À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, célébrée chaque 17 juin, l’Algérie a réaffirmé son engagement à lutter contre ce fléau environnemental.
Lors d’une journée d’étude organisée à Alger en partenariat avec l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG), la ministre de l’Environnement et de la Qualité de la Vie, Nadjia Djilali, a présenté les grandes lignes de la stratégie nationale d’adaptation et de résilience face à l’aridité qui menace une grande partie du territoire.
Dans son allocution, la ministre a dressé un état des lieux alarmant : plus de 200 millions d’hectares sont touchés par l’aridité en Algérie, dont 32 millions d’hectares de steppes menacées de désertification, 14 millions d’hectares de zones montagneuses soumises à l’érosion et 4 millions d’hectares de forêts exposées aux incendies et aux effets du changement climatique.
Face à ce constat, Mme Djilali a appelé à une mobilisation nationale autour du slogan de la campagne internationale de cette année : « Récupérer les terres, libérer les opportunités ».
Elle a insisté sur l’importance d’un développement durable, intégrant la prévention, la restauration écologique et une gestion rationnelle des ressources naturelles.
Start-up vertes et projets intégrés
Parmi les mesures concrètes présentées, la ministre a mis en avant le rôle clé des start-up spécialisées dans le reboisement et l’irrigation, encouragées à participer à la création d’emplois verts et à la mobilisation de l’expertise scientifique.
Elle a également rappelé la relance du projet du Barrage Vert, qui vise à restaurer 4,7 millions d’hectares tout en intégrant des activités agricoles, notamment la culture d’arbres fruitiers pour dynamiser les économies locales.
Deux projets pilotes d’oasis modèles verront le jour dans les wilayas d’In Salah et de Tamanrasset.
Ils seront accompagnés de onze études techniques par site pour adapter les aménagements aux conditions climatiques extrêmes du Sud algérien.
En parallèle, des plans locaux d’adaptation au changement climatique sont en cours dans neuf wilayas, dont Sidi Bel Abbès, El Bayadh et Djelfa.
Un arsenal juridique renforcé
Mme Djilali a également rappelé les avancées réglementaires, notamment la reconnaissance de la sécheresse comme phénomène climatique extrême dans le cadre de la loi sur les risques majeurs.
D’autres initiatives en cours incluent la restauration des forêts incendiées, la réhabilitation de 3 800 hectares de steppes à El Bayadh, ainsi qu’un projet de création d’un écosystème oasien pilote reposant sur l’économie circulaire et les énergies renouvelables.
Vers une mobilisation de tous les acteurs
Appelant à l’implication conjointe de l’État, du secteur privé, de la société civile et des citoyens, la ministre a insisté sur l’importance d’investir dans l’innovation agricole, de renforcer la recherche scientifique et de promouvoir des pratiques respectueuses de l’environnement.
Elle a salué le rôle essentiel des femmes rurales dans la gestion des ressources naturelles, en soulignant que la protection des terres constitue un héritage pour les générations futures.
De son côté, Abdelaziz Medjahed, directeur général de l’INESG, a salué l’engagement historique de l’Algérie, rappelant que le pays avait lancé dès les années 1960 le Barrage Vert, alors que la conscience écologique mondiale était encore embryonnaire.
Selon lui, la désertification progresse à raison de dix centimètres par jour, appelant à des actions urgentes telles que le curage des barrages et la régénération des sols.
Il a également cité l’impact régional de l’expérience algérienne, inspirant notamment des projets en Arabie saoudite.
Des solutions scientifiques innovantes
Des experts présents lors de cette journée ont proposé plusieurs pistes pour renforcer la lutte contre la désertification.
Brahim Bouchareb, enseignant à l’ENSA, a plaidé pour la restauration des zones steppiques et la préservation de l’alfa, une espèce menacée.
Ibrahim Zetouni, membre du conseil scientifique de l’INESG, a pour sa part mis en avant le rôle du palmier dattier dans la résilience des sols et la sécurité alimentaire, appelant à créer de véritables forêts de palmiers adaptées aux milieux sahariens.
Enfin, Kenza Benmenni, directrice du Jardin d’Essai, a proposé l’aménagement de jardins botaniques dans l’axe In Salah-Tamanrasset.
Ces espaces intégreraient biodiversité, ingénierie écologique et justice environnementale, avec pour ambition de faire du Sahara un laboratoire d’innovation territoriale.
ABED MEGHIT