Hommage à Cherbal Abdelmadjid dit « Antar » : un maître de l’image, un père pour la jeune génération

dknews
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Parmi les nombreuses voix qui s’élèvent pour rendre hommage à Cherbal Abdelmadjid, plus connu sous le nom d’Antar, figure celle particulièrement émouvante de Mme Terrab Nesrine, photographe au quotidien El Moudjahid. Son témoignage est bien plus qu’un simple souvenir : c’est le reflet d’une reconnaissance profonde envers un homme qui a incarné l’excellence journalistique et l’humanité dans toute sa grandeur. « Antar, c’était un père, un éducateur, un patriote, un nationaliste, un formateur », confie d’une voix émue Mme Terrab Nesrine. Pour elle, comme pour tant d’autres, il n’était pas seulement un directeur de presse ou un collègue. Il était un guide, un repère, un bâtisseur de carrières, un homme d’une rare humanité.

Antar c’est une école

C’est en 2001 que Mme Terrab Nesrine rejoint El Moudjahid comme photographe stagiaire. C’est là que son chemin croise celui de Cherbal Abdelmadjid  dit Antar, un homme qu’elle ne cessera d’admirer au fil des années. Elle exercera à ses côtés pendant une décennie, une période marquante de sa vie professionnelle et personnelle. « Il nous a tout appris : la photo journalistique, la lecture politique de l’image, l’interprétation du message visuel. Avec lui, une photo n’était jamais anodine. Elle racontait toujours une histoire, portait un message, traduisait une ambiance », explique-t-elle. Antar ne se contentait pas de former à la technique, il transmettait une vision, un sens critique, une conscience professionnelle. Il représentait, selon elle, une véritable école, une référence incontournable dans l’univers de la photographie de presse.

Un pionnier pour la place des femmes dans la photo de presse

Au début des années 1970 / 1980, rappelle-t-elle, une seule femme photographe exerçait au sein du journal  El Moudjahid. En 1997, animé par une volonté de moderniser la profession et d’encourager la diversité, Cherbal Abdelmadjid dit Antar  crée une cellule de photographes au sein du journal. Il a recruté deux femmes : Mme Terrab Nesrine elle-même, et une collègue aujourd’hui photographe à l’Agence de Presse Algérienne (APS). Un geste fort et audacieux qui a marqué un tournant dans l’intégration des femmes dans le domaine exigeant de la photo de presse. « Travailler avec Antar, c’était formidable. Il avait une capacité rare à faire confiance, à déléguer, à encourager. Il croyait en nous, en notre potentiel, en notre regard », témoigne Mme Terrab Nesrine, visiblement touchée.

Un directeur respecté, un homme chaleureux

Au-delà du professionnel rigoureux et exigeant, Cherbal Abdelmadjid était également connu pour ses qualités humaines exceptionnelles. Son comportement avec les employés était toujours chaleureux, respectueux, humain. Il saluait chacun d’eux avec un sourire, échangeait des mots aimables dans les couloirs de la rédaction, instaurait une atmosphère familiale et bienveillante dans son équipe. « C’était le meilleur directeur que j’ai connu, et cela, tout le monde en témoigne, sans exception », affirme-t-elle avec émotion. Même après son passage à El Moudjahid, Mme Terrab Nesrine continue à garder contact avec lui, notamment lorsqu’il dirigeait le journal DK News. Elle se souvient de ses appels, de ses conseils, de sa voix rassurante. Jusqu’à ses derniers jours, Antar est resté fidèle à ses valeurs, à sa passion pour la presse, et à son attachement à ses anciens collaborateurs.

Une perte immense pour la presse nationale

Sa disparition laisse un vide béant. Pour Mme Terrab Nesrine, comme pour toute une génération de journalistes, photographes, rédacteurs, et professionnels de la presse, le départ d’Antar est une perte irréparable. Un pilier du journalisme algérien, un homme de terrain, de passion et d’engagement s’est éteint. « C’est une grande perte pour le journalisme. Qu’Allah lui fasse miséricorde et l’accueille dans Son vaste paradis », conclut-elle avec une infinie tristesse. À travers les mots de Mme Nesrine, l’héritage de Cherbal Abdelmadjid dit Antar perdure. Son influence, sa pédagogie, sa bonté, et sa passion pour l’image et la vérité resteront gravées dans la mémoire de ceux qu’il a formés et inspirés. Un homme rare, un bâtisseur discret, un mentor inoubliable.

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