Le Maroc vit un véritable séisme social. Les places publiques se transforment chaque
jour en scènes de contestation, les grandes avenues de Casablanca, Rabat, Fès ou Agadir résonnent d’une clameur nouvelle, portée par une jeunesse déterminée à briser le silence. 
Ce qui se joue dans les rues du royaume dépasse de loin de simples revendications passagères : c’est le procès d’un système à bout de souffle, incapable de répondre aux besoins essentiels de sa population.
Les jeunes, souvent lycéens, étudiants ou diplômés sans avenir, refusent désormais de se résigner à l’échec d’un modèle qui leur promettait l’ascension sociale mais qui ne leur offre que chômage, précarité et frustration. Pour eux, il ne s’agit plus de négocier des miettes : ils veulent un avenir digne, des écoles modernes, des hôpitaux qui soignent, des emplois stables et une justice sociale réelle.
Dans ce Maroc de 2025, où les grands projets d’infrastructures brillent à l’international, la jeunesse constate que son quotidien reste plombé par des inégalités criantes et un service public en décomposition.
Un système éducatif à la dérive
Les manifestations mettent en avant un constat sans appel : l’école marocaine ne prépare plus son peuple à l’avenir. Classes surchargées, établissements vétustes, absence de moyens pédagogiques modernes, fuite des enseignants qualifiés.
La promesse d’égalité des chances est devenue un slogan creux. Des générations entières sont sacrifiées, enfermées dans un système incapable de rivaliser avec les standards internationaux.
Pour les jeunes, l’éducation n’est plus une porte d’entrée vers l’emploi, mais un couloir sans issue. Leurs diplômes, souvent dévalorisés, se heurtent à un marché du travail verrouillé et saturé.
Santé : quand les tragédies deviennent la norme
La colère s’est cristallisée après la tragédie de l’hôpital Hassan II d’Agadir, où plusieurs vies ont été perdues dans des conditions dénoncées comme inacceptables. Mais cet épisode n’est que la partie visible d’un drame quotidien.
Dans tout le pays, les hôpitaux manquent de moyens, les patients attendent des heures, parfois des jours, pour recevoir un soin, et les inégalités territoriales condamnent les plus démunis à l’abandon.
Les Marocains ont compris que la santé est devenue un privilège réservé à ceux qui peuvent payer cliniques privées et médicaments importés. Pour les autres, il ne reste que l’attente et l’espérance, souvent vaines.
Emploi : une génération sacrifiée
La jeunesse marocaine, majoritaire dans la population, se retrouve étranglée entre chômage massif et emplois précaires.
Ceux qui ont étudié ne trouvent pas de débouchés. Ceux qui travaillent subissent des salaires bas, sans protection sociale. Les diplômés chômeurs, présents massivement dans les manifestations, ne réclament plus seulement un emploi : ils revendiquent leur droit à exister dans une société qui les marginalise.
Un cri politique étouffé
Derrière les slogans et les pancartes, c’est toute une remise en cause du contrat social qui éclate au grand jour.
Le Maroc affiche à l’international des succès économiques et diplomatiques, mais sa population constate que ces réussites ne se traduisent pas dans son quotidien.
Les grands projets d’autoroutes, de ports ou de trains rapides ne nourrissent pas les familles, ne réduisent pas les inégalités, ne donnent pas aux jeunes les moyens de construire une vie digne.
La comparaison avec d’autres luttes dans le monde, de la Palestine au Sahara occidental, est omniprésente : la soif de dignité est universelle. Mais au Maroc, cette soif se double d’un sentiment d’abandon et d’exclusion.
Les réseaux sociaux : catalyseurs d’une révolte
La contestation trouve un écho immédiat sur les réseaux sociaux. Facebook, TikTok, X et Instagram deviennent des espaces où les vidéos de manifestations se partagent en boucle, où les appels à la mobilisation se propagent à la vitesse de la lumière. Pour la première fois, une génération née avec le numérique construit une contre-narration face aux médias officiels.
Une jeunesse debout face à un État figé
Le Maroc de 2025 semble pris entre deux mondes : celui des vitrines modernistes, qui séduisent les investisseurs étrangers, et celui des réalités sociales, marquées par la pauvreté, l’injustice et l’absence de perspectives.
Le contraste est devenu insupportable. Ce mouvement de contestation, pacifique mais déterminé, annonce l’émergence d’une nouvelle page de l’histoire sociale du pays.
Mais il pose aussi une question fondamentale : le pouvoir marocain est-il capable d’entendre ce cri de détresse avant qu’il ne se transforme en tempête ?
Car une chose est claire : rien ne va plus au Maroc.

 
			 
			 
		 
		 
		