BÉJAÏA : L’Akfadou en voie de devenir un parc national, un tournant majeur pour la protection d’un massif d’exception

dknews
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Le massif forestier de l’Akfadou, l’un des espaces écologiques les plus emblématiques du pays, s’apprête à franchir un cap décisif vers sa préservation durable grâce à la finalisation de son étude de classement en aire protégée.
Ce travail scientifique de grande envergure, piloté par le Bureau national d’études pour le développement rural (Bneder) et validé par la commission de wilaya, marque un tournant majeur pour Béjaïa et pour l’ensemble des acteurs concernés par l’avenir de ce véritable poumon vert.
L’étude, lancée en mars 2024 et financée par l’Assemblée populaire de wilaya pour un montant de 5,5 millions de dinars, devra désormais être soumise à la Commission nationale des aires protégées, seule instance habilitée à prononcer le classement définitif.
Selon la représentante du Bneder, tout porte à croire que la catégorie de parc national serait la plus appropriée pour un site dont la richesse écologique, paysagère et culturelle dépasse largement le cadre local.

Ce diagnostic repose sur un inventaire approfondi de la faune, de la flore, du couvert végétal et des paysages, ainsi que sur une analyse du contexte socio-économique des zones riveraines.
Le document propose un zonage structuré en trois espaces complémentaires : un cœur scientifique strictement protégé, une zone tampon où les activités seront encadrées, et une zone de transition destinée aux usages régulés.
L’objectif est clair : préserver ce patrimoine naturel exceptionnel tout en maintenant les activités humaines vitales pour les populations.
Cette approche équilibrée découle d’un large processus de concertation sur le terrain, où 91 % des riverains ont exprimé leur adhésion au projet, à condition que le classement ne porte pas atteinte à leur accès aux ressources essentielles, en particulier l’eau des sources.
La représentante du secteur de l’environnement a tenu à rappeler que « classer n’est pas interdire, c’est protéger », insistant sur la nécessité d’impliquer pleinement les habitants dans la gestion future du site.Les chasseurs ont également plaidé pour un encadrement de leur activité plutôt qu’une exclusion totale, tandis que plusieurs intervenants ont proposé que Béjaïa accueille le futur siège administratif de l’aire protégée.L’association féminine rurale Afud a, pour sa part, mis en avant l’importance de projets économiques durables permettant aux femmes rurales de participer et de bénéficier des retombées positives du classement.Le massif de l’Akfadou, au-delà de sa valeur écologique, représente un espace économique stratégique, notamment grâce à son immense chênaie-liège qui s’étend sur près de 54 000 hectares.Ce potentiel alimentait autrefois les unités de transformation de Béjaïa et Jijel avec plus de 10 000 m³ de liège. Aujourd’hui, la production est tombée à environ 2 000 m³, conséquence directe des incendies dévastateurs ayant ravagé plus de 5 000 hectares et des coupes illicites orchestrées par des réseaux organisés. Face à cette situation, la Conservation des forêts a déjà lancé un programme de reboisement, tout en soulignant que celui-ci doit impérativement s’accompagner d’une surveillance accrue pour freiner les dégradations persistantes.

La finalisation de l’étude de classement suscite désormais un grand espoir chez les habitants, les associations et les autorités locales. Beaucoup y voient l’opportunité d’instaurer un dispositif pérenne de protection à la hauteur de l’importance écologique, économique et culturelle de l’Akfadou, un massif unique dont la préservation s’impose comme une urgence nationale.
R.L

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