Entretien avec Mr ZAIDI Hachemi, Docteur en Economie du Développement

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Enseignant à l’université Abderrahmane MIRA de Bejaia et membre d’équipe de recherche au Laboratoire Economie & Développement (LED) faculté SEGC (université de Bejaia).

Quelle évolution et quels enjeux de la filière oléicole en Algérie ?
L’Algérie est un pays oléicole, sa culture d’olivier est très ancienne, elle s’inscrit dans une tradition séculaire. Elle est considérée comme source importante et une activité cruciale pour des populations rurales. Elle joue un rôle important dans le développement agricole national, elle représente 4% de la superficie agricole utile et 40% de la superficie arboricole totale
À partir du début des années 2000, l’Algérie a mis en œuvre des programmes pour développer le secteur agricole, dont le souci est de réaliser l’autosuffisance, d’assurer la sécurité alimentaire et de diversifier l’économie nationale on donnant une impulsion aux exportations hors hydrocarbures.
Dans cette optique, plusieurs programmes de soutien ont été adoptés afin de moderniser le secteur agricole en général, et l’olivier en particulier et cela avec l’introduction des nouvelles techniques de production et l’extension de l’oléiculture sur tout le territoire national, selon un mode de production intensif et extensif à la fois.
Cependant, l’objectif de la politique agricole nationale est de créer une dynamique économique au niveau des territoires ruraux et des synergies entre les différents acteurs locaux et la valorisation des territoires marginalisés. Depuis le début des années 2000, l’oléiculture algérienne a connu un grand essor, où les vergers oléicoles arrivent à couvrir une superficie de plus de 438 828 Ha avec 63 487 958 oliviers.
Parallèlement à l’augmentation des surfaces oléicoles, la production de l’huile d’olive a connu une nette évolution, elle est d’une moyenne égale à 35 000 tonnes par an durant la décennie 2000-2010, elle augmente pour atteindre une moyenne de 74 600 tonnes par an au cours de la décennie 2010-2020.
L’oliveraie algérienne se concentre dans quatre zones : le Centre occupe une part égale à 45%, l’Est englobe 23%,l’Ouest avec une part égale à 20%, le Sud (les hauts plateaux et Sud) représente 12% de la superficie nationale selon des statistique du ministère de 2022. La filière oléicole algérienne se distingue par la composition de deux types de systèmes de production (Le dualisme) : moderne et traditionnel, avec une prédominance de ce dernier (constitue près de 90 % du verger national).

Quelle performance des exploitations oléicoles en Algérie ?
En 2020, le verger oléicole Algérien couvre une superficie de plus de 438 828 Ha avec 63 487 958 oliviers Depuis le début des années 2000 et avec le lancement du Plan National Oléicole (P.O.N) pour le développement et la modernisation de la filière oléicole, les surfaces cultivées en oliviers ont connues une croissance importante .
Là je cite les dernieres statistiques de 2020 maruqé par une superficie de plus de 439000 ha et une production de 126000 tonnes d’huile. Cependant, le nombre d’oliviers a connu également une grande évolution, il était de 16 702 610 arbres en 2000, il augmente à 36 335 782 arbres en 2010 puis atteint 63 487 958 arbres en 2020. Soit une hausse égale à 117,5% par rapport à 2010 et 263 % par rapport à 2019 L’augmentation des superficies et le nombre d’oliviers pendant les deux dernières décennies (2000 – 2020), ont permet à l’Algérie de réaliser de grande performances en production de l’huile d’olive et d’olive de table. Ces résultats intéressants qu’a réalisés l’Algérie, est le fruit des efforts fournis par l’Etat avec la mise en place de plusieurs programmes nationaux en faveur du développement de l’oléiculture sur l’ensemble du territoire national, particulièrement le mode intensif dans les zones steppiques, présahariennes et sahariennes.

Les rendements algériens de l’huile d’olive ne sont pas stables, ils varient d’une compagne à l’autre. Ils ont pris une trajectoire croissante à partir de la compagne 2016/2017 jusqu’à la compagne 2019/2020 avec un record de production de 126 000 Tonnes. Mais après cette compagne, l’Algérie a enregistré une baisse de production et des rendements très fluctuants, une année bonne et une autre mauvaise.
Cependant, selon les spécialistes en oléiculture, le volume de production de notre pays reste faible en comparaison avec le potentiel dont il dispose. L’instabilité de la production est causée par plusieurs obstacles qui se résument à : la sècheresse et manque des surfaces irriguées, les incendies qui affectent beaucoup les surfaces productives où ces dernières années l’Algérie a connu de multiples incendies pendant l’été, le caractère traditionnel de la culture de l’olivier et la non-maîtrise des techniques modernes de production, manque d’entretien durant l’année, ajoutant aussi, le caractère familiale de cette filière où la production de plusieurs ménages est destinée généralement à la consommation domestique (Notamment en Kabylie). Bien que nous ajoutant d’autres causes d’ordre organisationnelles et institutionnelles constituant des goulots d’étranglement au développement de la culture de l’olivier en Algérie.

