Le monde de l’information est une fois de plus en deuil. Ce dimanche soir, près de l’hôpital al-Shifa, à l’ouest de Ghaza, cinq journalistes palestiniens ont été tués dans une frappe aérienne israélienne qui a pulvérisé leur tente de travail.
Tous portaient gilets et casques marqués PRESS. Tous exerçaient ce devoir universel. L’Organisation nationale des journalistes algériens (ONJA) a dénoncé, ce lundi, un crime de guerre délibéré, « perpétré en violation flagrante des lois et conventions internationales protégeant les professionnels de la presse ».
Dans un communiqué empreint de gravité, l’ONJA dénonce « un nouvel acte barbare contre la voix du droit et de la vérité » et appelle à une mobilisation internationale immédiate. Dont le dernier crime : cinq vies brisées, les victimes ont été identifiées : Anes el Charif, 28 ans, correspondant d’Al Jazeera Mohamed Qreiqeh, correspondant, Ibrahim Zaher, cameraman Mohammed Noufal, cameraman et Moamen Aliwa, cameraman.
Selon des témoins, l’attaque a été précédée d’un survol à basse altitude, comme si l’avion repérait précisément la cible. Quelques minutes plus tard, la tente installée par les journalistes pour préparer un direct a été frappée de plein fouet. « J’ai entendu l’avion… puis une explosion qui m’a projeté contre un mur.
Quand je me suis relevé, tout était en feu », témoigne un photographe rescapé, le visage couvert de poussière. « On voyait encore les casques PRESS au milieu des flammes », ajoute un autre survivant, incapable de retenir ses larmes.
Un schéma meurtrier récurrent
L’ONJA souligne que ce drame n’est pas isolé. Depuis le début de l’occupation, plus de 140 journalistes palestiniens ont été tués, souvent dans des circonstances laissant peu de doute sur le caractère intentionnel des attaques. En mai 2022, la journaliste vedette Shireen Abu Akleh tombait à Jénine, abattue d’une balle à la tête malgré un équipement clairement identifié.
En 2021, des frappes israéliennes avaient rasé la tour abritant les bureaux d’Al Jazeera et de l’Associated Press à Ghaza. Pour l’ONJA, cette frappe marque une escalade : elle a visé un groupe de journalistes parfaitement identifiables, à proximité d’un centre médical, en pleine mission professionnelle.
Violation du droit international
Cette attaque contre des journalistes viole : La Convention de Genève et ses protocoles additionnels, La Résolution 2222 du Conseil de sécurité de l’ONU (2015) protégeant les journalistes en zones de conflit, L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme garantissant le droit à l’information. « Tuer un journaliste, c’est tenter d’assassiner la vérité. Mais aucune bombe ne pourra effacer leurs images, leurs mots, leurs témoignages », martèle l’ONJA.
Appel à la justice internationale
L’organisation algérienne appelle les instances internationales à : Ouvrir une enquête indépendante sur cette frappe, Traduire les responsables devant la Cour pénale internationale, Mettre en place un mécanisme permanent de protection pour les journalistes en zones de guerre. Elle invite également les syndicats et fédérations de presse du monde entier à rompre le silence, à organiser des campagnes de sensibilisation et à exiger des sanctions concrètes contre les auteurs de ces crimes.
Une voix qui défie le silence
En concluant son communiqué, l’ONJA réaffirme que les journalistes tués à Ghaza sont désormais les témoins éternels de la vérité qu’on a voulu étouffer. Leurs images, leurs mots et leurs sacrifices continueront de nourrir la mémoire collective et de rappeler au monde que la liberté d’informer est indissociable de la liberté des peuples.