Histoire : Le moudjahid Mohamed Amaïri, témoin vivant de l’épopée héroïque de la génération de Novembre 1954

dknews
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La mémoire intacte du moudjahid Mohamed Amaïri, natif de Ghassira (Batna) en 1932, lui permet de se remémorer avec une étonnante précision son parcours parsemé d’exploits et de transmettre fidèlement aux générations montantes l’épopée de la génération de Novembre 1954.

Ce moudjahid au maintien alerte, est le témoin vivant de nombreuses batailles et événements prégnants ayant marqué la région des Aurès pendant la Révolution.

Mohamed Amaïri a confié à l’APS avoir rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) à la fin de l’année 1955 après avoir déserté de l’armée française où il avait été enrôlé de force avant le 1er novembre 1954. C’est aux côtés de plusieurs de ses camarades armés qu’il rallia le maquis.

Ce moudjahid se souvient encore des détails de la bataille de Tarchiouine qui fit rage en mars 1956 sur le massif montagneux surplombant l’oued Tarchiouine. Une bataille qui s’était soldée, affirme-t-il, par de lourdes pertes dans les rangs de l’armée coloniale.

Evoquant, dans la foulée, la bataille de Bellaâla, qui s’est déroulée le 27 mars 1957 au mont « Ahmar Khaddou » près de T’kout, il affirme que cet affrontement est « né d’une attaque des moudjahidine contre un poste ennemi à M’chounèche (dans la wilaya actuelle de Biskra) pour libérer le combattant Ali Bendjedidi qui avait cependant été exécuté, avant l’attaque, par les soldats français avec 15 autres moudjahidine ».

En représailles, l’armée française avait envahi les maisons d’un petit village situé non loin de là et tué la majorité de ses habitants, se souvient encore le moudjahid Amaïri, ajoutant que ces représailles ne s’étaient pas arrêtées là, puisque les soldats avaient traqué les assaillants avec l’aide de traîtres et encerclé un groupe de moudjahidine dans la zone de Bellaâla qui comprenait 3 bataillons, ceux de M’chounèche, d’Arris et de Kimel.

Là encore, souligne encore le vieil homme en esquissant un sourire, la victoire fut du côté des moudjahidine, lesquels, retranchés derrière des rochers et dans des grottes, avaient infligé une véritable « correction » à l’ennemi qui avait fini par battre en retraite, laissant place aux raids de l’aviation de chasse et des bombardiers venant d’Arris et de Biskra.

Une nouvelle fois, les représailles furent terribles puisque, selon le témoignage du moudjahid, toutes les habitations du village avaient été rasées et leurs habitants tués.

Mohamed Amaïri ajoute ne pas avoir oublié, non plus, la première bataille de Berkouk qui s’était déroulé le 17 juillet 1958 sur le mont « Ahmar Khaddou » dans la région de Baniyan (actuellement rattachée à la wilaya de Biskra), adjacente au sud de Ghassira.

Menée sous la direction du martyr Si El-Haouès (de son vrai nom Ahmed Benabderrezak Hamouda), cette bataille eut lieu dans les premiers mois ayant suivi la formation de la Wilaya VI historique, à la suite d’une rencontre entre les cadres et les djounoud du Front de libération nationale (FLN), et qui se solda également par de lourdes pertes dans les rangs des forces coloniales, tandis qu’un seul combattant algérien a été blessé, affirme M. Amaïri.

Et M. Amaïri de poursuivre en détaillant sa rencontre du lendemain, et celle de ses compagnons de Ghassira, à savoir Belkacem Zaidi, Messaoud Bouchareb, Ali Gabes et Messaoud Bezzaz, qui avaient tous fui la caserne de l’armée française, avec Mostefa Ben Boulaïd dans les montagnes d’Ouestili (qui s’étendent derrière la localité de Tazoult).

Le mot d’ordre que leur lança ce jour-là le martyr Ben Boulaïd fut « la victoire ou la mort », se souvient Mohamed Amaïri. « Cette rencontre a conforté notre choix et accru notre détermination à rester fidèles à la Révolution de libération », souligne le moudjahid en se souvenant avec précision des détails de sa rencontre avec ses compagnons du groupe de M’chounèche, dirigé par Meziane Amari, dans la région de « Djebel Lazreg », en juin 1957. Une rencontre à laquelle a assisté Si El Haouès, venu de Tunisie après avoir été nommé commandant de la troisième région de la Wilaya I historique.

Si El Haouès avait d’ailleurs donné, selon le même témoin, un nouvel élan aux moudjahidine de la région avant d’être nommé chef de la Wilaya VI historique.

Très volubile lorsqu’il évoque les faits d’armes de la Révolution, M. Amaïri fait part de sa participation au sein des groupes chargés de convoyer des armes depuis la Tunisie, désignés parmi ceux qui avaient déserté de l’armée française et qui avaient une bonne connaissance des armes et de leur maniement.

Mohamed Amaïri ne fait pas, non plus, mystère de sa « fierté » d’avoir pu rencontrer les héros Mostefa Ben Boulaid et Si El-Haouès dont les discours avaient renforcé sa détermination et celle des autres moudjahidine aux côtés desquels il avait combattu en se déplaçant entre les Wilayas historique I et VI, n’hésitant pas à faire le choix du sacrifice suprême pour que vive l’Algérie libre et indépendante.

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