Le village méditerranéen de Belgaïd, dans la commune de Bir El Djir (Oran), a été le théâtre d’un événement inédit : la première simulation grandeur nature du fonctionnement des Centres de Vacances et de Loisirs (CVL), organisée par le ministère de la Jeunesse en prévision de la saison estivale 2025. Cette initiative, placée sous le slogan « Engagés pour une saison exemplaire », ambitionne de révolutionner le modèle des colonies de vacances en Algérie. Devant un parterre composé de la déléguée nationale à la protection de l’enfance, Mme Meriem Cherfi, du wali d’Oran, des représentants de l’Agence nationale pour les loisirs des jeunes (ANALJ), et de nombreux cadres institutionnels, le ministre de la Jeunesse, M. Mustapha Haïdaoui, a rappelé les grandes lignes de cette réforme. Il a insisté sur le caractère « exceptionnel » de l’édition 2025, qui entend rompre avec les pratiques passées en misant sur une organisation anticipée, des outils numériques, un projet éducatif structuré, et une professionnalisation renforcée des encadreurs.
Entre volonté de modernisation, aspirations éducatives, et soupçons de clientélisme, la première simulation nationale des Centres de Vacances et de Loisirs (CVL), organisée à Oran, a révélé les forces et les faiblesses d’un dispositif encore en mutation.
Une opération nationale sous haute ambition
Le village méditerranéen de Belgaïd, dans la commune de Bir El Djir (Oran), le ministre de la Jeunesse et président du Conseil supérieur de la jeunesse, Mustapha Haïdaoui, a lancé, le 19 juin, la toute première simulation grandeur nature du fonctionnement des Centres de Vacances et de Loisirs pour la saison estivale 2025. Placée sous le slogan « Engagés pour une saison exemplaire », cette initiative vise à refonder profondément le modèle des colonies de vacances en Algérie. En présence de la commissaire nationale à la protection de l’enfance, Mme Meriem Cherfi, du wali d’Oran et de représentants de l’Agence nationale pour les loisirs des jeunes (ANALJ), le ministre a détaillé les piliers de cette nouvelle approche : anticipation organisationnelle, numérisation, encadrement spécialisé et projet éducatif structuré. Objectif déclaré : faire des centres de vacances des espaces citoyens, pédagogiques, sécurisés et inclusifs, accueillant enfants de 40 wilayas ainsi que ceux issus de la diaspora algérienne. « Nous voulons dépasser l’idée d’un simple séjour récréatif. Il s’agit d’un projet éducatif à part entière, où l’enfant est acteur de son développement », a déclaré M. Haïdaoui, soulignant l’introduction d’ateliers sur le leadership, la communication, l’autonomisation ou encore l’entrepreneuriat.
Une participation massive, des modules innovants
Pendant trois jours, près d’un millier de participants – animateurs, animatrices, éducateurs, psychologues, surveillants de baignade, directeurs et gestionnaires, ont pris part aux activités de simulation. Les ateliers ont couvert une large gamme de compétences : gestion d’équipe, sécurité, premiers secours, logistique, encadrement pédagogique… Une mobilisation nationale qui, selon les observateurs, marque un pas significatif dans la professionnalisation du secteur. Mme Cherfi, pour sa part, a rappelé l’engagement de son institution à accompagner cette dynamique en sensibilisant les enfants à leurs droits et aux dispositifs étatiques de protection de l’enfance.
Derrière la vitrine, des mises en scène dénoncées
Mais à mesure que l’événement progressait, un autre visage de la réalité est apparu. Plusieurs animateurs ont affirmé avoir été sollicités uniquement pour « faire les figurants », sans contrat ni perspective d’engagement pour l’été. « On nous a ramenés juste pour donner l’image d’une équipe complète devant les autorités. Rien de plus », confie l’un d’eux. D’autres reconnaissent avoir accepté pour profiter du transport, de l’hébergement et des repas, sans réel investissement éducatif. Selon plusieurs témoignages, certains directeurs de CVL désignés par l’ANALJ auraient délibérément constitué des équipes fictives pour simuler une organisation opérationnelle, uniquement afin d’obtenir la validation ou reconduction dans leurs postes comme directeur de CVL. Dans certains cas, des appels publics via les réseaux sociaux ont été lancés à la dernière minute pour recruter ces « figurants ».
Une stratégie de façade pour sécuriser des agréments ?
Ces pratiques interpellent quant à la transparence du processus de désignation des directeurs de CVL. La « simulation » aurait ainsi servi de vitrine pour légitimer certaines directeurs de CVL , au mépris des critères de compétence ou d’éthique. « C’est une mise en scène pour faire croire que tout est prêt », déplore un animateur. Derrière cette stratégie de façade se cache une instrumentalisation préoccupante, où l’intérêt personnel semble primer sur l’intérêt général.
Des voix s’élèvent pour exiger une enquête
Face à ces dérives, plusieurs acteurs du secteur appellent à une réaction ferme du ministère. Une enquête approfondie est demandée pour faire la lumière sur les conditions de désignation de certains directeurs, et pour identifier les réseaux ou individus ayant favorisé ce type de manipulations. « Il faut faire le ménage dans le secteur », affirment certains encadreurs. « L’État ne peut pas prétendre à une réforme exemplaire si des pratiques opaques viennent discréditer tout l’édifice. » Des voix dénoncent aussi le retour de la maerifa, le népotisme dans les affectations et la désignations des directeurs de CVL , où les liens personnels ou l’influence semblent parfois l’emporter sur le mérite.
Un projet à fort potentiel, mais vulnérable
Malgré tout, la majorité des participants ont joué pleinement le jeu, témoignant d’une réelle volonté d’apprentissage et de perfectionnement. Les ateliers thématiques ont montré la pertinence de la réforme initiée, et la simulation a permis d’identifier des points de fragilité à corriger avant le lancement effectif des colonies de vacances. Mais le bilan reste en demi-teinte. Le projet de refonte des colonies de vacances recèle un fort potentiel, à condition d’en assurer la crédibilité. Cela passe par une vigilance accrue sur la sélection des cadres, des audits de terrain réguliers, et des mécanismes de contrôle transparents.
Entre ambition et réalité, un tournant à ne pas manquer
L’initiative lancée à Oran pourrait marquer un tournant historique dans la gestion des colonies de vacances en Algérie. Mais ce tournant ne se décrète pas : il se construit avec rigueur, éthique et responsabilité. La saison estivale 2025 ne pourra être « exemplaire » que si l’ensemble des acteurs s’engagent avec sincérité, loin des faux-semblants et des réseaux d’intérêts. Au cœur de ce dispositif, un seul objectif doit prévaloir : l’épanouissement de l’enfant, dans un cadre éducatif digne de ce nom. C’est à cette condition que les colonies de vacances pourront incarner un véritable projet de société.
ABED MEGHIT