Une difficulté pour les autorités de répondre à la forte pression migratoire, venue d’ailleurs où les regards se portent immédiatement sur les populations en provenance d’Afrique subsaharienne. De fait, il ne se passe pas un jour où des centaines de migrants tentent de franchir les frontières, le plus souvent à destination de l’Europe, l’Espagne notamment. Les moins chanceux restent coincés .Où ? Chez nous. L’immigration est désormais un fait sociétal et spatial majeur.
D’importants moyens sont déployés et les mesures sont répressives. Aux moyens humains et matériels, cette lutte contre l’immigration clandestine s’est renforcée par un arsenal juridique qui fait de ce phénomène un délit. En effet, le gouvernement a, promulgué une série de lois qui criminalisent l’immigration clandestine.
Le phénomène devient d’autant plus crucial lorsqu’il s’agit des cadres, étudiants, médecins ou femmes avec ou sans enfants. Ces candidats intègrent parfois des réseaux de passeurs exerçant dans la clandestinité institutionnelle et défiant tout ce qui est réglementé par la loi. De nombreux réseaux spécialisés dans la fausse monnaie ont été neutralisés que ce soit à la frontière ouest ou à l’intérieur du pays.
Si les mouvements migratoires, soulignent des universitaires, s’inscrivent dans un processus sociohistorique, il est nécessaire pour la recherche et la communauté scientifique de comprendre l’actualité migratoire et son rapport avec l’histoire des pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne.
Cette mobilité internationale, selon bon nombre d’expert dans le milieu universitaire, à l’image du Pr Saib Musette, s’inscrit dans un contexte de crise et de domination géopolitique. Les mutations économiques et sociopolitiques incitent aujourd’hui les pays des deux rives de la méditerranée à la mise en place des dispositifs juridiques et politiques, contraignant toute initiative migratoire.« (…) A mi-chemin entre les espaces subsaharien et euro-méditerranéen, l’Algérie offre des frontières longues de 6700 km avec 7 pays. Celles du Sud en particulier sont immenses et difficiles à contrôler : la wilaya de Tamanrasset présente 1200 km de frontière commune avec le Mali et le Niger, tandis que celle d’llizi en offre 1400 km avec le Niger et la Libye. Le pays est devenu un des théâtres importants de cette question migratoire, qui se pose avec acuité pour des migrants vulnérables, venant d’Afrique subsaharienne. » A souligné Pr Musette ancien chercheur au CREAD
En effet Depuis la dernière décennie, l’Algérie est devenue un pays de transit pour les populations subsahariennes, quittant leur pays dans le but de parvenir jusqu’en Europe. Il s’agit en particulier des ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Au cours des dernières années, l’Algérie est également devenue un pays de destination pour une partie de ces migrants, qui décident finalement de s’y installer puisqu’ils parviennent de plus en plus difficilement à atteindre l’Europe.
Ces étrangers, migrants, vivant temporairement ou pour une durée plus longue sur le territoire algérien, sont exposés ainsi à une plus grande précarité. Pour manque de papiers, séjour illégal, faux papiers, escroquerie, proposition de fausses monnaies … D’ailleurs nombreux se trouvent en prison.
Malgré de nombreuse opérations de refoulement, inscrites dans le cadre d’endiguer le phénomène de l’immigration clandestine dans plusieurs régions du pays les subsahariens se comptent par centaines voire des milliers aujourd’hui.
Selon bon nombre d’observateurs le phénomène de l’immigration clandestine et du trafic de personnes est de plus en plus préoccupant parce qu’il implique bien des éléments du crime organisé et qu’il oblige, en particulier, des femmes à se prostituer, notamment les subsahariennes, où des cas de sida ont été signalés, outre des pandémies qui ont tué plusieurs personnes.
De nombreuses régions du pays sont devenues par le temps un véritable fief de ces individus à la recherche d’une vie luxueuse. Or, ils mènent un mode de vie qui laisse à désirer, eux qui ont fui la misère, demeurent, en fait un fardeau lourd pour le pays, qui cherche la solution adéquate pour ne plus voir ces parachutés.
Les statistiques démontrent à quel point le phénomène a pris de l’ampleur, et les services de sécurité se trouvent face à une armada de clandestins venus du mali, Togo, Congo, Sénégal, et même des marocains
Quotidiennement les services de sécurité opèrent à des arrestations. Parmi ces clandestins, figurent des criminels qui font partis des réseaux de trafic de drogue, des faux monnayeurs,etc. …..
Entre la misère et une mer sombre et anonyme, les clandestins, les plus pauvres se sont toujours embarqués à bord d’embarcations pneumatiques sans la moindre sécurité, à l’aventure, pour tenter de traverser la mer et de trouver, sur l’autre rive, une vie plus supportable. Mais la grande bleue, n’a laissé aucune chance à des centaines d’individus, qui rêvaient croquer une autre vie ailleurs, et à belle dents. En effet les routes de l’immigration sont parsemées d’une mort certaine. Braver les dangers, telle est la devise de ces sans papiers, qui croient à une chance sur cent… d’atteindre le paradis voulu.
