À l’approche des élections du 28 décembre prochain, la République centrafricaine se trouve à un moment charnière de son histoire contemporaine.
Ces scrutins, les premiers depuis plus de trois décennies, sont perçus comme une opportunité cruciale pour consolider la paix, restaurer la confiance nationale et renforcer les institutions démocratiques dans un pays longtemps meurtri par les crises politiques et sécuritaires.
Réunis au Conseil de sécurité des Nations unies, les membres du groupe « A3+ », composé de l’Algérie, de la Somalie, de la Sierra Leone et du Guyana, ont réaffirmé, dans une déclaration lue par la représentante permanente du Guyana, Carolyn Rodrigues, leur soutien ferme au processus électoral centrafricain, tout en soulignant les enjeux déterminants qui y sont liés.
Le groupe a insisté sur le fait que ces élections représentent bien plus qu’un simple exercice démocratique : elles constituent un tournant historique pour la paix, la réconciliation et l’unité nationale.
Les représentants africains ont exhorté les autorités centrafricaines à veiller à ce que le scrutin soit crédible, transparent et inclusif, garantissant la participation pleine et entière des femmes, des jeunes et des personnes déplacées.
Ils ont également plaidé pour une mobilisation accrue des ressources logistiques et financières, condition essentielle à la réussite de cette échéance électorale.
Le groupe « A3+ » a tenu à saluer l’implication active de la MINUSCA, du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de l’ensemble des partenaires du développement dans l’accompagnement du processus, notamment dans l’enregistrement des électeurs et le déploiement de moyens matériels à travers le pays.
La Mission onusienne, selon la déclaration, joue un rôle clé dans la sécurisation du scrutin, dans un environnement encore fragile et marqué par la persistance des tensions locales.
Le groupe a souligné qu’un espace démocratique ouvert à l’opposition et à la société civile demeure une condition indispensable à la crédibilité des élections.
Il a ainsi appelé le gouvernement et les acteurs politiques à renouer sans délai le dialogue politique et à privilégier l’esprit de compromis.
Cette concertation nationale est, selon les diplomates africains, le socle d’une transition pacifique et durable, capable de rallier l’ensemble des composantes de la société centrafricaine autour d’un même idéal de stabilité.
Dans sa déclaration, le groupe a également salué les efforts du gouvernement centrafricain visant à consolider la paix à travers le dialogue avec les groupes armés et la mise en œuvre effective de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019.
Les progrès réalisés dans les programmes de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement ont été présentés comme des acquis encourageants, bien que fragiles.
Les membres du « A3+ » ont exhorté toutes les parties à renoncer définitivement à la violence et à adhérer de bonne foi au processus de paix en cours.
Sur le plan sécuritaire, le groupe s’est montré particulièrement préoccupé par les attaques persistantes menées par des milices dans le sud-est du pays ainsi que par les incursions à la frontière soudanaise menées par les Forces de soutien rapide.
Il a appelé à une coopération renforcée entre la MINUSCA, les autorités locales et les pays voisins, afin de mieux contrôler les frontières et endiguer les trafics d’armes et les mouvements transfrontaliers des groupes armés.
Les diplomates africains ont également condamné avec fermeté les violences contre les civils, notamment les femmes et les enfants, soulignant l’urgence de poursuivre les auteurs de ces crimes et de renforcer l’assistance humanitaire en faveur des milliers de déplacés internes, victimes à la fois du conflit et des effets du changement climatique.
Le groupe a plaidé pour une réponse internationale durable aux besoins humanitaires croissants, estimant que la stabilité sociale passe inévitablement par la protection des populations vulnérables.
Abordant la question de la sécurité du personnel onusien, le groupe « A3+ » a tenu à rappeler que la protection des Casques bleus et des agents humanitaires est une priorité absolue.
Face à la recrudescence d’incidents visant le personnel des Nations unies, il a dénoncé les attaques contre les forces de la MINUSCA comme étant « inacceptables » et susceptibles de constituer des crimes de guerre, appelant à traduire leurs auteurs devant la justice internationale.
En perspective du renouvellement du mandat de la MINUSCA, prévu le mois prochain, le groupe a affirmé que la Mission demeure un pilier essentiel de la stabilité en République centrafricaine.
Il a insisté sur la nécessité que toute réflexion autour d’une éventuelle restructuration ou transition de la Mission se fasse en concertation étroite avec les autorités nationales, tout en tenant compte des réalités du terrain et des avancées déjà accomplies.
Enfin, le groupe « A3+ » a réaffirmé avec force son soutien indéfectible à la souveraineté, à l’unité, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de la République centrafricaine, exprimant sa solidarité constante avec le peuple centrafricain dans sa quête de paix, de stabilité et de développement.
Pour les pays africains représentés au Conseil de sécurité, la réussite de ces élections ne représente pas seulement un enjeu national, mais un signal fort pour tout le continent africain, démontrant que le dialogue, la coopération et la résilience peuvent triompher des divisions et de la violence.
Dans un monde où les crises se multiplient, la République centrafricaine, soutenue par ses partenaires africains et internationaux, se prépare à écrire une nouvelle page de son histoire, celle d’une nation qui aspire, enfin, à la réconciliation durable, à la paix retrouvée et à la souveraineté pleinement assumée.
R.I
