La ville de Sétif a vibré, le samedi 27 septembre 2025, au rythme des arts de la scène lors du coup d’envoi officiel de la troisième édition des Journées théâtrales arabes, organisées à la Maison de la culture Houari-Boumediene.
Cet événement majeur, baptisé au nom du chahid Hassan Belkired, pionnier et fondateur du théâtre sétifien, a rassemblé un large public composé d’artistes, de responsables institutionnels, d’universitaires et de passionnés du théâtre venus de divers horizons arabes.
Le wali de la wilaya, Mustapha Limani, a présidé la cérémonie d’ouverture, aux côtés d’un parterre de personnalités officielles : le vice-président de l’Assemblée populaire de wilaya, le chef de daïra, le président de l’APC de Sétif, ainsi que le directeur de l’Office de la culture et du tourisme.
Tous se sont joints aux centaines de spectateurs pour marquer de leur présence un rendez-vous qui s’impose désormais comme un carrefour artistique incontournable.
Dans son allocution, le wali a exprimé sa fierté et sa joie de voir la wilaya accueillir « une manifestation culturelle d’une telle envergure, placée sous le signe de l’unité arabe et de la mémoire d’un martyr qui a consacré sa vie au théâtre ».
Il a souligné que ces journées constituent « une opportunité précieuse pour renforcer les passerelles de communication culturelle et artistique entre l’Algérie et les pays participants » tout en réaffirmant l’engagement indéfectible de l’État à soutenir la création et les créateurs.
Farouk Redaouna : « Nous relevons le défi avec cette édition »
La veille de l’ouverture, le directeur des Journées théâtrales arabes, Farouk Redaouna, également président de l’association « Fen el Ibdae », a animé une conférence de presse pour présenter les grandes lignes de cette édition.
Accompagné de Noureddine Maâyouf, représentant de l’Assemblée populaire communale, et de Khaled Mahnaoui, directeur de l’Office de la culture et du tourisme, il a mis en avant l’ambition de ce rendez-vous artistique.
« Nous relevons le défi avec cette édition », a-t-il affirmé, insistant sur la volonté d’ancrer les Journées théâtrales dans la durée et de leur donner un rayonnement international. Il a également annoncé avoir soumis un dossier complet au ministère de la Culture et des Arts afin d’institutionnaliser la manifestation et de la faire entrer dans le calendrier culturel officiel de l’Algérie.
Pour M. Redaouna, Sétif dispose « de tous les moyens humains, matériels et logistiques pour accueillir un festival d’envergure mondiale », et il a appelé à transformer cette manifestation en un symbole d’unité culturelle arabe.
Un programme dense et ambitieux
Le programme de cette édition 2025 est particulièrement riche : cinq jours d’activités intenses, avec des représentations théâtrales, des ateliers spécialisés, des conférences thématiques et des rencontres artistiques.
Neuf pays participent cette année, et six spectacles sont en compétition, jugés par un jury prestigieux présidé par le comédien et metteur en scène Mohamed Frimahdi.
Celui-ci est entouré de personnalités du monde théâtral comme l’Algérienne Samira Sahraoui, le dramaturge Djamel Abidi, la Jordanienne Abeer Issa et la Tunisienne Wahida Dridi.
Un volet formateur a été particulièrement mis en avant : quarante jeunes stagiaires venus de toutes les régions d’Algérie bénéficieront d’ateliers gratuits, pris en charge dans leur intégralité par l’organisation.
Ces ateliers, animés par des experts de renom, permettront aux jeunes talents de s’initier au jeu d’acteur (Hafed Khalifa, Tunisie), à l’écriture dramatique (Lara Hetti, Liban), à la scénographie (Dr Hamza Djaballah, Algérie) et à la mise en scène (Ahmed Rezzak, Algérie).
Ces formations représentent bien plus qu’un apprentissage technique : elles constituent une plateforme de rencontres et d’échanges entre créateurs arabes et algériens, renforçant ainsi l’esprit d’unité et de coopération culturelle.
Hommages et émotions lors de la soirée inaugurale
La soirée d’ouverture a été marquée par des moments d’intense émotion. Un vibrant hommage a été rendu à l’artiste Toufik Mezaâche, figure emblématique de la scène sétifienne, ainsi qu’à Saliha Belkired, sœur du martyr Hassan Belkired, dont le nom reste indissociable de l’histoire du théâtre à Sétif.
La délégation irakienne a, pour sa part, tenu à saluer le rôle fondateur de ces Journées, rappelant la dimension panarabe et fédératrice de cette rencontre culturelle.
La cause palestinienne au cœur de l’édition 2025
Fidèle à l’esprit engagé du théâtre, le directeur Farouk Redaouna a insisté sur la portée symbolique de cette édition.
Dans son discours, il a réaffirmé la solidarité de l’événement avec le peuple palestinien : « Nos cœurs sont aux côtés de Ghaza la résistante.
Nous nous tiendrons ensemble lors de la cérémonie de clôture dans un tableau artistique qui portera haut la voix de la liberté », a-t-il déclaré. En effet, le spectacle de clôture sera la pièce « Somoud Handala », une création du dramaturge algérien Djamel Abidi.
Ce spectacle, fruit d’une collaboration entre plusieurs artistes arabes, se veut un cri de résistance et de solidarité en faveur de la cause palestinienne, incarnée par le personnage symbolique de Handala.
Sétif, nouveau pôle de la culture arabe
Au fil des ans, Sétif s’impose comme une plaque tournante de la culture arabe, où le théâtre sert de langage universel pour rapprocher les peuples et les générations.
L’institutionnalisation des Journées théâtrales arabes, si elle venait à être concrétisée, permettrait non seulement de donner une visibilité internationale à la ville, mais aussi de consolider son rôle en tant que haut lieu de la création artistique en Algérie.
À travers cette édition, il apparaît clairement que l’objectif dépasse le simple divertissement : il s’agit d’ériger le théâtre en outil de dialogue, de mémoire et de résistance, au service de la fraternité entre les peuples arabes.
Une manifestation appelée à grandir
La troisième édition des Journées théâtrales arabes de Sétif marque une étape décisive dans l’histoire de cet événement. Entre représentations artistiques de haut niveau, formation des jeunes talents, hommages émouvants et messages de solidarité, cette édition consacre le théâtre comme un vecteur de créativité, de résistance et d’unité arabe. En donnant la parole aux artistes et en mettant la jeunesse au centre du projet, Sétif ne se contente pas d’accueillir un festival : elle incarne une vision ambitieuse, celle d’un théâtre porteur d’espérance, de mémoire et d’universalité.

 
			 
			 
		 
		 
		