Ils sont originaires en grande partie de l’Afrique de l’Ouest. Ils viennent du Burkina Faso, du Cameroun, de la Cote d’Ivoire, des Guinées (Guinée Bissau, Guinée équatoriale), du Ghana, du Liberia, du Mali, du Niger du Nigeria, du Togo, etc. il existe aussi des africains qui sont logés dans des villas en construction pour assurer le gardiennage. D’autres travaillent la terre. En fait, ils s’adonnent à toutes les activités qu’ils peuvent trouver. Ils sont dans les champs travaillant avec les fellahs, dans le bâtiment, manutentionnaires pour charger ou décharger des marchandises et aussi dans les garages de réparation des voitures. Ce travail leur procure un pécule quotidien allant jusqu’à 3000 dinars par jour et en fonction des employeurs et des tâches accomplies.
Fuyant les conflits et la misère.
Les subsahariens élisent refuge dans de nombreuses villes.
Le flux migratoire a gagné aujourd’hui toutes les villes de la wilaya de Tlemcen. Les réfugiés subsahariens sont partout. Près des mosquées, sur les places publiques, au niveau des ronds-points, aux abords des routes, au marché, pour faire la manche. Une vie approximative loin des leurs, loin de leur pays et de leurs racines. Sans abris ils vivent à même la rue, et ce malgré tous les apports qui leurs sont dédiés pour amoindrir leur exil forcé. Des aides et de l’assistance qu’apportent les autorités locales en vue de leur prêter soutien moral et aide matérielle, avant de les conduire aux frontière dans les meilleures conditions qui soient et qui leur est dû en tant que réfugiés. Mais le phénomène de l’immigration clandestine persiste dans toute la région de Tlemcen et surtout la région frontalière ouest du pays, notamment àMaghnia. Si durant les années 2004 et 2005, les résultats escomptés à travers ces opérations d’acheminement aux frontières ont été réalisés, à travers la reconduction de plus de 1391, sans papiers, il est à noter que ces dernières années, la situation est loin d’être endiguée.
Les statistiques démontrent à quel point le phénomène a pris de l’ampleur, et les services de sécurité se trouvent face à un grand flux de subsahariens de différentes nationalités, qui travaillent dans le secteur du bâtiment, celui de l’agriculture … Pour mettre fin à ces passages illégaux, les autorités de la wilaya prennent les mesures adéquates pour contenir cet afflux, d’autant que de nombreux groupes se sont constitués en associations de malfaiteurs et de faux monnayeurs que les services de sécurité ont arrêté à plusieurs reprises.
Ces algériens candidats à l’émigration clandestine
A travers le pays de nombreuses journées d’études et des rencontres scientifiques ont été organisées pour élucider ce phénomène qui pousse nos jeunes algériens à s’aventurer en pleine mer. Coupable ou victime, a été d’ailleurs le thème du 1er colloque international organisé à Tlemcen par le bâtonnat de Tlemcen, afin d’interpeller les pouvoirs publics de ce phénomène qui ne cesse de nos jours de prendre de l’ampleur à l’échelle nationale. En effet, souvent situées dans des zones économiques défavorisées, les terres européennes font figure d’Eldorado et nombreux sont ceux qui sont prêts à tout risquer pour bénéficier des avantages économiques et sociaux sous d’autres cieux. Les avocats ont déclaré qu’il s’agit d’un phénomène qui menace à plus d’un titre le pays, car il s’agit d’une véritable tragédie nationale. Selon Me Barka Mustapha : « l’évolution démographique l’évolution économique sur tous les plans ont engendré chômage, déperdition scolaire, et surtout des diplômés à la rue »
La question éternelle, c’est ce « pourquoi on quitte chez soi pour devenir étranger chez l’autre ». Le gouvernement doit consolider sa politique préventive et combattre à outrance les organisations mafieuses qui cherchent à faire fortune en faire passant des jeunes
M.M
Entretien avec Kamal Bouafia chercheur en sciences politiques et membre de la Fondation Algérie Débats qui a organisé de nombreuses journées d’études sur l’émigration, afin de présenter les dernières actualités et de proposer des pistes de réflexion aux autorités publiques, en mettant en avant les efforts consentis par l’État dans la gestion de ce dossier.
Parlez-nous de l’ampleur du phénomène de la présence des étrangers en Algérie ?
La présence des étrangers en Algérie s’articule autour de deux grandes catégories : les migrants réguliers et ceux en situation irrégulière. Les premiers disposent de visas ou de titres de séjour conformes à la législation nationale. En 2018, leur nombre était estimé à environ 90 000, comprenant principalement des travailleurs originaires de Chine, de Turquie, de France et de Syrie. Ces migrants, souvent employés dans les secteurs des hydrocarbures, de la construction, de l’ingénierie, des services ou du secteur privé, contribuent activement à l’économie nationale en travaillant légalement pour des entreprises locales ou étrangères. À cela s’ajoutent les étudiants étrangers, principalement africains et arabes, accueillis dans le cadre de bourses d’études offertes par l’État. Cette dynamique renforce les relations de coopération Sud-Sud. Parmi les migrants réguliers figurent également les réfugiés, bien que minoritaires, notamment les Sahraouis, dont le nombre est estimé à 173 600 (2017). Ces derniers, ainsi que quelques migrants subsahariens, bénéficient de l’assistance d’organismes comme le HCR.
