Une première table ronde d’envergure consacrée à la refonte des politiques du médicament a été organisée samedi à Alger par l’Algerian Society of Health Policy and Economics (ASHPE), en partenariat avec l’ISPOR Chapter Algérie. Cette rencontre, tenue à l’Institut Pasteur de Sidi Fredj, réunit des responsables, des experts, des universitaires, des opérateurs économiques et des représentants institutionnels afin d’engager un débat structuré sur la fixation des prix, les mécanismes de remboursement et l’accès équitable aux innovations thérapeutiques. L’ASHPE lance à cette occasion une initiative scientifique nationale : l’élaboration d’un Position Paper destiné à devenir une référence stratégique dans le domaine pharmaceutique.
Ce document analysera en profondeur le système actuel, identifiera les principaux points de fragilité et proposera des solutions fondées sur les données scientifiques et les meilleures pratiques internationales. Selon le président de l’ASHPE, le Pr Kamel Mansouri, ce travail s’inscrit dans une démarche globale visant à éclairer les politiques publiques par l’analyse rigoureuse et la concertation. Lors de l’ouverture des travaux, Pr Mansouri rappelle que cette première table ronde constitue un moment charnière : elle pose les bases d’un processus de consultation structuré, destiné à aboutir à des recommandations solides.
En examinant les procédures actuelles de fixation des prix, les critères d’éligibilité à la liste commerciale, les mécanismes de remboursement et le fonctionnement des appels d’offres hospitaliers, les participants cherchent à dégager des pistes d’amélioration adaptées au contexte national. Ce débat intervient dans un moment crucial où les coûts des médicaments ne cessent d’augmenter, tandis que de nouvelles thérapies innovantes émergent à un rythme accéléré. La collaboration étroite entre l’ASHPE et l’ISPOR Chapter Algérie constitue un apport fondamental. L’ISPOR, organisation internationale de référence dans l’économie de la santé, offre un cadre méthodologique fondé sur l’analyse de la valeur, l’efficience, l’impact budgétaire et la décision informée.
Selon son président, le Pr Merzak Ghernaout, cette coopération permettra de renforcer la culture de l’évaluation économique dans les institutions nationales et d’offrir une vision cohérente de ce que pourrait être une politique du médicament moderne, transparente et durable. Au cours de cette rencontre, trois axes principaux ont été discutés : les mécanismes de fixation des prix, l’éligibilité des médicaments à la commercialisation et les modalités de remboursement et d’approvisionnement. Chaque intervention a donné lieu à un échange nourri, permettant d’exprimer les préoccupations des experts de terrain, des représentants des institutions publiques et des opérateurs pharmaceutiques. Les contributions recueillies alimenteront une première version du Position Paper, qui sera approfondie lors des prochaines sessions, dont l’une sera entièrement consacrée aux retours d’expériences internationales.
Cette table ronde illustre la volonté de l’Algérie de repenser ses politiques pharmaceutiques dans un contexte marqué par les défis de la mondialisation, l’évolution rapide des technologies médicales et les contraintes budgétaires. L’objectif principal demeure d’assurer un accès équitable aux traitements, tout en garantissant la soutenabilité du système de santé. Une politique du médicament moderne ne peut se limiter à une logique administrative : elle doit être fondée sur la preuve, la concertation, l’analyse fine des besoins et la compréhension des dynamiques scientifiques et économiques mondiales. À travers cette initiative, l’ASHPE et l’ISPOR Algérie ambitionnent de fournir aux autorités un outil d’aide à la décision qui permettra d’améliorer l’efficacité, la transparence et la cohérence des politiques pharmaceutiques. Il s’agit d’un premier pas vers une vision stratégique nationale qui place la science, l’innovation et l’intérêt du patient au cœur des réformes.
R.N
