L’ancienne ministre Ségolène Royal n’a pas mâché ses mots. Dans un message au vitriol publié vendredi soir sur les réseaux sociaux, elle a accusé Emmanuel Macron d’utiliser, une fois de plus, la relation avec l’Algérie comme un outil politique pour détourner l’attention des crises qui frappent la France. Selon elle, cette « carte polémique » n’est qu’un réflexe cynique de l’exécutif pour occulter ses propres échecs. « Comme à chaque fois qu’il faut faire diversion, la carte Algérie est ressortie pour que nous regardions ailleurs : pendant ce temps, l’Aude brûle », dénonce-t-elle. Et d’ajouter que les incendies dévastateurs révèlent « la grave négligence » des promesses non tenues en matière d’avions bombardiers d’eau et la « baisse énorme » du budget de la sécurité civile.
Un gouvernement accusé d’impuissance face aux crises
Pour Ségolène Royal, cette stratégie relève d’un aveu d’impuissance. Incapable de répondre efficacement aux urgences internes, le pouvoir préfère agiter un sujet diplomatique sensible. « « On détourne le regard des Français des vrais problèmes : sécurité civile sinistrée, équipements inexistants, promesses bafouées », insiste-t-elle. Et ce n’est pas tout. L’ex-ministre avertit que la France se dirige droit vers « une rentrée sociale à hauts risques », faute de mesures concrètes pour désamorcer les tensions. “Tout est réuni pour une nouvelle explosion sociale », alerte-t-elle, jugeant le gouvernement incapable d’anticiper les colères qui montent dans un pays déjà fragilisé par les crises successives.
Une attaque frontale contre le choix de Bruno Retailleau
La critique de Royal vise aussi le cœur de la stratégie diplomatique d’Emmanuel Macron. Elle fustige la décision de confier les relations avec Alger au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qu’elle décrit comme « nostalgique de la colonisation » et défenseur de la loi Sarkozy vantant « les bienfaits de la colonisation ». Pour l’ancienne candidate à l’Élysée, ce choix est une « erreur fondamentale » qui condamne toute tentative de rapprochement à l’échec. « Est-ce compatible avec les intérêts de la France ? Aucune solution n’en sortira, seulement des postures destructrices », tranche-t-elle, accusant le chef de l’État de sacrifier l’avenir des relations franco-algériennes sur l’autel des calculs politiques internes.
Un appel à rompre avec la politique du coup d’éclat
Ségolène Royal appelle à rompre avec la diplomatie « à coups de provocations » et plaide pour un dialogue fondé sur « le sérieux, la maîtrise, le respect et la compétence ». À ses yeux, la relation avec l’Algérie est trop stratégique pour être gérée par des considérations idéologiques ou électoralistes. En quelques phrases, l’ancienne ministre a donc résumé ce qui, selon elle, mine à la fois la politique intérieure et la diplomatie française : la tentation permanente de la diversion. Un tir de barrage qui devrait relancer un débat explosif, à la croisée de la mémoire coloniale, de la politique étrangère et de la gestion des crises nationales.
