L’Algérie vit aujourd’hui une véritable révolution silencieuse : celle du recyclage du plastique, devenu en quelques années un levier stratégique de son économie circulaire. Loin d’être un simple enjeu environnemental, cette dynamique nationale symbolise une mutation économique profonde où les déchets deviennent source de richesse, d’innovation et d’emplois durables. Chaque année, le pays génère plus de 12 millions de tonnes de déchets ménagers, dont une part considérable est composée de plastiques. Longtemps considérée comme un fardeau, cette masse de déchets s’impose désormais comme une ressource. La promulgation de la loi n°25-02 du 20 février 2025, consacrée à la gestion et à la valorisation des déchets, marque un tournant décisif : elle place le recyclage au centre de la stratégie nationale de l’économie circulaire.
Sous l’impulsion des pouvoirs publics et grâce à la mobilisation du secteur privé, près de 180 centres d’enfouissement technique ont été modernisés, et plusieurs filières performantes de tri, de recyclage et de valorisation ont vu le jour. Cette structuration progressive a permis la création de milliers d’emplois verts, favorisant l’émergence d’un écosystème industriel où le plastique recyclé est devenu un matériau stratégique. Les entreprises locales rivalisent d’ingéniosité pour transformer les déchets plastiques en granulés réutilisables destinés aux secteurs de l’emballage, du bâtiment ou du textile. Ce savoir-faire, qui s’appuie sur une ingénierie nationale solide, positionne l’Algérie comme un acteur exportateur d’expertise environnementale. Selon l’expert Karim Ouamane, ancien directeur de l’Agence nationale des déchets (AND), « l’Algérie est en train de transformer un problème écologique en moteur d’innovation et de croissance ». Symbole de cette transformation, la réhabilitation de la décharge d’Oued Smar, à Alger, témoigne du succès de cette politique.
Ce site de 45 hectares, autrefois synonyme d’insalubrité, a été métamorphosé en un parc écologique moderne doté d’un système pilote de captage du biogaz et de valorisation énergétique. Ce projet, salué par le Programme des Nations unies pour l’environnement, illustre l’efficacité de la stratégie algérienne combinant écologie, économie et innovation. Derrière cette transition, c’est tout un modèle de développement qui se redessine. Le plastique recyclé devient non seulement une matière première compétitive, mais aussi un symbole de souveraineté écologique. En misant sur la valorisation des déchets, l’Algérie réduit sa dépendance aux importations, renforce son tissu industriel et inscrit sa croissance dans la durabilité. Cette approche, conforme à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, projette le pays au rang des pionniers de l’économie verte sur le continent. En recyclant ses plastiques, l’Algérie ne se contente pas de nettoyer ses villes : elle refonde sa relation à la nature, à l’industrie et à l’avenir. De la contrainte à l’opportunité, du déchet à la richesse, le pays prouve qu’une écologie intelligente peut devenir un moteur de prospérité nationale et un modèle pour l’Afrique de demain.
ABED MEGHIT

 
			 
			 
		 
		 
		