En revanche, la migration irrégulière représente une problématique plus complexe. Ces migrants, majoritairement originaires de pays tels que le Niger, le Mali ou encore la Syrie, dont le nombre est estimé à 10 000 (2017), à part ceux qui pratiquent de la mendicité, occupent souvent des emplois précaires dans l’économie informelle, notamment dans l’agriculture, le bâtiment et les services. Ces activités, bien qu’essentielles pour leur survie, les exposent à des conditions difficiles. L’Algérie constitue également un point de transit pour ceux qui aspirent à rejoindre l’Europe via la Méditerranée, au péril de leur vie.
Quelles mesures suggérées pour lutter contre ce phénomène ?
Face à cette réalité, l’Algérie, pays de transit et d’accueil stratégique, doit adopter une approche adaptée. Le contrôle des frontières doit être renforcé à travers une modernisation des infrastructures et une coopération accrue avec les pays voisins, tels que le Mali, le Niger et la Tunisie, afin de lutter efficacement contre les réseaux de trafic humain. Parallèlement, des programmes de régularisation pourraient être envisagés pour intégrer certains migrants qualifiés dans des secteurs en demande, comme la construction, l’agriculture ou la santé. Des formations professionnelles et des initiatives d’apprentissage linguistique aideraient également à insérer les migrants moins qualifiés dans l’économie formelle, particulièrement dans les régions frontalières, favorisant ainsi leur développement économique et réduisant la pression migratoire sur les grandes villes.
Une action conjointe avec les partenaires africains est également cruciale pour s’attaquer aux causes profondes de la migration, notamment la pauvreté et l’instabilité politique. En soutenant des projets de développement dans les pays d’origine des migrants, l’Algérie pourrait contribuer à réduire ces flux migratoires. Enfin, des campagnes de sensibilisation doivent être menées pour réduire les tensions entre migrants et communautés locales, préservant ainsi la cohésion sociale.
Et Quelles politiques selon vous pour freiner l’exode de jeunes Algériens sous d’autres cieux ?
Pour freiner l’exode des jeunes, il est impératif d’améliorer les perspectives d’avenir sur le territoire national. Cela passe par la création d’opportunités économiques à travers le soutien à l’entrepreneuriat, l’accès facilité au financement, et le développement de secteurs porteurs comme les énergies, les technologies et l’agriculture moderne. Ces initiatives doivent être accompagnées d’une répartition équitable des richesses, afin d’offrir des opportunités dans les régions les plus défavorisées.
Le système éducatif doit également être réformé pour s’adapter aux besoins du marché de l’emploi. Les jeunes doivent bénéficier de formations adaptées, de stages et d’emplois directs via des partenariats entre universités et entreprises. La gouvernance et la transparence doivent être renforcées pour restaurer la confiance des jeunes envers les institutions, tout en les impliquant davantage dans les processus décisionnels.
L’amélioration des services publics, notamment dans les domaines de la santé, des transports et du logement, est essentielle pour offrir un cadre de vie attractif. Des espaces culturels, sportifs et de loisirs doivent également être développés pour répondre aux attentes des jeunes. S’ajoute la sensibilisation aux risques de l’immigration clandestine qui a pour objectif de contribuer à renforcer leur attachement au pays. Ces mesures, combinées à une mobilité intérieure facilitée, visent à encourager les jeunes Algériens à construire leur avenir sur leur propre sol.
Conclusion ?
Contrairement au Maroc, qui utilise les migrants comme un levier de pression politique et de négociation avec l’Union européenne, l’Algérie s’appuie davantage sur des mesures sécuritaires et une coopération régionale pour contrôler ses frontières. Cependant, les opérations de rapatriement des migrants en situation irrégulière représentent un coût financier important pour l’État, qui doit mobiliser des ressources considérables pour leur prise en charge et leur retour.
Cependant, contrairement à la Tunisie, où les départs massifs de nationaux vers l’Europe sont marquants, l’Algérie observe une pression migratoire interne moins lourde, liée à sa position géographique et à son économie relativement plus diversifiée.
Enfin, ce phénomène reste toutefois moins grave en Algérie, qui affronte ces défis seule, sans recourir aux aides européennes. En effet, les conventions proposées par ces dernières sont souvent perçues comme une atteinte à la souveraineté nationale et une ingérence dans la gestion autonome de ce dossier. Cela n’empêche cependant pas l’Algérie de pouvoir toujours négocier d’autres formes de coopération avec l’Union européenne pour la prise en charge de ce dossier, étant donné que cette dernière est impliquée d’une manière ou d’une autre dans le déclenchement de cette crise. Ceci doit se dérouler dans le respect total de la souveraineté nationale.

 
			 
			 
		 
		 
		