L’oléiculture un métier d’avenir ?
Oui bien sûr, l’oléiculture en Algérie peut devenir un métier d’avenir grâce aux potentialités que dispose notre pays. On a de grandes potentialités sur tous les niveaux : de grandes superficies adéquates à la culture d’olivier notamment aux Nord-Est (développement l’oléiculture de montagne) et hauts plateaux et le sud (développement l’oléiculture intensif et hypertensif),un climat méditerranéen favorable à cette culture, des variétés locales importantes pour l’huile d’olive comme Chamlal,une main d’ouvre disponible, des ressources financières disponibles afin de subventionner ce secteur d’activité, possibilité de développer une industrie oléicole (trituration et conditionnement de l’huile d’olive) donc une création d’emploi et de richesse, une forte demande nationale et mondiale pour la consommation de l’or vert,possibilité de produire une huile d’olive biologique pour développer un marché national en Bio et de tenter d’accrocher des marchés au niveau international (sachant que ce type de marché est nouveau), une activité propre qui génère peu de déchets néfaste sur l’environnement, etc. Donc l’Algérie à un avantage concurrentiel par rapport au grands pays méditerranéen producteurs de l’huile d’olive.

Labélisation de l’huile d’olive en Algérie : pour l’instant aucune huile n’est labellisée?. Juste des projets en cours pour la labélisation de la variété Chamlal (Bejaia et Bouira) et Azeradj à Sedouk (Bejaia). La labélisation est très difficile, elle nécessite un cahier de charge rigoureux à respecter par les oléiculteurs.
Cela n’empeche pas de dire que l’Algérie a connu une nette progression durant les deux dernières décennies, sa production moyenne est de 75 000 tonnes (2010-2020) contre 33 550 tonnes durant la décennie 2000-2010, soit une évolution de 123%, ces performances sont les résultats des efforts et investissements que l’État Algérien a mis en place depuis le début des années 2000. L’Algérie occupe la neuvième place des pays producteurs d’huile d’olive dans le monde, derrière l’Espagne, l’Italie, la Grèce, la Tunisie, la Turquie, le Maroc, la Syrie et le Portugal et sa contribution représente 2,5% de la production mondiale.
La filière oléicole participe positivement dans l’économie algérienne, grâce à sa création de richesse, d’emploi (direct et indirect), participation à la sécurité alimentaire des algériens sachant que la quasi-totalité de la production nationale est consommée localement, développement de l’économie verte avec les superficies cultivées.

L’oléiculture et les changements climatiques en Algérie ?
L’oléiculture algérienne comme partout dans le monde, est ciblée par les changements climatiques, où ses rendements enregistrent des perturbations d’une année à l’autre. Causés par : la sècheresse et les décalages des saisons et les vagues de chaleurs ou de grandes pluies etc.
Malgré les changements climatiques, l’oléicultureen Algérie continue à prospère, mais avec des efforts en plus fournis par les oléiculteurs donc : plus d’irrigation, plus d’utilisation d’intrants, plus d’utilisation de pesticides etc. D’une manière générale, les changements climatiques obligent les oléiculteurs à doublés les efforts des entretiens des oliveraies, Donc cette situation nécessite une intervention étatique avec l’augmentation des aides allouées à cette filière stratégique pour faire face à ses changements.

Les exportations de l’huile d’olive en Algérie ?
Les exportations de 2021 il a été exporté 690 tonnes pour une valeur marchande dépassant les deux millions de dollars Selon les statistiques du ministère de l’agriculture (2022), le volume des exportations de l’huile d’olive en Algérie pendant la période (2012 – 2021) enregistre des quantités non stables. Ainsi, nous constatons que ses dernières connaissent une augmentation importante (Suite à l’augmentation de la production). Cette non régularité est liées aux fluctuations de la production et aux difficultés que trouvent les exportateurs algériens pour avoir des parts dans le marché international de l’huile d’olive qui se caractérise par une concurrence de plus en plus rude entre les pays potentiellement exportateurs. Mais les quantités exportées par l’Algérie sont très faibles par rapport aux pays exportateurs de l’huile d’olive comme : L’Espagne, l’Italie et la Tunisie. Par contre, l’huile d’olive algérienne arrive à s’imposer par sa qualité lors des concours internationaux ou l’Algériea déroché plusieurs médailles d’or par plusieurs marques : Dahabia olive (Djelfa), Numédia olive (Bejaia), Itheri olive (Bouira), Baghlia olive (Boumerdes), … mais le grand problème pour l’Algérie réside dans la quantité ou la production nationale de l’huile d’olive demeure faible.

Conclusion ?
Depuis le début des années 2000, la culture de l’olivier en Algérie enregistre un essor considérable, ses rendements et ses superficies se sont multipliés par quatre .Aujourd’hui, elle est considérée comme un élément major de l’économie agricole nationale. Ce constat est le résultat des grands efforts fournis par l’Etat dont l’objectif est de créer la richesse, de l’emploi, d’assurer la sécurité alimentaire des Algériens, et de participer à la diversification de l’économie nationale via cette filière stratégique.
M.M.

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