Trois ans après sa disparition, la lumière de son engagement éclaire toujours les sentiers du journalisme algérien. Cherbal Abdelmadjid, plus connu sous le pseudonyme « Antar », continue de vivre dans la mémoire de ceux qui l’ont côtoyé, admiré ou simplement lu.
À l’occasion de la troisième commémoration de son décès, une voix forte et respectée s’est élevée pour lui rendre hommage : celle de Madame Saida Benhabyles, ancienne ministre, ex-présidente du Croissant-Rouge algérien et militante infatigable des causes humanitaires. Dans un témoignage d’une intensité rare, empreint d’émotion et de respect, Mme Benhabyles a esquissé avec des mots justes le portrait d’un homme d’exception, discret mais influent, passionné par l’Algérie et fidèle à ses principes jusqu’à son dernier souffle.
L’homme derrière la plume : un bâtisseur dans l’ombre
« Le défunt Cherbal Abdelmadjid (Antar), c’était un militant au vrai sens du mot. Un homme de valeur, une conscience éclairée, une voix apaisante dans les moments sombres. » Ainsi commence le vibrant hommage de Mme Benhabyles, qui décrit un homme animé par un sens aigu du devoir, un journaliste pour qui chaque mot avait un poids, chaque silence une signification. Ancien directeur du journal El Moudjahid, puis de DK News, Cherbal Abdelmadjid (Antar) n’était pas qu’un professionnel des médias : il était un éclaireur, un repère moral, un artisan de paix dans une époque parfois troublée. Mme Benhabyles se souvient notamment d’un moment fort en 1990, alors que le pays entrait dans une période incertaine, marquée par les prémices du terrorisme. À cette époque, Cherbal Abdelmadjid (Antar) l’avait accompagnée dans une mission humanitaire auprès des victimes, non pas en tant que journaliste, mais en tant qu’homme, frère et patriote.
Un homme de cœur au service de la vérité
Son engagement, discret mais constant, s’inscrivait dans une démarche profondément humaine. Mme Benhabyles évoque sa capacité à écouter, à comprendre, à accompagner sans juger. « Il avait cette noblesse rare, celle des hommes qui ne se mettent jamais en avant mais qui sont toujours présents là où il faut. » Dans un contexte où la presse traverse souvent des turbulences, Cherbal Abdelmadjid (Antar) incarnait une ligne claire, un journalisme de fond, soucieux de la vérité et du bien commun. « Il ne changeait pas avec les saisons politiques, il restait fidèle à ses valeurs républicaines. C’était un homme de boussole, pas de vent.»
L’héritage d’un pionnier du journalisme algérien
Au fil de ses quatre décennies de service, « Antar » s’est imposé comme l’un des piliers du paysage médiatique national. Sa rigueur, sa discrétion, sa vision stratégique des affaires politiques et diplomatiques faisaient de lui une figure respectée dans tous les cercles. Mme Benhabyles ne tarit pas d’éloges à ce sujet : « Il savait lire entre les lignes, orienter les débats sans jamais prendre la lumière. Il faisait partie de ces hommes qui servent la République sans jamais réclamer d’honneurs. » Dans son témoignage, elle insiste sur la nécessité de transmettre l’héritage de cet homme rare aux jeunes générations. Elle propose même d’institutionnaliser sa mémoire : en créant un prix Cherbal Abdelmadjid (Antar) du journalisme éthique, ou en lançant un colloque annuel dédié aux valeurs de la presse algérienne. « Ce n’est qu’en célébrant nos grands hommes que nous consoliderons les fondations de notre Nation. »
Une reconnaissance méritée, une mémoire vivante
Au-delà de l’hommage à son ami, Mme Benhabyles a partagé avec humilité son propre parcours. Lauréate du Prix des Nations Unies contre le terrorisme en 2001, une distinction rare dans le monde arabe, elle a tenu à rappeler que ce succès, elle le doit aussi à ces compagnons de route comme Cherbal, qui ont su l’épauler dans les heures les plus critiques. « Les vrais bâtisseurs de la Nation sont souvent ceux que l’on ne voit pas. Cherbal Abdelmadjid (Antar) en faisait partie. Il était cette colonne discrète mais solide sur laquelle on pouvait toujours compter. »
Le défunt Cherbal Abdelmadjid (Antar): une voix apaisée, une plume engagée, un modèle à suivre
Aujourd’hui encore, son nom évoque la droiture, l’équilibre, l’engagement. Sa disparition a laissé un vide, mais ses valeurs continuent d’inspirer. Mme Benhabyles, en livrant ce témoignage sincère, nous rappelle que les grands hommes ne meurent jamais vraiment : tant que leurs idées vivent, tant que leur œuvre est transmise, ils demeurent. Cherbal Abdelmadjid, alias Antar, fut plus qu’un journaliste. Il fut un acteur silencieux de l’histoire contemporaine algérienne, un patriote discret, un guide pour les consciences libres. Son souvenir, aujourd’hui ravivé avec dignité et émotion, appelle à la reconnaissance et à la pérennisation de son legs. À travers cet hommage, c’est toute une génération de journalistes, de citoyens et de patriotes qui saluent un homme d’exception. Une plume s’est éteinte, mais l’encre de ses valeurs continue d’écrire l’histoire.