Le nord de l’Algérie a été frappé dans la nuit de jeudi à vendredi par une série d’incendies d’une intensité exceptionnelle, bouleversant plusieurs wilayas et mobilisant toutes les forces de la Protection civile et de l’Armée nationale populaire.
Selon un bilan officiel, 29 feux ont été recensés sur 10 wilayas, avec Tipaza comme épicentre de cette catastrophe naturelle, une situation inhabituelle pour la saison automnale.
Ces incendies surviennent dans un contexte climatique atypique, marqué par des épisodes de chaleur persistants et des sécheresses prolongées, conséquences directes du changement climatique.
Les experts alertent sur la multiplication de ces phénomènes « hors saison », constatés également dans d’autres régions du globe, comme le Québec, le Mexique, l’Espagne ou les États-Unis, où les incendies deviennent plus fréquents et dévastateurs.
En Algérie, la période à risque s’étend désormais de façon prolongée, allant du printemps à l’automne, en raison des canicules tardives et de la fragilisation progressive des forêts et de la végétation.
Selon la Protection civile, 17 incendies ont été maîtrisés, trois restent sous surveillance, tandis que neuf foyers continuent de brûler activement.
Les wilayas les plus touchées sont Tlemcen, Chlef, Ain Defla, Médéa, Blida, Tipaza, Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa et Jijel.
Tipaza, particulièrement affectée, a vu plusieurs communes rurales submergées par les flammes, notamment Douar Boukhlidja, Messelmoune, Beni Milleuk et Hadjret Ennous, entraînant des évacuations préventives pour protéger les populations locales.
Les opérations de lutte contre le feu ont mobilisé des moyens humains et matériels considérables.
À Larhat, sept camions, des équipes pédestres et des renforts venus d’Aïn Defla, Boumerdès et Relizane sont intervenus, soutenus par un avion bombardier d’eau BE200.
À Cherchell, un centre de commandement opérationnel a été installé pour coordonner les interventions dans la forêt de Bouzoula.
À Messelmoune, deux feux restent actifs, l’un dans la forêt d’Ammarcha, l’autre à Douar Frères Mersali, où les équipes de Blida et Médéa agissent en coordination avec un BE200.
À Béni Milleuk, les opérations se poursuivent dans la forêt de Choula avec le détachement de Chlef, tandis qu’à Médéa, dix camions citernes sont mobilisés dans la zone de Khezroune (commune de El Hamdania).
Les autres wilayas, d’Alger à Jijel, ont également vu des équipes spécialisées intervenir rapidement pour limiter les dégâts.
Le Premier ministre, Sifi Ghrieb, accompagné du ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, s’est rendu à Tipaza pour suivre les opérations sur le terrain et rassurer les familles touchées.
Il a souligné que, sur instructions du Président de la République, l’État veillerait à un accompagnement adapté, notamment dans les centres d’accueil, et a demandé aux autorités locales de garantir toutes les conditions nécessaires pour la sécurité des populations.
Les conséquences de ces incendies dépassent largement le cadre local.
Sur le plan environnemental, la destruction de vastes surfaces forestières menace la biodiversité, perturbe les écosystèmes et accentue l’érosion des sols.
Les spécialistes avertissent que la perte de végétation, combinée à la chaleur et à la sécheresse, augmente les risques pour les années à venir, tant sur le plan écologique qu’économique.
Les communautés rurales, dont la vie et l’activité agricole dépendent directement des forêts et des ressources naturelles, sont particulièrement vulnérables face à de tels événements.
Face à cette situation exceptionnelle, les autorités appellent les citoyens à la vigilance et à la coopération.
Il est recommandé de ne pas s’approcher des zones enflammées, de signaler tout départ de feu via les numéros d’urgence 14 ou 1021, et de respecter scrupuleusement les consignes de sécurité de la Protection civile.
Ces incendies rappellent à l’Algérie, comme à de nombreux pays dans le monde, la nécessité d’une stratégie nationale renforcée de prévention et de lutte contre les catastrophes naturelles, en intégrant les effets du changement climatique et la protection des ressources forestières.
La mobilisation conjointe des forces de sécurité, de l’administration locale et des citoyens apparaît désormais comme un impératif pour protéger les populations et limiter l’impact de ces phénomènes dévastateurs.
R.N
