L’ONU relance l’alerte mondiale contre les armes chimiques et appelle à un sursaut international

dknews
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À quelques jours de la Journée du souvenir dédiée à toutes les victimes de la guerre chimique, célébrée chaque année le 30 novembre, les Nations Unies tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme face à la persistance d’un fléau que la communauté internationale pensait relégué aux archives les plus sombres du XXᵉ siècle.
Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a livré un message solennel, empreint d’une gravité particulière, en exhortant les États à réaffirmer, sans ambiguïté, leur engagement pour un monde définitivement débarrassé des armes chimiques, ces « armes répugnantes » dont l’utilisation, a-t-il rappelé, demeure « abominable ».
Un siècle s’est écoulé depuis l’adoption du Protocole de Genève de 1925, premier instrument international majeur ayant interdit l’usage des armes chimiques dans les conflits armés.
Ce texte fondateur, né des atrocités observées pendant la Première Guerre mondiale, avait marqué l’un des premiers actes de la communauté internationale en faveur d’une régulation humanitaire des conflits.
Cent ans plus tard, ce centenaire offre l’occasion de mesurer les progrès accomplis, mais également de constater les défis persistants.

Pour Guterres, le danger n’a pas disparu.
Pire encore : les avancées scientifiques et technologiques rapides pourraient faciliter l’accès et l’utilisation de ces agents mortels par des acteurs étatiques ou non étatiques, un risque qui inquiète profondément les experts du désarmement.
À l’heure où l’innovation ouvre des perspectives considérables dans les domaines civil, médical et industriel, elle peut également, si elle est détournée, amplifier les capacités de destruction chimique.
Le Secrétaire général insiste sur un fait incontestable : malgré les engagements successifs, les violations persistent.
Des cas d’utilisation avérée ou suspectée d’agents toxiques ont été rapportés ces dernières années dans différents contextes, faisant resurgir les inquiétudes et fragilisant les acquis d’un siècle de diplomatie humanitaire.
Ce constat justifie l’appel urgent de l’ONU : les États doivent non seulement réaffirmer leur adhésion aux textes existants, mais également renforcer leur coopération, leurs mécanismes de surveillance et leurs capacités de prévention.
La Convention sur les armes chimiques (CACh), entrée en vigueur en 1997 et ratifiée par la quasi-totalité des pays du monde, demeure l’instrument phare de ce combat.

Guterres salue les efforts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui supervise les opérations de démantèlement, les inspections, les enquêtes et le suivi du respect de la Convention.
L’OIAC est également chargée de sensibiliser, former et accompagner les États membres pour renforcer leurs législations et leurs capacités techniques.
La commémoration du 30 novembre constitue ainsi un moment de recueillement envers les victimes, mais aussi un rappel puissant de la responsabilité collective.
L’ONU souligne que si « de plus en plus d’États » ont adhéré à la Convention, certains restent encore en dehors du cadre international, un angle mort pouvant fragiliser l’ensemble de l’architecture de sécurité chimique mondiale.
L’objectif d’un monde totalement exempt d’armes chimiques ne peut être atteint que si l’universalité du traité est réalisée.
Au-delà des démarches politiques, l’enjeu est également moral.
Les armes chimiques, par leur nature indiscriminée, leur capacité à provoquer des souffrances atroces et des séquelles irréversibles, sont unanimement considérées comme contraires aux principes fondamentaux du droit international humanitaire.

Elles symbolisent l’inhumanité la plus brute, celle qui frappe aveuglément, sans distinction entre civils et combattants, entre enfants et adultes.
Cet appel de Guterres intervient dans un contexte international tendu, marqué par des conflits multiples, une montée des tensions géopolitiques et une crise de confiance généralisée entre les grandes puissances.
Pour l’ONU, ce moment de fragilité globale doit au contraire inciter les nations à renouer avec l’esprit de coopération qui avait permis, il y a un siècle, de poser les premières pierres d’un monde plus sûr.
Le message est clair : l’interdiction des armes chimiques n’est pas une question de circonstance, mais un impératif absolu.
Seule une mobilisation renouvelée, fondée sur la transparence, la solidarité et le respect du droit international, permettra de garantir aux générations futures que ces armes ne referont plus jamais surface.

R.I

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