Brahim Ghali dénonce l’Accord de Madrid : « Une trahison historique du peuple sahraoui et un affront au droit international »

dknews
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Cinquante ans après la signature de l’Accord tripartite de Madrid, le président de la République sahraouie, Brahim Ghali, a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de « grave erreur historique » et de « trahison honteuse » à l’encontre du peuple sahraoui.
Cet accord, signé le 14 novembre 1975 entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, avait marqué la cession illégale du Sahara occidental, ouvrant la voie à une occupation marocaine que le droit international continue de considérer comme illégitime.

» S’exprimant à l’occasion du 8 novembre, date marquant à la fois l’anniversaire du démantèlement du camp de Gdeim Izik et la Journée nationale du prisonnier politique sahraoui, Brahim Ghali a fustigé la position du gouvernement espagnol, qu’il accuse d’entretenir une attitude « hypocrite et contradictoire » vis-à-vis du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
« Cinquante ans après, l’Espagne persiste dans son erreur.
Elle n’a pas corrigé sa position perfide et honteuse, tout en se targuant de défendre la légitimité internationale en Palestine », a déclaré le président sahraoui dans un discours empreint de fermeté.
Le chef de l’État sahraoui a rappelé que l’Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara occidental, demeure moralement et juridiquement responsable de la décolonisation inachevée de ce territoire.
« Madrid a renié ses obligations historiques et légales, en abandonnant un peuple sans défense à une occupation brutale et prolongée », a-t-il ajouté, soulignant que le soutien du gouvernement de Pedro Sanchez à la thèse expansionniste du Maroc constitue un « nouvel acte de complicité politique » contre le peuple sahraoui.

Brahim Ghali a également dénoncé les « accords illégaux » conclus entre l’Union européenne et le Maroc, notamment dans les domaines de la pêche et des ressources naturelles, qu’il qualifie de « pillage organisé des richesses du Sahara occidental ».
Il a appelé l’Union européenne à se conformer strictement aux décisions de la Cour de justice européenne, qui a déjà invalidé plusieurs de ces accords pour violation du principe de souveraineté du peuple sahraoui.
« Nous exhortons l’Union européenne à s’abstenir de signer tout accord qui inclut le territoire, les eaux territoriales ou l’espace aérien du Sahara occidental, sans le consentement explicite du peuple sahraoui, représenté exclusivement par le Front Polisario », a insisté le président.
En parallèle à sa dénonciation des ingérences étrangères, Brahim Ghali a réaffirmé la disponibilité de la République arabe sahraouie démocratique à dialoguer avec l’Union européenne et ses partenaires internationaux.

Il a souligné que cette ouverture diplomatique s’inscrit dans une volonté sincère d’instaurer un cadre de coopération équitable, fondé sur le respect du droit international et la gestion transparente des ressources naturelles.
Évoquant la voie vers une solution durable, le président sahraoui a rappelé que la seule issue juste et légitime au conflit réside dans la reconnaissance du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.
« Ce droit, imprescriptible et non négociable, ne saurait être remplacé par des solutions de compromis imposées ou des manœuvres diplomatiques visant à légitimer l’occupation », a-t-il martelé.
Dans son allocution, Brahim Ghali a rendu hommage à la résilience du peuple sahraoui, à sa résistance pacifique et à la détermination de ses prisonniers politiques, symbole vivant de la lutte pour la liberté et la dignité.

Il a réitéré l’engagement du Front Polisario à poursuivre son combat politique et diplomatique jusqu’à la pleine réalisation des résolutions des Nations unies sur la décolonisation du Sahara occidental.
Cinquante ans après l’Accord de Madrid, le message du président sahraoui résonne comme un appel à la conscience internationale.
L’histoire, selon Brahim Ghali, jugera sévèrement les nations qui ont choisi le silence et la complicité face à l’injustice.
« Notre lutte continue, car la vérité et la légitimité finiront toujours par triompher », a conclu le président de la République sahraouie dans un ton empreint de conviction et d’espérance.
R. I.

Manifestation samedi à Madrid en soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination

Le mouvement de solidarité espagnol avec le peuple sahraoui a annoncé l’organisation, samedi prochain, d’une marche dans la capitale, Madrid, pour soutenir le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance.
Le militant espagnol des droits de l’Homme, Manuel de la Rosa Hernandez, a expliqué que cette marche « intervient cinquante ans après la signature de l’accord de Madrid, le 14 novembre 1975, qui a permis au Maroc d’occuper le Sahara occidental ».

« Nous, en tant que syndicats, organisations sociales, groupes de solidarité, devons soutenir fermement la marche de soutien au peuple sahraoui, le samedi 15 novembre », a souligné M. Hernandez.
Il a ajouté que cette date « est une occasion importante de rappeler au gouvernement espagnol son engagement à soutenir toutes les initiatives politiques nécessaires pour parvenir à une solution juste et durable à travers un référendum qui permette au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’indépendance et à la souveraineté sur l’ensemble de son territoire et ses ressources ».
En parallèle, les organisateurs de cet évènement ont indiqué, dans un communiqué, que l’Etat espagnol, qui a occupé le territoire jusqu’en 1975, n’a pas appliqué les résolutions des Nations unies qui l’obligeaient à organiser un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui, rappelant que le 14 novembre 1975, l’Espagne a contribué à la signature de l’accord tripartite illégal de Madrid et a cédé le Sahara occidental au Maroc et à la Mauritanie avant que le Maroc n’en prenne le contrôle exclusif.

Le communiqué précise que, selon l’ONU, l’Espagne conserve le statut juridique de puissance administrant le Sahara occidental, tandis que le Maroc est considéré comme une puissance occupante.
Concernant les prisonniers politiques, notamment ceux du groupe Gdeim Izik, le mouvement de solidarité a appelé Madrid à faire pression sur le Maroc pour les libérer et enquêter sur les responsables des attaques de drones contre des civils et les traduire devant la justice.
Enfin, il a souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes internationaux de responsabilisation, notamment un organe indépendant de surveillance des droits de l’Homme chargé de présenter des rapports périodiques au Parlement européen sur l’application des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne, et l’arrêt de toutes les activités économiques exploitant les ressources du Sahara occidental.

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