Une troisième personne a été tuée et d’autres ont été blessées jeudi suite à l’intervention violente des forces de l’ordre du Makhzen contre des manifestants pacifiques dans la province d’Inzegan (sud du Maroc), alors que les protestations réclamant justice sociale et lutte contre la corruption se multiplient dans le pays.
Selon des sources médiatiques, l’intervention brutale des forces de l’ordre du Makhzen lors d’une confrontation avec des manifestants pacifiques à Inzegan a causé la mort d’une troisième personne et blessé plusieurs autres.
Des manifestants ayant participé aux protestations ont été arrêtés, tandis que les autorités ont annoncé que certains pourraient être condamnés à des peines de prison pouvant aller jusqu’à 20 ans, voire à la réclusion à perpétuité, suscitant de vives critiques de la part d’organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme, qui considèrent ces sanctions comme un crime politique parfait.
Cette escalade intervient alors que les citoyens réclament des réformes économiques et sociales urgentes, face à l’intensification de la pauvreté, du chômage et à la détérioration des services de base.
Des médias locaux et les témoignages directs sur place ont diffusé des photos et vidéos documentant l’usage excessif de la violence par les forces de l’ordre, provoquant une large vague de colère tant au niveau national qu’international.
Plus tôt dans la journée, les médias avaient indiqué que l’intervention violente des forces de l’ordre du Makhzen contre les jeunes manifestants pacifiques dans la province d’Inzegan, mercredi soir, avait coûté la vie à deux personnes, tandis que des centaines d’autres ont été blessées.
Ces manifestations faisaient suite aux appels d’un mouvement de jeunes, qui avait insisté dans un communiqué sur le caractère pacifique de son action.
La répression sanglante du Makhzen suscite une vague de condamnations internationales
Plus de 15 organisations internationales de défense des droits de l’Homme ont condamné la répression excessive exercée par les forces du Makhzen contre des manifestants pacifiques, une répression qui a coûté la vie à deux personnes et fait des centaines de blessés.
Ces condamnations interviennent au moment où les autorités ont annoncé leur intention d’imposer de lourdes peines de prison aux personnes arrêtées, allant jusqu’à la réclusion à perpétuité, révélant ainsi clairement que le Makhzen poursuit une politique d’intimidation plutôt que d’écouter les revendications populaires.
Ce développement alarmant a poussé l’Organisation mondiale contre la torture et 14 autres ONG internationales, jeudi, à dénoncer ce qu’elles ont qualifié de crime politique caractérisé du Makhzen et la répression croissante exercée par les autorités marocaines contre les manifestations pacifiques qui secouent plusieurs villes depuis samedi dernier.
Le communiqué conjoint des organisations affirme que ce qui s’est produit n’était pas de simples « dérapages limités », mais bien une politique systématique visant à empêcher les citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Les forces de sécurité, précise-t-il, ont eu recours à une violence excessive et disproportionnée pour disperser les manifestations appelées par la jeunesse via les plateformes numériques.
Le texte considère que ces événements constituent une violation flagrante des engagements constitutionnels et internationaux du Maroc, exigeant la libération immédiate de tous les détenus et la fin d’une politique répressive qui menace le droit des citoyens à la participation civique.
Le communiqué souligne que la campagne sécuritaire menée contre les manifestants pacifiques, descendus dans la rue pour réclamer le droit à l’éducation, à la santé et la fin de la normalisation avec l’entité sioniste, s’est caractérisée dès le départ par une épression brutale, des violences systématiques et des arrestations arbitraires.
Les racines de ces protestations – ajoute le texte – remontent à des crises sociales accumulées, la dernière en date étant le décès de huit femmes enceintes dans un hôpital public de la ville d’Agadir, un drame qui a suscité une indignation populaire et symbolise l’effondrement catastrophique du secteur de la santé publique.
Cette colère s’est accentuée face à la dégradation de l’éducation publique et à la montée du chômage, poussant les manifestants à scander des slogans tels que « Des hôpitaux avant les stades », une allusion aux priorités budgétaires de l’Etat, davantage tournées vers la préparation de la Coupe du monde 2030 que vers les services essentiels.
Les organisations estiment que le choix de ces slogans traduit une prise de conscience croissante de la nécessité de réorganiser les priorités nationales au service de la justice sociale et de la dignité humaine.
Elles soulignent que les autorités marocaines ont violé de manière flagrante les droits garantis par la Constitution, citant notamment l’arrestation d’un citoyen simplement pour avoir accordé une interview à un média, un fait qualifié de « précédent dangereux qui menace le droit de tout citoyen à exprimer son opinion ».
Elles rappellent que ces violations ne concernent pas uniquement le droit interne mais touchent également les engagements internationaux du Maroc, en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, notamment son article 21, qui n’autorise les restrictions au droit de réunion pacifique que dans des conditions strictement nécessaires et proportionnées, conditions qui n’ont manifestement pas été respectées dans ce cas.
En conclusion, les organisations signataires réclament cinq mesures urgentes : la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes arrêtées en lien avec les manifestations, l’ouverture d’une enquête indépendante et transparente sur les accusations e torture et d’usage excessif de la force, le respect des droits fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion, la fin de toutes formes d’intimidation à l’égard des militants et journalistes, la reconnaissance des revendications sociales et économiques exprimées par les manifestants, ainsi que l’ouverture d’un dialogue national inclusif pour traiter les crises de la santé, de l’éducation et du chômage.
Parmi les organisations signataires du communiqué figurent Skyline International for Human Rights (SIHR), Intersection Association for Rights and Freedoms, HUMA for Human Rights and Civic Engagement, Justice Committee, FOCA Alliance for Civic Action et la Fédération internationale des droits de l’homme.
