À un peu moins de trois mois du début du mois sacré, l’Algérie entre progressivement dans une période d’intenses préparatifs qui mobilise à la fois les familles et les services publics.
Car si le Ramadhan est avant tout un moment spirituel, il devient chaque année un véritable champ de bataille économique où s’affrontent, d’un côté, les pouvoirs publics cherchant à protéger le marché, et de l’autre, les spéculateurs qui tentent d’exploiter chaque faille au détriment du citoyen.
C’est dans ce contexte récurrent, souvent marqué par des envolées incontrôlées des prix, que les préparatifs doivent commencer bien avant l’arrivée du mois sacré.
Dans les foyers, les ménagères prennent déjà les devants : mise en conservation de produits alimentaires, constitution de réserves indispensables, anticipation des hausses inévitables… Ces stratégies coutumières, fruits d’années d’expérience, visent à profiter des prix encore raisonnables avant qu’ils ne s’envolent à l’approche du premier jour du jeûne.
Car la flambée des prix, devenue presque une fatalité, reste le premier signal de l’arrivée imminente du Ramadhan.
Les pouvoirs publics, de leur côté, s’emploient comme chaque année à élaborer des plans d’action inspirés des enseignements du passé.
Ministères, services de contrôle, directions du commerce, autorités locales : tous préparent, chacun à son niveau, une série de mesures visant à réguler les prix, garantir la qualité des produits proposés et lutter contre la spéculation galopante qui atteint son paroxysme avant même le début du mois sacré.
Mais cette gestion, aussi rigoureuse soit-elle, se heurte souvent à une réalité difficile à maîtriser : l’ingéniosité des spéculateurs qui, prévoyant les actions de l’État, déploient leurs propres stratégies pour contourner les contrôles et manipuler le marché.
Cette confrontation quasi permanente entre les institutions et les réseaux spéculatifs ne peut, toutefois, être gagnée sans l’implication du citoyen lui-même.
L’expérience montre que les comportements passifs et la résignation de certains consommateurs contribuent, malgré eux, à renforcer les pratiques illicites et à donner un terrain favorable aux spéculateurs.
Pour inverser cette tendance, la mobilisation citoyenne doit devenir un maillon essentiel de la lutte économique, particulièrement durant cette période sensible où la pression sur les produits de large consommation atteint des niveaux extrêmes.
Le rôle des médias, de l’École, de la Mosquée et des associations devient alors déterminant.
Ces institutions restent les premières sources de sensibilisation capables d’alerter les citoyens sur les dangers de la spéculation et de leur rappeler qu’ils sont les premiers concernés, et les premiers impactés, par ces dérives.
Quand les spéculateurs dictent le marché, c’est que l’État se retrouve affaibli ou absent sur le terrain.
C’est aussi le signe que la société civile doit se saisir du problème avec davantage de responsabilité.
À l’approche du Ramadhan 2026, un seul constat s’impose : la bataille pour la stabilité des prix et la protection du pouvoir d’achat commence dès maintenant.
Elle nécessite une alliance solide entre l’État, les institutions économiques, les citoyens et les acteurs de la société civile.
Car ce mois sacré, devenu un enjeu économique majeur, ne peut être protégé que par une vigilance collective et un engagement constant.
R.E
