À Genève, l’alarme a sonné d’une manière rarement aussi explicite.
Le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a averti lundi que l’ensemble du système international de protection des droits fondamentaux était aujourd’hui en “mode survie”, sous l’effet combiné d’un effondrement des financements, de reculs législatifs et d’une pression politique grandissante.
L’intervention a eu lieu en marge du Forum des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l’homme, où plusieurs organisations ont alerté sur une situation qui met en péril leur capacité à agir.
Selon Volker Türk, le Haut-commissariat traverse une crise financière d’une ampleur exceptionnelle, aggravée par les décisions des États-Unis, principal contributeur du système onusien, qui ont suspendu leurs versements depuis le retour au pouvoir du président Donald Trump.
Avec seulement 73 % des contributions prévues pour 2025 et un déficit immédiat de 67 millions de dollars, l’institution se retrouve dans une position extrêmement vulnérable.
À cela s’ajoutent des dizaines de millions de dollars gelés côté américain, compromettant encore davantage les missions d’observation, d’assistance et de plaidoyer.
Ce manque de moyens survient alors même que les violations des droits humains s’intensifient dans plusieurs régions du monde, entre conflits armés, répressions politiques, crises sociales et atteintes aux libertés numériques.
“L’écosystème tout entier des droits de l’homme vacille”, a averti Türk, soulignant que de nouvelles coupes budgétaires pourraient paralyser des programmes indispensables, notamment ceux destinés à protéger les défenseurs des droits humains et les populations vulnérables.
La communauté internationale est désormais confrontée à un choix crucial : renforcer son engagement ou laisser s’affaiblir l’un des piliers du système multilatéral.
À Genève, le débat s’annonce intense, mais l’urgence exprimée par le Haut-commissaire ne laisse place à aucune ambiguïté.
R. I.
