La révision annuelle des listes électorales pour l’année 2025 s’est officiellement achevée et les listes actualisées seront affichées dès ce dimanche à travers l’ensemble du territoire national ainsi qu’au niveau des représentations diplomatiques. L’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) confirme la fin des opérations de mise à jour, lesquelles ont permis d’intégrer les nouveaux inscrits, d’enregistrer les radiations nécessaires et de corriger ou compléter les données personnelles de nombreux électeurs. Cette opération constitue un moment essentiel dans le cycle électoral, car elle garantit l’exactitude, la transparence et la crédibilité des fichiers électoraux.
L’ANIE rappelle que tout citoyen conserve le droit de contester une inscription jugée indue, de signaler une omission ou de déposer un recours dans sa propre circonscription. Ces recours peuvent être introduits auprès des commissions communales ou, pour les ressortissants établis à l’étranger, auprès des commissions installées dans les consulats. La période dédiée à cette révision s’étend jusqu’au 3 décembre, tandis que les recours judiciaires peuvent être enregistrés jusqu’au 14 décembre et seront tranchés avant le 19 du même mois. Mais au-delà de cette mise à jour administrative, un autre débat agite le paysage politique : quelles seront les prérogatives exactes du ministère de l’Intérieur dans l’organisation du prochain scrutin ? Le gouvernement prépare en effet des amendements à la loi électorale et à la loi organique encadrant l’ANIE afin d’adapter le cadre juridique à l’évolution du système électoral et clarifier les responsabilités respectives des institutions. Le ministère de l’Intérieur souligne régulièrement que son rôle est strictement administratif et que dès la convocation du corps électoral, toutes les prérogatives liées au déroulement du scrutin reviennent à l’ANIE.
Les futurs textes devraient renforcer cette articulation et dissiper toute ambiguïté. Pour de nombreux spécialistes, cette dynamique s’inscrit dans un mouvement global de réformes politiques visant à renforcer l’État de droit et à consolider la gouvernance démocratique. Selon le politologue et constitutionnaliste Moussa Boudhane, ces réformes traduisent une volonté d’approfondir le pluralisme et de moderniser les pratiques politiques. Il souligne notamment l’importance de la séparation des pouvoirs, rappelant que le juge demeure le garant ultime du respect de la loi. En cas de litige ou d’irrégularité, c’est vers lui que se tourne la résolution des conflits, conformément aux textes régissant la vie politique et électorale. Les principales formations représentées au Parlement « FLN, RND, El Bina et El Moustakbal » ont déjà soumis une série de propositions visant à renforcer l’intégrité du processus électoral. Parmi elles figure la mise en place de mécanismes plus stricts pour vérifier les activités suspectes ou les risques de corruption entourant certains candidats. Une clarification plus nette de la limite des mandats au sein des partis politiques est également recommandée. Pour Boudhane, il s’agit d’un principe logique : de même que le président de la République ne peut exercer plus de deux mandats, les dirigeants de partis devraient être soumis à des règles similaires afin de favoriser le renouvellement et l’ouverture du champ politique à la jeunesse. Le financement des partis constitue un autre enjeu majeur.
Actuellement, les subventions publiques reposent essentiellement sur les performances électorales, mais plusieurs voix s’élèvent pour renforcer les règles de transparence et éviter les dérives. Des mécanismes plus rigoureux pourraient être introduits afin de mieux encadrer l’utilisation des ressources financières. Selon le politologue, ces réformes visent un objectif fondamental : inscrire durablement l’alternance pacifique et démocratique du pouvoir dans la réalité quotidienne du citoyen. Elles s’adressent autant au niveau national qu’aux assemblées locales, notamment les APC où les enjeux de gouvernance sont particulièrement visibles pour les populations. L’ambition est de mettre en place un cadre institutionnel stable, juste et efficace, capable d’élever le niveau de gouvernance et de renforcer la confiance entre l’État et les citoyens.
Dans un contexte où la classe politique semble majoritairement mobilisée autour de ces objectifs, la révision des listes électorales 2025 apparaît comme la première étape d’un processus plus large de modernisation du système électoral algérien. Elle s’inscrit dans une dynamique de réformes profondes, destinées à adapter les institutions aux attentes contemporaines et à assurer une participation citoyenne mieux encadrée, plus transparente et pleinement sécurisée. Une gouvernance électorale modernisée constitue l’un des fondements d’une démocratie solide et l’Algérie affiche la volonté d’y parvenir par un travail rigoureux, continu et partagé.
R.N
