La Conférence nationale sur la modernisation de l’agriculture, clôturée mardi à Alger,
a marqué un tournant décisif pour le secteur agricole algérien. 
Les débats et recommandations qui en ont émergé traduisent une volonté claire : bâtir une agriculture moderne, connectée et durable, fondée sur l’innovation technologique, la numérisation des pratiques et la création de pôles spécialisés dans la production locale de semences.
Présidée par le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Yacine El-Mahdi Oualid, la rencontre a rassemblé experts, chercheurs, représentants d’institutions et professionnels du secteur, tous unis autour d’une ambition commune : faire de l’agriculture un pilier stratégique de la sécurité alimentaire nationale et un moteur du développement économique durable.
Les recommandations adoptées à l’issue des travaux reflètent cette vision moderniste.
Les participants ont mis en avant la nécessité de généraliser la numérisation dans la gestion agricole, de la production à la commercialisation.
L’intégration des technologies numériques — notamment la télédétection, les données satellitaires et les systèmes d’information géographique — est apparue comme un levier incontournable pour optimiser les rendements et rationaliser l’utilisation des ressources naturelles, en particulier l’eau.
L’accent a également été mis sur la modernisation des techniques d’irrigation.
Les participants ont plaidé pour une transition vers des systèmes plus économes en eau, appuyés par des solutions locales issues de la recherche nationale. L’idée est d’encourager la production domestique d’équipements d’irrigation et de promouvoir l’utilisation des eaux usées traitées dans l’agriculture, dans le respect des normes environnementales et sanitaires. Un autre point fort des recommandations concerne la production de semences. La création de pôles nationaux spécialisés dans la production, la certification et la distribution de semences adaptées aux conditions locales a été vivement encouragée.
Les intervenants ont souligné l’importance de renforcer les fermes pilotes et les coopératives agricoles, véritables laboratoires d’innovation au service des agriculteurs.
La valorisation des expériences réussies d’agriculteurs et d’investisseurs nationaux figure également parmi les priorités, avec un appel à développer des actions de communication et de sensibilisation pour diffuser les bonnes pratiques à l’échelle du territoire.
Dans le même esprit, les participants ont recommandé la révision et la mise à jour du cadre législatif et réglementaire encadrant la production et la commercialisation des semences, afin de le rendre plus souple et plus incitatif. Cette réforme permettra de mieux accompagner les agriculteurs et de favoriser l’émergence d’un marché national compétitif et structuré autour de la qualité.
La filière des cultures oléagineuses a également été au cœur des discussions. Les experts ont insisté sur la formation et l’accompagnement des producteurs, indispensables pour relancer une filière stratégique capable de réduire la dépendance aux importations et de renforcer la souveraineté alimentaire du pays. Par ailleurs, un appel a été lancé pour le lancement d’un programme national d’agriculture intelligente, en partenariat avec les universités, les centres de recherche et les start-up.
Ce programme ambitionne de rapprocher innovation technologique et pratique agricole, en favorisant la création d’incubateurs spécialisés, de laboratoires d’expérimentation et de plateformes numériques destinées aux jeunes entrepreneurs.
Les start-up, par leur dynamisme et leur créativité, sont perçues comme des acteurs essentiels de cette transformation.
Le recours aux données de l’Agence spatiale algérienne (ASAL) a également été évoqué comme un outil précieux pour le suivi des terres, la gestion des cultures et la prévention des risques climatiques.
De même, la création d’un observatoire pour les zones steppiques permettra de renforcer la surveillance et la gestion durable des écosystèmes fragiles. Sur le plan du foncier agricole, les recommandations préconisent l’adoption de mesures réglementaires plus claires et plus attractives pour encourager l’investissement privé et développer les zones rurales. Les participants ont également insisté sur la nécessité d’améliorer les mécanismes de financement agricole, d’appuyer la création de projets pilotes dans les différentes wilayas et de renforcer les capacités logistiques du secteur.
Enfin, l’organisation et la régulation des marchés agricoles ont été présentées comme un pilier central pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande.
Le développement des capacités de stockage, la modernisation de l’industrie agroalimentaire et le soutien à l’exportation constituent des axes prioritaires pour positionner l’Algérie comme un acteur compétitif sur les marchés régionaux et internationaux.
À travers ces recommandations ambitieuses, la Conférence nationale sur la modernisation de l’agriculture jette les bases d’un nouveau modèle agricole fondé sur l’innovation, la durabilité et la souveraineté.
Elle traduit une conviction profonde : l’avenir de l’Algérie passe par une agriculture intelligente, créatrice de richesse et garante de la sécurité alimentaire des générations à venir.
R.E

 
			 
			 
		 
		 
		