MASCARA : Ghar Boudjlida, haut lieu de mémoire et témoin immortel du courage d’Ahmed Zabana

dknews
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Dans les profondeurs montagneuses de la commune d’El Gaâda, au sud de Mascara, se dresse le site emblématique de Ghar Boudjlida, théâtre d’une bataille héroïque menée le 8 novembre 1954 par le martyr Ahmed Zabana et ses compagnons d’armes. Ce lieu chargé d’histoire, à une dizaine de kilomètres du centre de la commune, demeure aujourd’hui un symbole vibrant de résistance et de bravoure, rappelant les premières étincelles de la Révolution algérienne. Cette journée du 8 novembre 1954, quatre jours à peine après le déclenchement de la Guerre de libération nationale, fut marquée par un affrontement d’une rare intensité entre une poignée de moudjahidine et les troupes coloniales françaises.

 Après une opération audacieuse réussie dans la forêt de Moulay Smaïl, au cours de laquelle Ahmed Zabana et ses compagnons avaient récupéré un arsenal d’armes et de grenades, le groupe se réfugia à Ghar Boudjlida, site isolé et stratégique. Rapidement repérés, ils furent encerclés par l’armée coloniale, déclenchant une fusillade meurtrière. Le combat fut inégal. Le martyr Brahimi Abdelkader tomba sur le champ d’honneur, tandis qu’Ahmed Zabana, grièvement blessé, fut capturé avec ses compagnons. Conduit à l’hôpital militaire d’Oran, puis à la prison, il fut traduit devant le tribunal militaire le 21 avril 1955, condamné à mort et transféré à la prison de Barberousse à Alger. À l’aube du 19 juin 1956, la guillotine mettait fin à sa vie, mais non à son idéal. Sa mort fit de lui le premier martyr guillotiné de la Révolution, et une figure immortelle de la lutte nationale. Selon le professeur Lahcen Djaker, historien à l’Université Mustapha Stambouli de Mascara, cette bataille, bien que brève, symbolise la détermination de l’Armée de libération nationale dès ses débuts. Il souligne la clairvoyance stratégique d’Ahmed Zabana, qui avait choisi un site accidenté et difficile d’accès, échappant encore à la connaissance de l’armée coloniale.

Cette intelligence militaire illustre la vision tactique d’un chef engagé, conscient des défis mais déterminé à affirmer la souveraineté du peuple algérien. Aujourd’hui, Ghar Boudjlida n’est pas seulement un lieu de mémoire, mais un espace pédagogique et culturel que les autorités locales s’efforcent de valoriser. La direction des Moudjahidine et Ayants-droit de Mascara met en œuvre un programme éducatif dédié à la transmission de cet héritage. Des visites guidées, séminaires et conférences sont régulièrement organisés pour les élèves, étudiants, et jeunes des institutions culturelles.

L’objectif est clair : raconter aux nouvelles générations l’histoire d’un héros national, leur permettre de ressentir la force d’un engagement et de comprendre le prix de la liberté. Des brochures, documentaires et publications sont également en préparation pour perpétuer la mémoire d’Ahmed Zabana et rappeler que la liberté d’aujourd’hui s’est bâtie sur le sacrifice d’hommes comme lui. Ghar Boudjlida demeure ainsi un sanctuaire historique, un symbole de résistance et un appel permanent à la fidélité envers ceux qui ont offert leur vie pour l’Algérie libre.

R.L

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