Les manifestations de novembre 1961 à Djelfa : quand le peuple s’éleva pour l’unité et la souveraineté nationale

dknews
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Le 1er et 2 novembre 1961 resteront gravés dans la mémoire collective des habitants de Djelfa comme des journées de courage, de dignité et d’unité nationale. Ces manifestations, survenues à un moment décisif de la Guerre de libération, ont constitué un tournant majeur dans la lutte du peuple algérien pour son indépendance, en exprimant avec force l’attachement indéfectible des citoyens à la Révolution et à l’intégrité territoriale du pays. Soixante-quatre ans après ces événements, le souvenir demeure vivant dans la conscience populaire.

En témoignent les symboles érigés à leur gloire, notamment la fresque murale inaugurée en 2015 dans le quartier « El Dhaya » par l’Association 1er Novembre pour la préservation des hauts faits de la Révolution. Cette œuvre monumentale, peinte au cœur de la ville, retrace les visages et les émotions d’une population unie derrière son drapeau, défiant pacifiquement le colonialisme pour affirmer son droit à la liberté. Ce 1er novembre 1961, répondant à l’appel du Front de libération nationale (FLN), des milliers de citoyens – hommes, femmes et enfants – descendirent dans les rues de Djelfa. Des cortèges spontanés se formèrent dans plusieurs quartiers, convergeant vers la mosquée « Ben Maâtar » où la foule, drapeaux en main, scandait d’une seule voix : « Vive l’Algérie libre ! » et « Liberté pour la patrie ! ». Les femmes lançaient des youyous stridents, porteurs d’un message de résistance et d’espoir. Mais cette ferveur patriotique ne tarda pas à rencontrer la répression coloniale.

Les forces françaises encerclèrent les manifestants et ouvrirent le feu sur la foule. Plusieurs personnes furent blessées, d’autres arrêtées. Deux noms demeurent à jamais inscrits dans la mémoire locale : Bousri Djerradji et Touir El-Hadj Attia, tombés en martyrs. Ce dernier trouva la mort en tentant courageusement de désarmer un soldat français, geste ultime de défi face à l’occupant. Selon Mustapha Daoudi, enseignant au département d’histoire de l’Université Ziane Achour de Djelfa, ces manifestations se sont déroulées à un moment où les négociations d’Évian entraient dans leur phase cruciale. La France, cherchant à maintenir le Sahara algérien sous sa domination, affrontait la ferme opposition du FLN et du peuple tout entier. « Les manifestations de Djelfa, tout comme celles d’Ouargla en février 1962, furent une réponse claire : le Sahara est algérien et indivisible », souligne-t-il. Pour Khalifa Leboukh, secrétaire général de l’Association du 1er Novembre, ces journées de novembre ne furent pas un simple élan spontané, mais une mobilisation organisée, réfléchie et profondément patriotique.

Elles traduisent la maturité politique d’une population consciente des enjeux du moment et décidée à affirmer son soutien total à la Révolution. Les autorités coloniales, impuissantes à étouffer la détermination du peuple malgré l’instauration d’un couvre-feu, furent confrontées à une vérité indéniable : la volonté d’indépendance était désormais irréversible. Les rues de Djelfa devinrent alors un symbole de résistance pacifique, un espace où la voix du peuple résonnait plus fort que les balles de l’occupant. Aujourd’hui encore, la mémoire de ces journées héroïques inspire les jeunes générations. Les historiens, les enseignants et les associations locales multiplient les initiatives pour raviver cette page lumineuse de l’histoire nationale à travers des conférences, des publications et des visites commémoratives. Les manifestations de novembre 1961 rappellent que l’unité nationale ne s’est pas construite dans le silence, mais dans le sang, la foi et la détermination d’un peuple prêt à se dresser, les mains nues, contre l’oppression.

R.L

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