Savoir, science et souveraineté numérique : L’Algérie face au défi de la gestion moderne de l’information scientifique

dknews
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À l’heure où la révolution numérique bouleverse les méthodes de production et de diffusion du savoir, l’Algérie s’engage dans une réflexion stratégique sur la modernisation de la gestion de l’information scientifique et technique.
Lors d’un colloque international organisé par la Faculté des sciences de l’information et de la communication de l’Université d’Alger 3, chercheurs, enseignants et experts ont plaidé pour une refonte complète des mécanismes de collecte, de traitement et de valorisation des données scientifiques, afin d’en faire un levier de développement et d’innovation.
Les participants ont souligné que la maîtrise de l’information scientifique dépasse désormais le cadre académique : elle concerne la société tout entière.

Dans un monde dominé par les flux numériques, les données constituent un capital stratégique.
Leur gouvernance, leur sécurité et leur exploitation intelligente sont devenues des enjeux nationaux.
Naoual Mebtouche, présidente du colloque, a rappelé que l’objectif de cette rencontre était d’analyser les défis liés à l’accès à l’information, à la cybersécurité et à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus de recherche et de diffusion du savoir.
Elle a insisté sur la nécessité de créer une culture de la valorisation des données, afin d’encourager la recherche appliquée et de permettre aux médias, institutions et entreprises d’accéder à une information scientifique fiable et actualisée.
Dans sa communication, Mustapha Kechairi a présenté les nouvelles méthodes d’exploitation des dépôts numériques universitaires.
Ces espaces de stockage, souvent sous-utilisés, renferment une mine de connaissances susceptibles de soutenir la communication scientifique et de renforcer la transparence académique.
Pour lui, rendre ces informations accessibles au public contribue à rapprocher la science des citoyens et à consolider la confiance envers les institutions de recherche.

L’enseignant Oussama Damouche de l’Université de Sidi Bel Abbès a, pour sa part, évoqué les risques croissants de la désinformation scientifique à l’ère de l’intelligence artificielle.
Les outils numériques, aussi puissants soient-ils, peuvent être détournés pour diffuser de fausses données, manipuler les résultats de recherche ou déformer les faits scientifiques.
C’est pourquoi il appelle à une formation solide du capital humain, capable d’analyser, de vérifier et de diffuser les informations avec rigueur et éthique.
Imane Djefal, de l’Université d’Alger 2, a développé cette idée en insistant sur la double exigence de qualité et de crédibilité.
Face à la prolifération d’algorithmes génératifs, il devient impératif de former des spécialistes capables de détecter la désinformation et d’assurer la traçabilité des sources scientifiques.
Le chercheur Abdelkrim Abdoune a, quant à lui, évoqué les nouveaux métiers liés à la révolution numérique « analystes de données, ingénieurs en intelligence artificielle, concepteurs d’archives numériques » autant de professions qui imposent une refonte des programmes universitaires pour intégrer ces compétences transversales.

Tous les intervenants s’accordent sur un point : la modernisation de la gestion de l’information scientifique est une condition sine qua non pour renforcer la souveraineté intellectuelle du pays.
Cela passe par la mise à jour des infrastructures numériques, la coopération entre universités, la numérisation des archives et la création de plateformes nationales sécurisées permettant le partage et la valorisation des connaissances.
L’information scientifique n’est plus un simple outil académique, mais un vecteur de développement national.
En la rendant accessible, sécurisée et crédible, l’Algérie peut se hisser au rang des nations qui maîtrisent la donnée comme ressource stratégique. Dans ce contexte, la valorisation du savoir devient un impératif : non seulement pour promouvoir la recherche, mais aussi pour consolider la souveraineté numérique et scientifique du pays.
R.N

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