagnostic, tout en soutenant les efforts judiciaires et sécuritaires à travers des outils modernes », a-t-il précisé. Il a également souligné le rôle des institutions éducatives et religieuses dans la consolidation de cette approche préventive et dans la sensibilisation de la société. L’ouverture officielle de la journée a été marquée par la récitation de versets du Saint Coran et l’exécution de l’hymne national, symbolisant le caractère officiel et la dimension nationale de cette initiative. Dans son allocution, le recteur de Djamaa El-Djazair, Cheikh Mohamed Mamoune El-Kacimi El-Houceini, a salué les efforts de l’État pour mettre en place « un système juridique inclusif de lutte contre le fléau des stupéfiants », et a salué le rôle central de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) dans cette dynamique. Le directeur général de l’ONLCDT, Tarek Kour, a rappelé que cette journée visait à valoriser à la fois les mesures préventives et thérapeutiques, ainsi que les dispositions légales introduites en vertu de la loi relative à la prévention contre l’usage de stupéfiants et de substances psychotropes. Quant au directeur général du Centre de Recherche Juridique et Judiciaire (CRJJ), Boualem Ferhaoui, il a insisté sur la nécessité d’intégrer des approches analytiques et prospectives, permettant de mieux comprendre la transformation du mode de consommation de ces substances en Algérie et d’éclairer la stratégie nationale pour 2025-2029.

 La première intervention de la journée a été consacrée à l’analyse du phénomène des drogues dans le pays. Les experts ont présenté des études couvrant la période 2004-2024 et des projections jusqu’en 2029, soulignant l’émergence de nouvelles drogues de synthèse aux effets rapides et destructeurs, la circulation croissante de psychotropes détournés et l’élargissement des réseaux de trafic qui adoptent des méthodes toujours plus sophistiquées. Les conséquences sociales et économiques de ce phénomène ont été largement débattues, mettant en lumière l’impact direct sur les familles, les établissements scolaires et universitaires, ainsi que sur les structures de santé publique. La deuxième intervention a porté sur le cadre juridique et judiciaire. Les magistrats ont détaillé les avancées législatives réalisées par l’Algérie, tout en appelant à une adaptation rapide face aux nouvelles réalités du trafic et de la consommation. Ils ont plaidé pour une harmonisation des procédures, une modernisation des outils d’enquête et de contrôle, et pour la formation continue des professionnels de la justice et de la santé, afin de garantir une meilleure compréhension des substances nouvelles et d’offrir une réponse adaptée aux victimes de toxicomanie. L’ensemble des intervenants a insisté sur la nécessité de renforcer la coordination intersectorielle en établissant une plateforme collaborative regroupant justice, santé, éducation, affaires religieuses, sécurité, associations spécialisées et centres de prévention.

Une telle approche permettrait de centraliser les données, d’améliorer la prise en charge des personnes dépendantes et de mieux cibler les campagnes de sensibilisation destinées aux jeunes. Les recommandations formulées ont porté sur l’élaboration de programmes éducatifs de prévention dans les écoles et universités, le renforcement des centres de soins spécialisés et l’intensification de la lutte contre la diffusion de substances dangereuses via les réseaux sociaux et plateformes numériques. Par ailleurs, l’implication des acteurs religieux, notamment les imams, a été soulignée comme un levier essentiel pour renforcer la prévention et inculquer des valeurs protectrices au sein de la société. Les discussions ont permis d’identifier des mécanismes innovants pour soutenir les efforts judiciaires et sécuritaires, tout en consolidant l’accompagnement social et psychologique des personnes touchées par la toxicomanie. Cette approche holistique traduit la volonté de l’État de ne pas se limiter à la répression, mais d’intégrer la prévention, la protection et la réinsertion au cœur de la stratégie nationale.

La journée d’étude a culminé par une séance de synthèse, qui a permis de rassembler l’ensemble des recommandations et propositions émises par les participants. Tous ont salué l’organisation de cette rencontre, considérant qu’elle constitue un jalon stratégique dans l’édification d’une politique nationale robuste et cohérente de lutte contre les drogues et les substances psychotropes. L’appel a été lancé pour la généralisation de ce type de journées dans toutes les wilayas du pays, afin d’instaurer une vision unifiée de la prévention et de renforcer la résilience sociale face à un phénomène en constante évolution.  Les autorités ont offert un espace propice au dialogue et à la réflexion, tout en réaffirmant l’importance de mobiliser toutes les institutions et toutes les expertises pour protéger la société, en particulier la jeunesse. Le message est clair : face aux dangers des drogues, l’Algérie s’engage sur la voie d’une stratégie intégrée, proactive et humaine, visant à bâtir un avenir plus sûr, plus sain et plus solidaire pour l’ensemble de ses citoyens.

 Cette initiative nationale illustre également la volonté du pays de transformer ses approches fragmentées en un modèle global où la justice, la santé, l’éducation et les valeurs sociales convergent pour prévenir le phénomène avant qu’il ne se propage. Avec la mise en place de mécanismes modernes de prévention, de diagnostic et de vigilance, et en plaçant la conscience collective et la responsabilité sociétale au cœur de l’action, l’Algérie affirme son engagement à protéger sa jeunesse et à consolider la sécurité et la stabilité nationales.

Abed  MEGHIT

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