Dès les premières heures du mois d’octobre consacré mondialement à la lutte contre le cancer du sein, l’Algérie a choisi de transformer cette période symbolique en un moment fort d’unité, de sensibilisation et d’action.
À travers une campagne nationale ambitieuse, les pouvoirs publics, les associations, les experts et les citoyens se sont donné pour mission de rappeler à chaque femme que la prévention et le dépistage précoce représentent une véritable chance de vie.
Chaque année, le mois d’octobre, rebaptisé « Octobre rose », est dédié à la sensibilisation au cancer du sein. En Algérie, ce rendez-vous n’est plus seulement une commémoration symbolique, mais un véritable élan national. C’est dans ce cadre qu’a été lancée la campagne nationale de dépistage précoce du cancer du sein et du col de l’utérus, orchestrée par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, en partenariat avec le ministère de la Santé, avec l’appui d’institutions publiques et le soutien actif du mouvement associatif. La cérémonie inaugurale, empreinte d’émotion et de gravité, a été marquée par la présence de personnalités de haut rang : la ministre Dr Soraya Mouloudji, accompagnée du ministre de la Santé, Pr Mohamed Seddik Aït Messaoudene, du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Abdelhak Saihi, ainsi que du président de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, Pr Kamel Sanhadji.Tous ont affirmé d’une seule voix que la lutte contre ce fléau devait devenir une priorité nationale permanente, au-delà d’un mois symbolique.
Une campagne au cœur des foyers algériens
Placée sous le slogan « Le dépistage précoce, un moment de conscience… n’hésite pas, ta vie est une responsabilité », cette campagne vise bien plus qu’une simple sensibilisation. Elle s’articule autour d’une démarche globale et inclusive, qui touche toutes les couches de la société, avec une attention particulière aux zones rurales et reculées. Les directions de l’action sociale et de la solidarité (DASS), les cellules de proximité, les établissements de santé et surtout les associations de la société civile constituent les relais essentiels de cette initiative. L’objectif est clair : rapprocher le dépistage des femmes, briser les tabous et démocratiser l’accès à l’information et aux soins. Depuis 2015, la Ligue des États arabes a décrété le 1er octobre comme “Journée arabe de sensibilisation au cancer du sein”, à la suite d’une décision historique prise à Alger lors de la 38ᵉ session du Comité arabe de la femme. Cette résolution, inscrite dans le cadre de « l’Initiative du cartable rose », avait pour but d’adresser un message commun à toutes les femmes de la région : « Prenez soin de votre santé, faites-vous dépister ». En réaffirmant son engagement, l’Algérie se positionne une fois de plus comme pionnière dans la région arabe. Elle prouve que la lutte contre le cancer du sein n’est pas seulement une affaire de santé publique, mais aussi un enjeu de solidarité, de dignité et de justice sociale.
Gratuité, proximité et accompagnement : un dispositif concret
Dans son allocution, la ministre de la Solidarité a insisté sur le fait que cette campagne repose sur des mesures tangibles et accessibles à toutes : Consultations gratuites de dépistage dans les établissements de santé et à travers des unités mobiles envoyées dans les zones les plus enclavées. Soutien psychologique aux femmes atteintes, afin de rompre l’isolement et d’apporter une écoute bienveillante. Aides sociales et financières pour les patientes issues de familles défavorisées, afin de lever les obstacles matériels.
Amélioration continue de la qualité des soins et renforcement des moyens dans les centres spécialisés. La ministre a également souligné l’importance d’impliquer les femmes guéries dans ces campagnes, car leur témoignage constitue un message d’espoir puissant pour celles qui affrontent la maladie.
Au-delà des centres de santé, la sensibilisation se déploie également dans l’espace public et culturel. Le ministère a lancé un spot audiovisuel national, diffusé sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux.
Des artistes et célébrités algériennes, sensibles à cette cause, ont prêté leurs voix et leurs images pour rappeler à leurs concitoyennes que la prévention sauve des vies. Cet engagement bénévole illustre parfaitement comment l’art peut se transformer en vecteur de santé publique et de solidarité nationale.
Une parole donnée aux experts et aux associations
L’événement inaugural ne s’est pas limité aux discours officiels. Un panel scientifique a permis de donner la parole aux spécialistes et aux associations. Parmi eux : Pr Houti, du Centre anti-cancer d’Oran, Pr Salah Dilem, chirurgien oncologue et membre actif de l’association Noor Santé, Mme Hamida Ketab, présidente de la Fédération algérienne des associations de malades du cancer, ainsi que des représentants du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Tous ont martelé le même message : le dépistage précoce sauve des vies. Les données scientifiques sont claires : lorsqu’il est détecté à un stade initial, le cancer du sein peut être guéri dans plus de 90 % des cas. La ministre a tenu à saluer avec émotion le dévouement du corps médical « médecins, infirmiers, techniciens et paramédicaux » qui accompagnent au quotidien les patientes dans leur parcours de soins.
Elle a également mis en lumière le rôle irremplaçable des associations locales, véritables passerelles entre les citoyennes et les institutions. Leurs actions bénévoles, souvent menées dans l’ombre, contribuent à rapprocher la santé des femmes dans chaque quartier, chaque village et chaque commune.
Ne pas limiter la lutte à un seul mois
Si « Octobre rose » reste un moment phare, la ministre a rappelé que le combat contre le cancer du sein doit se prolonger toute l’année. Elle a appelé les médias, les influenceurs, la société civile et tous les acteurs de la vie publique à continuer la sensibilisation en permanence.
« La prévention n’est pas un slogan ponctuel. C’est un réflexe qui doit entrer dans nos habitudes de vie », a-t-elle affirmé. Au-delà des chiffres et des discours, la campagne nationale de cette année transmet un message universel : la santé des femmes est une cause collective. Elle concerne la famille, la société et la nation entière.
En inscrivant cette démarche dans ses politiques sociales, l’Algérie rappelle que le développement humain passe par la dignité, la santé et l’épanouissement des femmes. Dans chaque wilaya, des actions concrètes sont organisées : journées portes ouvertes dans les hôpitaux, consultations gratuites, conférences, campagnes d’affichage, et même des ateliers de sensibilisation dans les écoles et universités.
L’Algérie, un exemple de mobilisation collective
La force de cette campagne réside dans son caractère inclusif. Les institutions publiques, les professionnels de santé, les associations, les artistes, les médias et les citoyennes elles-mêmes participent à la diffusion d’un même message : « Faites-vous dépister, la vie n’a pas de prix. » C’est dans cette union que l’Algérie trace la voie d’une riposte globale contre un fléau qui touche chaque famille, directement ou indirectement.
Le cancer du sein ne choisit ni l’âge, ni la région, ni le statut social. C’est pourquoi l’Algérie fait de la prévention et du dépistage précoce une responsabilité nationale partagée.
En associant la science, la solidarité, la culture et l’engagement citoyen, cette campagne traduit une volonté claire : ne laisser aucune femme seule face à la maladie. À travers cette mobilisation sans précédent, l’Algérie envoie un message fort : la vie de chaque femme compte, et chaque dépistage est une victoire sur la maladie.
