La JS Kabylie s’apprête à vivre, vendredi prochain au stade « Hocine-Aït-Ahmed », l’un de ces moments qui peuvent redonner vie à une saison, ranimer une ferveur, ou au contraire plonger
un club dans le doute le plus profond.
Après la lourde défaite concédée au Caire face à Al Ahly, les Canaris n’ont plus le droit à l’erreur.
Ils sont attendus, scrutés, parfois critiqués, mais surtout espérés par des milliers de supporters qui refusent de voir leur club s’enfoncer.
Le rendez-vous face aux Young Africans, comptant pour la Ligue des champions africaine, dépasse le simple cadre d’un match.
Il s’agit d’un tournant décisif, d’un instant de vérité où chaque joueur sera face à lui-même, face à son club, face à son histoire.
Le technicien allemand Josef Zinnbauer, conscient de l’enjeu et des failles montrées en Égypte, a d’ores et déjà annoncé des changements.
Le temps n’est plus aux explications, encore moins aux regrets.
Le temps est à la réaction.
« Repartir du bon pied », répète-t-il depuis le retour du Caire.
Car revenir en arrière n’apportera rien : seule la suite compte, et cette suite se joue vendredi, à 17 h, dans un stade qui s’annonce incandescent.
La défaite face à Al Ahly a laissé des traces, notamment psychologiques.
Les joueurs kabyles étaient apparus méconnaissables, loin de leurs standards habituels, incapables de proposer le moindre sursaut.
Zinnbauer a récupéré un groupe démoralisé, presque assommé par l’ampleur du revers.
Sa mission première a été de libérer ses hommes mentalement, de remettre du courage et de la confiance dans une équipe qui, malgré ses difficultés, possède des joueurs capables de renverser un match sur un éclair de génie, une course déterminée ou un geste inspiré.
C’est dans cette optique que le coach allemand prépare sa stratégie.
Il n’hésitera pas à bousculer son onze, à mettre certains cadres sur le banc et à injecter du sang neuf dans l’effectif.
Ceux qui ont déçu au Caire pourraient perdre leur place, non pas par sanction directe, mais parce que le moment impose de la fraîcheur, de la rage positive, du dépassement de soi.
Face aux Young Africans, chaque minute comptera.
Chaque duel aura son importance.
Chaque erreur pourrait coûter cher.
Les Canaris, qui restent également sur une défaite en championnat face au CSC, n’ont d’autre alternative que de sortir un match plein, engagé, intelligent et fougueux.
Pourtant, malgré les doutes et la pression, une force s’est levée : celle du public kabyle.
Le revers au Caire n’a pas refroidi l’âme des supporters, bien au contraire.
Dès l’annonce de l’horaire du match, les groupes de fans ont lancé des appels à une mobilisation totale.
Tifos, chants, drapeaux, slogans préparés depuis des jours… Tout indique que le stade « Hocine-Aït-Ahmed » sera plein à craquer.
Le douzième homme entend jouer son rôle, pousser l’équipe, lui rappeler que rien n’est jamais perdu quand la volonté s’en mêle.
La JSK retrouvera son ambiance des grandes soirées africaines, ces soirées où la ferveur kabyle devient un ouragan.
Ce soutien populaire pourrait être déterminant, car les Kabyles n’auront pas en face d’eux une équipe quelconque.
Les Young Africans, finalistes des compétitions africaines lors des dernières saisons, ont gagné en maturité, en maîtrise, en personnalité.
Leur attaquant Prince Dube, buteur lors de la première journée, est l’une des principales menaces offensives.
Les Tanzaniens arrivent en Algérie avec l’ambition claire de faire un coup, sachant pertinemment que la JSK est sous pression et que le contexte pourrait jouer en leur faveur si les Jaune et Vert ne parviennent pas à gérer leurs émotions.
Dans cette bataille, toutes les attentes convergent vers un homme : Riad Boudebouz.
L’ex-magicien de Saint-Étienne, adulé par les supporters, est considéré comme le dépositaire du jeu, celui capable d’inventer ce que personne n’attend.
Mais avec le talent vient aussi la pression.
Boudebouz le sait, mais ne fuit pas.
« La pression ? On est déterminés à se qualifier, tous ensemble.
Je sens qu’on peut réaliser quelque chose de grand », confiait-il à deux jours du match.
Ses mots résonnent comme une promesse, celle d’un joueur prêt à porter l’équipe, à inspirer, à tirer ses partenaires vers le haut.
Vendredi, c’est un Boudebouz attendu au tournant qui foulera la pelouse, dans une atmosphère de feu.
Autre élément scruté avec attention : Arthur Bada, la recrue ivoirienne.
Le joueur bénéficie d’une réputation flatteuse, souvent décrit comme explosif, déroutant, capable d’apporter cette étincelle offensive qui manque parfois à la JSK.
Les supporters attendent de savoir s’il sera ce « dynamiteur » annoncé ou s’il devra encore du temps pour s’adapter.
Là encore, la réponse viendra du terrain.
Le staff croit en lui.
Les fans espèrent.
Zinnbauer, lui, sait que certaines révélations ne naissent que dans la difficulté.
Et la JSK traverse bel et bien un moment où les héros se révèlent.
Du côté du staff, l’analyse du jeu tanzanien est claire : Young Africans est une équipe disciplinée, capable de transitions rapides et dotée d’un bloc compact.
« C’est une formation qui a beaucoup gagné en maturité ces dernières années », reconnaît le coach allemand.
Mais il reste confiant : « Nous avons notre mot à dire.
Nous avons les moyens de gagner nos matchs et de nous qualifier.
» Ces mots trahissent une conviction profonde : celle que la JSK peut encore renverser sa campagne africaine et écrire une nouvelle page de son histoire.
Ce match peut tout changer.
Une victoire replacerait les Canaris dans la course, redonnerait confiance aux joueurs, calmerait les critiques, et surtout rétablirait cette liaison presque sacrée entre un club et son peuple.
Une défaite, en revanche, compliquerait sérieusement les espoirs de qualification.
Voilà pourquoi vendredi, au stade Hocine-Aït-Ahmed, les Kabyles joueront bien plus que trois points.
Ils joueront une part de leur identité sportive, une part de leur fierté.
Les Canaris le savent : ils sont au pied du mur.
Les Young Africans arrivent sans pression excessive, mais avec une ambition claire.
Le spectacle promet d’être intense, engagé, passionné.
Et lorsque l’arbitre donnera le coup d’envoi, une seule vérité comptera : celle du terrain.
L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action.
Et dans cette action, la JSK est attendue, espérée, poussée, portée.
Vendredi, toute une région retiendra son souffle.
Une victoire, et tout redevient possible.
Une réaction, et la JSK redeviendra ce qu’elle a toujours été : un club qui ne meurt jamais, surtout quand son peuple se tient debout derrière lui.
