L’équipe nationale algérienne s’apprête à disputer, demain à 17h30 au stade du Roi Abdellah à Djeddah, un match amical d’une importance capitale face à l’Arabie Saoudite.
Bien au-delà d’un simple rendez-vous de préparation, cette confrontation constitue une étape décisive dans la construction du groupe que Vladimir Petković entend mener vers la Coupe d’Afrique des nations 2025 au Maroc.
La victoire convaincante face au Zimbabwe (3-1) a permis de relancer une dynamique positive, mais le choc face aux Saoudiens représente un test de vérité pour mesurer les acquis, révéler les lacunes et affiner la physionomie d’une équipe en pleine mutation.
Depuis son arrivée à la tête des Verts, Petković a souvent surpris par ses choix tactiques, alternant entre plusieurs systèmes sans réellement s’arrêter sur une formule durable.
Pourtant, l’ancien sélectionneur suisse a toujours été présenté comme un partisan du 3-5-2, un schéma qui avait fait sa force dans d’autres expériences.
Après un an et demi d’essais successifs – du 4-2-3-1 au 3-4-3 en passant par le 4-1-4-1 – le technicien semble désormais décidé à revenir vers son dispositif favori, profitant de ce cycle de matches amicaux pour l’installer au cœur du nouveau projet des Verts.
La rencontre face au Zimbabwe lui a offert l’occasion de tester cette structure pour la première fois avec l’Algérie, dans un contexte idéal et face à un adversaire qui n’a pas su lui opposer une réelle résistance.
Cette volonté de transition tactique intervient dans une période délicate, marquée par plusieurs absences de poids. Amine Gouiri, récemment opéré de l’épaule, ne pourra réintégrer le groupe avant plusieurs semaines.
Ramy Bensebaïni, légèrement blessé, est également forfait pour ce rassemblement, tout comme Farès Chaïbi, victime d’une lésion musculaire. Ces trois cadres habituels laissent un vide dans les transitions rapides, l’organisation défensive et la variété offensive.
Toutefois, ces absences offrent aussi une opportunité pour des joueurs en pleine ascension, à l’image d’Anis Hadj Moussa ou encore Ibrahim Maza, de s’exprimer et de gagner des points à l’approche de la CAN. La forme actuelle de plusieurs internationaux constitue d’ailleurs l’une des satisfactions du staff technique.
Riyad Mahrez, rayonnant avec Al-Ahli en Saudi Pro League, demeure le leader technique incontesté.
Hadj Moussa confirme match après match son explosion en Eredivisie.
Ibrahim Maza séduit en Allemagne avec Leverkusen par sa maturité et son intelligence de jeu, tandis que Mohamed Amoura continue de faire parler sa vitesse et son efficacité en Suisse.
Cette richesse offensive offre à Petković des options variées, capables de redynamiser une équipe souvent en manque d’inspiration ces derniers mois.
Le test saoudien se déroulera dans des conditions proches de celles que les Verts rencontreront au Maroc durant la CAN : chaleur, humidité, intensité physique et gestion des efforts. C’est aussi un adversaire que l’Algérie connaît bien.
L’historique entre les deux sélections a souvent donné lieu à des duels engagés, parfois spectaculaires.
La lourde défaite de 1998 (3-0), celle de 2017 (2-0) ou encore le 4-2 des éliminatoires du Mondial 1984 ont laissé des traces. Le nul de 1986 reste le seul résultat équilibré.
Le face-à-face de Djeddah, lui, intervient dans un contexte très différent : l’Algérie est en reconstruction et l’Arabie Saoudite, malgré des progrès notables, cherche encore son équilibre.
Le dernier match des Saoudiens, remporté 1-0 face à la Côte d’Ivoire, a montré une équipe capable de résister mais encore fragile défensivement.
Hervé Renard n’avait pas aligné son meilleur onze, mais les Ivoiriens, malgré une prestation inégale, auraient pu revenir au score à plusieurs reprises.
Cette fragilité pourrait inciter Petković à adapter son schéma, voire à revenir à une défense à quatre si les circonstances l’exigent. Boudaoui, qui n’a pas pris part aux entraînements du début de stage, demeure incertain.
En revanche, Mahrez, Aouar et Mandi devraient retrouver leur statut de titulaires, tout comme Guendouz dans les cages.
Aït-Nouri pourrait également réintégrer son couloir gauche, une donnée qui pourrait redistribuer les cartes dans l’organisation générale.
Au milieu, l’incertitude plane autour d’Ismaël Bennacer, légèrement touché et préservé lors de la dernière séance.
Le plan idéal de Petković repose pourtant sur un trio Boudaoui – Bennacer – Aouar, un axe technique et complémentaire qu’il souhaite installer durablement pour stabiliser le jeu et offrir plus de fluidité dans les transitions.
Si Bennacer est ménagé, Maza pourrait être aligné dans un rôle plus offensif, profitant de son intelligence tactique et de sa capacité à casser les lignes. L’un des enjeux majeurs concernera également le côté droit.
Belghali, reconduit malgré une prestation mitigée face aux Zimbabwéens, joue gros. Sa capacité à apporter du danger, à répéter les efforts et à s’adapter au rythme du haut niveau sera scrutée par le staff technique.
Le match contre les Saoudiens représente pour lui un tournant, tout comme pour plusieurs éléments qui espèrent figurer dans la liste finale pour la CAN.
Au-delà de l’aspect tactique, cette confrontation revêt une dimension psychologique essentielle.
L’Algérie doit retrouver de la constance, de l’ambition et une identité de jeu cohérente. Djeddah pourrait ainsi marquer un virage important dans le projet Petković.
Face à un adversaire solide, devant un public nombreux et dans un environnement exigeant, les Verts devront montrer plus que des intentions : ils devront convaincre.
Et à quelques semaines du grand rendez-vous continental, chaque minute compte, chaque test devient décisif, chaque performance peut redessiner les contours de l’équipe qui portera les couleurs de l’Algérie au Maroc.
