Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exhorté lundi la communauté internationale à agir « maintenant » pour mettre fin aux « terribles atrocités » commises à El-Fasher, au Soudan, et ne pas attendre que la situation dégénère en « génocide ».
« Il est clair que des atrocités sont commises en ce moment même », a déclaré Volker Türk à la presse, soulignant que le siège d’El-Fasher avait déjà constitué en lui-même « une atrocité ».
Il a ajouté que « la population était assiégée et opprimée, dans des conditions épouvantables, sans nourriture, presque sans eau ».
« Nous avons des témoignages de personnes contraintes de manger des aliments pour animaux, par exemple des coques d’arachide », a-t-il affirmé.
Les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée depuis avril 2023, ont pris le contrôle d’El-Fasher, dernier bastion militaire du Darfour occidental, le 26 octobre.
Depuis la prise de la ville après un siège éprouvant de 18 mois, l’ONU et les organisations de défense des droits humains ont signalé de nombreuses exactions, notamment des exécutions et des enlèvements à caractère ethnique.
Alors que la famine a été déclarée dans certaines régions, M. Türk a décrit la situation alimentaire comme étant encore « désespérée ».
« Des enfants meurent de faim », a-t-il insisté.
Depuis la pris de la ville par les FSR, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a déclaré que son bureau avait reçu des « preuves crédibles de massacres, selon lesquelles des personnes tentant de fuir cette situation horrible sont prises pour cible ».
Interrogé sur la possibilité d’un génocide en cours, M. Türk a souligné que « c’est aux autorités compétentes de déterminer si les faits constituent ou non un génocide ».
Mais, a-t-il précisé, « nous ne devons pas attendre.
Nous devons agir maintenant, alors que ces atrocités horribles sont commises en ce moment même ».
« J’espère que la communauté internationale va enfin prendre conscience de la gravité de la situation », a-t-il ajouté, répétant craindre fortement que les atrocités commises à El-Fasher ne se reproduisent au Kordofan, région pétrolière du Soudan, où selon lui « les signes avant-coureurs sont extrêmement préoccupants ».
