Les participants au 12e Forum international sur la vie et l’œuvre de Kateb Yacine (1929-1989), ouvert mercredi à Guelma, ont estimé que la maîtrise de l’écrivain en matière d’esthétique linguistique et sa relation étroite avec son environnement social ont contribué à faire de ses œuvres romanesques, poétiques et théâtrales des toiles artistiques aux couleurs expressives.
Le Directeur de la culture et des arts de la wilaya, Boudjemaâ Benamirouche a indiqué, lors de l’ouverture du Forum qui se tient à la Maison de la culture Abdelmadjid-Chafaï jusqu’au 8 novembre, que Kateb Yacine a « transmis fidèlement, et dans les moindres détails, les images de la grande souffrance vécue par les algériens durant la colonisation française ».
Il a rappelé que cet écrivain, dramaturge et poète, né dans la tribu de Beni Keblout à Ain Ghrour (commune de Hammam N’Bails, à Guelma), « a puisé l’image donnée à ses personnages et aux événements de la réalité qu’il a vécue dans son environnement social et du contexte historique de l’Algérie, dont le peuple a donné des exemples remarquables d’attachement à la terre et de lutte pour chasser le colonisateur ».
De son côté, Ali Abassi, président de l’Association de promotion du tourisme et de l’animation culturelle de la wilaya de Guelma, initiatrice du Forum, a indiqué que l’actuelle édition, organisée sous le patronage du ministère de la Culture et des Arts, et dédiée au « dialogue créatif entre l’esthétique de l’image et la poésie du texte, coïncide avec le 36e anniversaire de la mort de cet écrivain et dramaturge algérien.
La rencontre traite, par l’étude et l’analyse, des différentes œuvres créatives à travers lesquelles Kateb Yacine est devenu « une icône mondiale défendant l’Homme et les valeurs de libération et d’attachement à la terre ».
Le Pr Nezzar Bensaâd, de l’Université de Sousse (Tunisie), président du Conseil scientifique de cette édition du Forum, a déclaré, quant à lui, que « le verbe chez Kateb Yacine n’est pas simplement un ensemble de lettres, mais il a une couleur et une âme, et les mots qu’il utilise s’intègrent dans leur symbolique, leur signification et leur esthétique pour transformer les scènes, les événements et les personnages en tableaux vivants ».
Il a également présenté une communication intitulée « L’esthétique du découpage chez M’Hamed Issiakhem et Kateb Yacine », dans laquelle il a développé les caractéristiques du dialogue silencieux entre les couleurs et le texte écrit, ainsi que les points de convergence entre les textes romanesques, poétiques et théâtraux de Kateb Yacine et les œuvres artistiques d’Issiakhem (1928-1985).
Selon le Pr Bensaâd, ces deux créateurs algériens contemporains, qui furent unis par une forte amitié, partagent également le fait qu’ils ont transformé l’art, tant écrit que peint, en cris, blessures et actes de résistance.
Les travaux du Forum international se poursuivront durant 4 jours, au cours desquels 17 interventions seront présentées par des chercheurs et des spécialistes d’institutions universitaires nationales ainsi que du Canada et de Tunisie.
