Le chantier de réalisation de la station de dessalement de l’eau de mer (SDEM) de Mostaganem marque une nouvelle étape décisive dans la stratégie nationale de sécurisation hydrique. Lancé ce samedi à la plage de Sidi El-Adjal, dans la commune de Khadra, cet immense projet a été officiellement supervisé par le PDG du groupe Sonatrach, Noureddine Daoudi, et le PDG de l’Entreprise algérienne de dessalement de l’eau (EADE), Lahcen Bada, en présence des autorités locales. Au-delà de la symbolique, ce lancement représente un tournant attendu, inscrit dans le cadre du second programme complémentaire de dessalement approuvé récemment par le Conseil des ministres. L’emplacement de la station n’a rien d’anodin : il a été soigneusement choisi pour sa capacité à alimenter plusieurs wilayas voisines, notamment Mostaganem, Tissemsilt et Tiaret, confrontées depuis des années à une diminution inquiétante de la pluviométrie. Avec la sécheresse persistante et le changement climatique qui fragilisent les ressources souterraines et les barrages, l’Algérie poursuit une politique ambitieuse et pragmatique tournée vers l’eau dessalée, une ressource désormais indispensable pour garantir l’alimentation en eau potable de millions de citoyens.
Le programme complémentaire auquel appartient la station de Mostaganem prévoit également la construction de deux autres grandes stations à Chlef et Tlemcen, portant l’ensemble à six unités qui, une fois opérationnelles, augmenteront la production nationale quotidienne d’eau dessalée de 1,8 million de m³. À l’horizon 2030, plus de 60 % des besoins du pays devraient ainsi être couverts par l’eau issue du dessalement, permettant à l’Algérie de renforcer durablement sa souveraineté hydrique. Sur le plan technique, la station de Mostaganem adopte la technologie de l’osmose inverse, reconnue mondialement pour son efficacité et son rendement énergétique. Le projet est réalisé selon les formules FEED et EPC, confiées à la société SARPI, filiale du groupe Sonatrach, déjà expérimentée grâce à la réalisation réussie de la station d’El Tarf. Implantée sur 12 hectares, l’infrastructure bénéficiera d’une livraison partielle dans un délai de 22 mois et devrait produire, dans une première phase, 150 000 mètres cubes d’eau par jour. Mais l’importance du chantier dépasse largement la seule dimension technique.
Comme le précise Sonatrach dans son communiqué, ce projet est pensé comme un levier de développement économique, social et technologique pour tout l’Ouest algérien. Il générera des centaines d’emplois directs durant les phases d’étude, de construction et d’exploitation, ainsi que de nombreux emplois indirects dans des secteurs complémentaires. S’ajoute à cela un transfert technologique de grande valeur pour les ingénieurs et techniciens algériens, qui bénéficieront d’un savoir-faire de pointe dans un domaine devenu stratégique à l’échelle internationale. À terme, la station contribuera à assurer l’alimentation en eau potable de près de trois millions de citoyens, tout en réduisant la pression exercée sur les barrages régionaux, de plus en plus affectés par la sécheresse. Cette diversification des ressources hydriques constitue un élément essentiel de la résilience nationale face aux défis climatiques. La nouvelle politique de l’eau, impulsée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit d’ailleurs dans une vision de long terme en misant sur la multiplication de stations modernes, performantes et réparties sur plusieurs régions afin de sécuriser le pays tout entier. En définitive, la station de Mostaganem n’est pas seulement un projet d’infrastructure : elle symbolise la détermination de l’État à garantir l’accès durable à une ressource vitale. Elle incarne également un modèle de coopération entre institutions nationales, entreprises publiques, expertises locales et orientations stratégiques du plus haut niveau de l’État. Dans un contexte mondial marqué par le stress hydrique, l’Algérie avance avec un cap clair, une volonté affirmée et un investissement massif pour transformer l’eau de mer en une source stable, fiable et accessible à tous.
R.L
