À New York, au siège des Nations unies, la voix de l’Algérie a résonné une fois de plus avec clarté et conviction. Le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, Amar Bendjama, a exprimé la position ferme et cohérente de son pays concernant le renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). L’Algérie, a-t-il affirmé, a choisi de ne pas participer au vote du projet de résolution présenté par les États-Unis, estimant que ce texte ne répondait pas aux aspirations légitimes du peuple sahraoui ni aux principes fondamentaux du droit international relatifs à la décolonisation. Amar Bendjama, figure chevronnée de la diplomatie algérienne, a expliqué que l’attitude de l’Algérie relevait d’un choix réfléchi et responsable, visant à marquer une distance nette avec un texte jugé déséquilibré et incomplet. « Par cette absence, l’Algérie a tenu à illustrer sa prise de distance avec un texte qui ne reflète pas fidèlement la doctrine onusienne en matière de décolonisation », a-t-il déclaré devant les membres du Conseil de sécurité.
Selon lui, le texte en question ne restitue pas avec exactitude les fondements de la mission première des Nations unies : celle de permettre aux peuples encore soumis à des situations coloniales de décider librement de leur avenir. Revenant sur l’histoire de la décolonisation, le diplomate algérien a rappelé que c’est cette même doctrine qui a permis à de nombreuses nations de recouvrer leur indépendance et d’intégrer l’Organisation des Nations unies. « Faut-il rappeler cette évidence ? La décision finale sur leur avenir ne peut et ne doit appartenir qu’aux peuples encore sous domination coloniale », a-t-il souligné avec gravité. En citant le président américain Woodrow Wilson, qui affirmait que « les aspirations nationales doivent être respectées », Amar Bendjama a voulu mettre en lumière le parallèle évident entre cette vision et la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination, un combat entamé depuis plus d’un demi-siècle.
L’Algérie, a poursuivi Bendjama, a pris part aux discussions autour du projet de résolution dans un esprit constructif, en cherchant à améliorer le texte proposé. Certaines avancées ont certes été introduites, notamment la réaffirmation du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et la mention de la nécessité de négociations directes et sans conditions préalables entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario, sous l’égide de l’ONU. Cependant, ces ajustements, bien que positifs, n’ont pas suffi à corriger les lacunes profondes du texte final. Selon lui, la résolution souffre encore de « nombreuses insuffisances », en particulier parce qu’elle privilégie une approche restreinte du processus politique, mettant en avant une seule option au détriment d’autres solutions possibles. Une telle démarche, a-t-il averti, « empêche la créativité et la flexibilité nécessaires pour parvenir à un accord librement consenti, conforme à la doctrine onusienne en matière de décolonisation ». Le diplomate a dénoncé en outre le déséquilibre du texte, qui accorde une attention disproportionnée à « l’ambition territoriale » de l’une des parties « en l’occurrence le Maroc » tout en passant sous silence les revendications légitimes du peuple sahraoui. « Le texte ignore les propositions du Front Polisario, pourtant transmises tout récemment encore au Secrétaire général des Nations unies et au Conseil de sécurité », a-t-il regretté.
En rappelant que le Front Polisario demeure une partie intégrante et reconnue du conflit, il a insisté sur le fait que « son opinion doit être entendue, sinon prise en considération ». Au-delà des considérations politiques immédiates, Amar Bendjama a exprimé de sérieuses réserves quant aux fondements juridiques du cadre de négociation proposé. Selon lui, un tel précédent pourrait fragiliser l’ordre international lui-même. « Imaginez que ce cadre soit reproduit dans d’autres zones de conflits, en Europe, aux Amériques, en Asie ou en Afrique. C’est alors l’un des piliers principaux de l’édifice même de l’ordre international qui s’en trouverait dangereusement fissuré », a-t-il mis en garde. Ces propos, empreints d’une lucidité diplomatique, traduisent la préoccupation d’Alger face à ce qu’elle perçoit comme une dérive potentielle du système multilatéral. Avec un ton mesuré mais ferme, le représentant de l’Algérie a estimé qu’un ultime effort aurait été nécessaire pour parvenir à un texte véritablement équilibré. « Il nous aurait fallu davantage de flexibilité, de créativité et de diplomatie pour arriver à une conclusion heureuse », a-t-il déploré. Il a également regretté que le “porte-plume”, en dépit de ses efforts, n’ait pas pu surmonter les résistances connues de tous pour introduire les amendements requis et rendre le texte acceptable pour l’ensemble des parties. « Il s’agit d’une occasion ratée », a-t-il conclu. Pour Amar Bendjama, cette résolution n’a pas permis de créer le « momentum » politique nécessaire à une véritable avancée du processus de paix.
Il a regretté que l’esprit d’ouverture et d’espoir suscité par certaines initiatives internationales, notamment celle évoquée durant l’administration américaine précédente, n’ait pas trouvé un écho favorable au sein du Conseil. « Cette résolution ne crée pas encore les conditions nécessaires à une réussite collective, où tout le monde serait gagnant, sans vainqueur ni vaincu », a-t-il insisté. Au cœur du message algérien, une conviction demeure inébranlable : la paix durable dans la région ne peut naître que du respect intégral du droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même. Pour Alger, ce principe n’est pas seulement une position politique, mais une exigence morale et juridique qui s’inscrit dans la continuité de son engagement historique en faveur des causes de libération et de justice dans le monde. « Une solution juste et durable ne saurait jaillir que du respect du droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à disposer de lui-même.
C’est le seul gage d’une paix véritable et d’une stabilité durable dans notre région », a affirmé Bendjama, concluant son intervention sur une note d’espoir empreinte de réalisme. L’Algérie, fidèle à sa ligne diplomatique de principe, réaffirme ainsi son attachement au règlement pacifique des différends et au respect scrupuleux des objectifs et principes de la Charte des Nations unies. En choisissant la voie de la retenue plutôt que celle du consentement tacite, elle entend rappeler à la communauté internationale que la question du Sahara occidental demeure avant tout une question de décolonisation, et non un simple différend régional. Dans un contexte international marqué par des tensions multiples et des recompositions géopolitiques profondes, la position d’Alger résonne comme un appel à la conscience collective.
Elle interpelle les Nations unies sur la nécessité de réaffirmer la primauté du droit, la justice et le respect des peuples dans la recherche de solutions durables aux conflits. Le Sahara occidental, théâtre d’un conflit prolongé et d’aspirations contrariées, reste aujourd’hui un test majeur pour la crédibilité du système multilatéral. En réitérant sa solidarité avec le peuple sahraoui, l’Algérie renouvelle également sa foi dans le dialogue, la diplomatie et le respect du droit international. Une position qui s’inscrit dans la continuité d’une tradition diplomatique constante, faite de fidélité aux principes de la libération nationale, du non-alignement et du soutien aux causes justes. À travers la voix d’Amar Bendjama, c’est toute la diplomatie algérienne qui rappelle, à la tribune des Nations unies, que la liberté des peuples n’est pas négociable, et que la paix véritable ne saurait exister sans justice.
R.I
